L'Ordre des Lys et du Serpent
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Betsy
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Maître du Savoir
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46. La minutie du mage Empty 46. La minutie du mage

Lun 25 Avr - 13:43
Un cliquetis cristallin vibra jusqu’aux oreilles de Mélicendre, la sortant de son sommeil. Les yeux toujours clos, elle percevait des pas à proximité et soudain les images lui revenait, la bataille, la magie qui affluait en elle et sa course pour se protéger sous le bouclier d’Aesril, une douleur transperçant son être, puis plus rien, le noir total. Brusquement l’angoisse la gagna, “Lyanawën… Lyanawën… Lyanawën” son nom tournait en boucle dans son esprit étrangement endolorie. Elle voulait crier, hurler, mais sa voix est engourdie, ses lèvres semblaient alourdies, elle tentait de s’apaiser, de calmer les tourments de son esprit en se concentrant sur les bruits environnants, encore des cliquetis métalliques, des sons écrasés, des pas qui font des vas-et-viens autour d’elle. “Lyanawën… Lyanawën” son nom raisonnait encore comme une alarme, comme un cor de guerre, sa respiration s’accélérait, elle tenta d’ouvrir les yeux, mais ses paupières paraissaient peser le poids d’un mort, elle n’y arrivait tout simplement pas. La divinatrice paniqua un peu plus, elle en était certaine à présent, ces bruits, ces pas étaient les siens, elle l’avait capturée, elle et peut-être même Aesril, ses pensées allaient à toute vitesse. “Elle va entrer dans ma tête ! Non, elle ne doit pas entrer dans ma tête !” songea-t-elle puis un étrange silence, Mélicendre entendait seulement le bruit de son propre souffle, dans un chaos environnant étouffant, la divinatrice tenta de mouvoir ses doigts et enfin, son corps alourdi, mais quand sa peau se réveilla lentement et qu’elle sentit la froideur du marbre sous ses hanches, une nouvelle pensée lui parvenait, “Le laboratoire de Lyanawën… ”  et une douleur lancinante, violente et soudaine brûla la chair de son abdomen, la réanima totalement pour la sortir de son état léthargique. Elle ouvrait ses yeux, sa vision était encore trouble, elle hurlait, criait de terreur, éblouie par une lueur chaleureuse et ambrée, mélangée à des teintes bleutées. En se débattant, elle sentit une douleur plus vive encore la transpercer jusqu’à l’échine. Mélicendre percevait une forme humaine devant elle, pensant que c’était elle, que c'en était fini, que Lyanawën avait eut ce qu’elle souhaitait et qu’elle se préparait à entrer dans sa tête. 
  • Lâche-moi… Tu…. Tu… n’auras rien… cria-t-elle d’une voix remplie d’effroi.
  • Shh… Du calme, tout va bien, je suis là Mélicendre, répondit doucement une voix masculine et chaleureuse à l’intonation familière. 



La silhouette floue penchée au-dessus de son abdomen se redressa légèrement avant de parler à nouveau.
  • La dose sédative devait être trop faible, il va falloir lui en administrer une autre quantité. Quatre gouttes devraient être suffisantes. Tu veux bien t’en occuper ?
  • Bien sûr, répondit une autre voix non loin, suivie d’un tintement cristallin qui rappelait celui des fioles qui s’entrechoquent.
  • J’ai besoin que tu dormes encore un peu, Joli Serpent, à ton réveil, tu te porteras à merveille, tu verras. Peut-être que tu auras la sensation d’avoir passé une soirée un peu trop arrosée, cependant, poursuivit Aesril à son intention, afin de continuer à lui parler et de l’apaiser.



“Joli Serpent… ?” répéta-t-elle mentalement, en tournant son regard vers la voix familière et réconfortante, elle pouvait le distinguer à présent, il était là, près d’elle. “Aesril… ”  Soupira-t-elle en laissant échapper une larme de soulagement. Son esprit était raide et alourdi, elle tourna la tête, dans une crispation douloureuse, pour distinguer l’endroit ou elle se trouvait : d’immenses baies vitrées apportaient la lueur du matin en quantité, se reflétant sur les murs éclatants, le marbre blanc ainsi que dans les récipients alchimiques en verre, elle pouvait reconnaitre sans mal la touche d’Aesril dans ce lieu, la propreté impeccable, le rangement strict, le classement de tout et toute chose, et étrangement cette vision l’apaisait. La divinatrice pouvait sentir l’odeur de musc blanc qui se mélangeait à celle de l’alcool et des hydrolats, la touche de parfum boisée et ambrée familière et en basculant son visage,  elle reconnut Dalmeril à ses cheveux impeccablement coiffés et longs, l’elfe s’approcha d’elle, muni d’une pipette de verre et d’une fiole contenant un liquide sombre aux reflets violacés. Mélicendre tenta un geste du buste pour se redresser ce qui lui arracha un hurlement atroce ravivant l’infliction du morceau de bois qui l’avait traversée. La douleur insoutenable la fit immédiatement se replonger en arrière, c’était comme si son cœur battait dans son abdomen, comme si ses chairs s’arrachaient lentement, comme si, de nouveau, la flèche transperçait sa peau. Aesril posa doucement sa main contre ses clavicules pour la mener à s’allonger à nouveau.
  • Encore un peu de patience, je sais que tu n’aimes pas rester sagement allongée, mais cette fois, ce sera nécessaire. Respire profondément, d’accord ?



