L'Ordre des Lys et du Serpent
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Haki Reinhardt
Haki Reinhardt
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Date d'inscription : 28/08/2022

Déchéance et régression Empty Déchéance et régression

Dim 23 Oct - 16:21



Le voyage jusqu'à Bangkorai avait duré près de trois ans. 

L'adolescent était devenu un jeune homme à 21 ans, et avait