Il s’interrompit pour plonger son regard dans le sien, espérant qu’elle ne cherche pas à regarder en direction de la zone qu’il opérait.
  • Inspire l’air par le haut du corps, évite de respirer par le ventre pour le moment. Suis mon mouvement. Inspire… Expire.



Mélicendre ferma les yeux, son visage était crispé par l’infliction provoquée par ses blessures, se sentant presque défaillir de nouveau quand son corps répondait à la violente douleur, elle s’appuya sur sa voix, soufflant l’air de ses poumons, puis le rappelant à elle par le nez, son esprit s’engourdissait un peu plus, mais la présence du mage apaisa ses tourments, et peu à peu la luminosité sous ses paupières s’affaiblissait lentement pour laisser place à l’obscurité, les sons disparaissaient, ainsi que la douleur.
  • Tu t’en sors très bien, la rassura-t-il. Dalmeril, tu peux y aller, je pense qu’elle est en train de repartir. Vérifie ses pulsations, s’il te plaît.



Fébrilement, l’officier s’approcha de la table d’opération, faisant glisser quelques gouttes de la potion entre les lèvres de la divinatrice, envahissant rapidement celle-ci d’une sensation de chaleur diffuse engourdissant ses membres. 
46. La minutie du mage CqN1Qe49itmUJr26H8LKyK_0cdGfUEWRj4I5ZOc5LZvR-DoYyssTqqJn_mKYaIvf-9lDnj3P-qg3YqxUsetGT8CCK6oYFtpT8BwEudy8ru_dSDGrPdBeQQTZGAjqNOKvNZPJcbqe
  • Elle… Elle va s’en sortir, n’est-ce pas ? questionna Dalmeril, osant à peine jeter un coup d’œil à l’incision béante qu’Aesril avait pratiquée pour dégager la zone autour de la plaie.
  • Oui. Mais si tu pouvais arrêter de faire les cent pas autour de moi, ça me faciliterait grandement la tâche, tu sais. Comment est son pouls ?
  • Heu… Son cœur bat…
  • Ça, je l’espère bien, mais la pulsation, Dalmeril, est-elle régulière ?



Tenant le poignet de la Brétonne entre ses doigts, le Justiciar se concentra pour mieux distinguer l’afflux du sang.
  • Eh bien… Il bat très vite…
  • Très bien, commence à compter les pulsations dans ce cas.



Se penchant un peu plus au-dessus de l’abdomen, Aesril attrapa un outil similaire à une large paire de ciseaux doté d’embouts plats qui lui permit d’écarter légèrement les chairs autour de la plaie, lui permettant une meilleure visibilité. Il planait dans l’air une tension palpable tant le mage était intensément concentré.
  • Combien as-tu compté ? demanda-t-il subitement, manquant de faire sursauter Dalmeril.
  • Cent… Cent cinquante.
  • Hmm… C’est trop. Sur ta droite, étagère du bas, deuxième casier, prends la fiole qui porte la mention “Distillat d’aubépine concentrée”.
  • D… D’accord ! fit l’elfe qui se mit à chercher nerveusement parmi les nombreuses étiquettes rédigées d’une main soignée et disposées sur le bois des casiers. 
  • Trois gouttes, voie orale.
  • Que… D’accord…



Dalmeril s’approcha de Mélicendre et exécuta les instructions du mage, inspirant profondément pour apaiser son anxiété. Préférant détourner son regard de l’opération, il prit l’initiative de surveiller à nouveau les pulsations de la divinatrice, tout en observant la concentration qui plissait les traits d’Aesril. Étrangement, il avait l’air serein. Au bout de plusieurs minutes, l’officier rompit le silence.
  • … Comment fais-tu ?
  • Quoi donc ? répondit-il distraitement sans lever les yeux de son ouvrage.
  • Pour garder ton calme dans un moment pareil ?
  • Parce que ce n’est pas le moment de me relâcher. Sa vie est entre mes mains.
  • Justement…  Comment fais-tu pour ne pas céder à cette pression ?
  • Nous sommes dans mon laboratoire. Avec des outils que je maîtrise. Tout est à sa place. J’ai passé des années à faire ce genre de choses. Maintenant, s’il te plaît, j’ai besoin de silence. Ne m’interromps que si tu perçois quelque chose d’anormal.
  • Oui… Bien sûr…



Une fois que la zone autour de la flèche fut proprement dégagée, il analysa un moment les dégâts causés par le projectile : la pointe de la flèche s’était fichée dans les intestins et avait certainement traversé son abdomen au moment de la chute. Toutefois, il voulait s’assurer qu’aucun débris ne s’était infiltré dans son organisme. La plaie était nette, aussi, il se saisit d’un outil ressemblant à une petite lime de métal et entreprit d’y faire circuler un peu de sa magie pour en chauffer l’extrémité, scier le bois de la flèche et en extraire la pointe. 
  • C’est du bon acier. Une chance que les hommes de Lyanawën soient bien équipés.
  • Tu vas pouvoir la retirer ?
  • Ce ne sera pas le plus compliqué, j’en ai peur. Les intestins ont l’air salement amochés…
  • Quelle horreur…



Le mage attrapa une pince plus grande qu’il enchâssa autour du bois de la flèche avant de relever les yeux vers Dalmeril qui blêmissait à vue d’œil. 
  • Bien… Je vais tirer d’un coup sec, j’ai besoin que tu la maintiennes.
  • D… D’accord, bredouilla-t-il en se plaçant de l’autre côté du corps de Mélicendre, la maintenant fermement.



Il tira sur la pince et le bois de la flèche sortit avec aisance, mais un liquide jaunâtre et nauséabond s’épancha aussitôt de la plaie tandis qu’Aesril retenait son souffle. La gemme continuait de vibrer un peu plus fort et la magie qui se propageait vers lui avec rapidité le plongea dans l’anxiété. Il inspira profondément pour s’apaiser.
  • On va la positionner sur le dos. Vite.



Ils s’exécutèrent avec adresse tandis qu’Aesril invoquait un éclat lumineux pour mieux distinguer les formes, mais il fronça les sourcils avec frustration.
  • Il me faut de meilleurs yeux. J’ai bien peur qu’en libérant la flèche, le liquide contenu dans ses intestins ne se soit répandu sur ses autres organes, elle risque une contamination.
  • Aesril… s’il te plaît, épargne-moi les détails…
  • C’est toi qui es sur cette table peut-être ? Allez, un peu de courage, c’est presque terminé. Continue de surveiller ses pulsations et sa respiration. On va résorber tout ça et il va falloir faire vite.



Il délaissa la divinatrice pour s’essuyer les mains soigneusement et se dirigea vers un grand meuble composé d’une quantité importante de petits tiroirs portant chacun une étiquette. Il en ouvrit un sans même se donner la peine de chercher bien longtemps et en tira une pierre luisant d’un éclat bleuté et vif avant de la positionner dans un petit écrin disposé près de la table d’opération et relié à celle-ci par une structure de métal sombre. La pierre scintilla un peu plus intensément lorsqu’elle se connecta à la stèle dans un cliquetis satisfaisant et une aura bleutée représentant le corps de Mélicendre vint se projeter au-dessus d’elle, faisant apparaître en transparence les nerfs, muscles, veines et organes sous les yeux ébahis de Dalmeril.
  • Qu’est-ce que… C’est normal, ça ?
  • C’est le projet qui m’a valu ma renommée. Le travail d’une vie.
  • Je croyais que c’était un de ces tours que l’on vous apprenait chez les Sapiarques.



Aesril baissa les paupières. Il lui était impossible d’expliquer à Dalmeril ce que ceci représentait vraiment à ses yeux et il n’avait pas l’envie de s’en vanter. Il se replongea dans le silence, mal à l’aise, sondant le corps de Mélicendre avec angoisse. Il posa alors ses mains au-dessus de l’aura et, du bout du doigt, plongea ceux-ci à l’intérieur de la plaie pour se sentir parcouru de l’énergie de l’enchantement apposé sur la pierre de Varla. Il puisa dans cette source de magie et résorba les chairs des intestins, l’inextricable enchevêtrement de boyaux rendait la manœuvre complexe et la brûlure de la magie envoya une vive décharge dans le corps de la divinatrice.
  • Aesril, ses pulsations augmentent…



Le corps de la Melicendre se tendit instinctivement dans une pulsion incontrôlée, son visage se déforma et les battements de son cœur s’accéléraient dans une dynamique instable. Elle ouvrit les yeux soudainement dans des râles étouffaient par la douleur vive qui la transperça de toute part, peinant a trouvé son souffle tant la panique s’était emparé d’elle. Elle hurla, encline à la terreur provoquée par ce qu’elle apercevait du lieu, se débattant en sentant les mains qui la tenaient fermement.
  • Ça va aller, je t’en prie, calme-toi, j’ai presque terminé… l’implora Aesril en lui adressant un regard compatissant, la gorge serrée.




La divinatrice tenta de prononcer son nom, mais seulement quelque sons parvinrent à se dessiner sur ses lèvres, tant la douleur lui coupait le souffle. Le mage se mordit la lèvre pour ne pas défaillir et risquer un faux-mouvement. 
  • Est-ce que… est-ce qu’on lui redonne de cette potion pour l’endormir à nouveau ?
  • C’est risqué… Elle a déjà reçu une sacrée dose. Administre-lui seulement une goutte, ça ne l’endormira pas complètement, mais ça la plongera dans une léthargie suffisante… Pour que je puisse terminer cette maudite opération.



L’officier s’exécuta sans plus attendre et le mage se concentra à nouveau sur la zone infectée. Il s’agissait d’absorber les dommages que ses organes avaient reçus et la pierre le protègerait d’en subir les affres lui-même. Dans un bruit humide, le liquide qui avait commencé à se répandre vers les organes se rua vers les doigts d’Aesril avant de s’arrêter au moment même où il était sur le point de rencontrer son propre corps. Il retint son souffle, serra le poing. Le liquide s’évanouit. Il expira. Dalmeril émit un imperceptible son aigu et étouffé d’avoir retenu son souffle pendant la manœuvre, la bouche entrouverte.
  • Bien… Résorber la plaie. Allons-y. C’en sera terminé.



Aesril plaça ses mains de part et d’autre de l’aura, entourant les zones où la chair était ouverte et, très lentement, il étira ses bras de chaque côté, tandis que la peau se résorbait doucement, en suivant ses mouvements, comme si chaque pan de la plaie s’attirait l’un vers l’autre, laissant seulement une marque rougeoyante de chaque côté, pour finalement fondre la cicatrice intégralement dans la peau, comme si le ventre de Mélicendre n’avait jamais connu la moindre lésion. Sans respirer, Aesril ôta ses mains du halo bleuté avant de les reposer sur la table de métal, s’appuyant lourdement sur celle-ci, relâchant l’air dans ses poumons.
  • Par Auri-El… murmura-t-il.
  • C’est… terminé ?
  • Oui.
  • Ça veut dire… qu’elle va vivre ?
  • Oui.



Dalmeril lâcha doucement le poignet de Mélicendre et se mit à faire les cent pas dans la pièce avant de s’arrêter subitement, de prendre sa tête dans ses mains et de souffler à son tour dans une interjection de soulagement.
  • Bon sang, mais qu’est-ce qu’il s’est passé… C’était de la folie !
  • Je ne te le fais pas dire…
  • Que… Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?



Aesril jeta un coup d’œil à son reflet dans la fenêtre en face de lui et même avec la lumière étincelante de cette belle matinée de printemps, il pouvait apercevoir d’ici son teint blafard et ses cernes creusés. Cela faisait plus de deux jours qu’il n’avait pas dormi et, soudainement, son corps lui parut peser une tonne. Il se redressa difficilement avant de retirer la gemme du catalyseur, rappelant lentement l’aura bleutée qui s’évanouit dans un souffle cristallin pour la placer sur un socle fait du même métal sombre que le reste de ses outils.
  • Maintenant… Je ne serais pas contre un petit-déjeuner.
  • Un petit-déjeuner ? Mais… Et Lyanawën ?
  • On ne va pas partir la traquer tout de suite, si je tombe d’inanition, je ne risque pas de faire grand-chose. Et je crois qu’on peut bien s’accorder au moins ça.
  • Oui… Tu as raison. Je dois avouer que je n’en peux plus, moi non plus…
  • Je vais soigner ta blessure et nous partons chez moi… Cependant, il va falloir trouver quelque chose pour couvrir Mélicendre… Ou Dorilwën va encore devenir folle.



Ils jetèrent tous deux un regard autour d’eux pour s’arrêter sur les grands rideaux de lin ivoire qui paraient les fenêtres. Ils se dévisagèrent un moment et Aesril pinça les lèvres dans une moue circonspecte.
  • Bien… Ça fera l’affaire, je suppose.


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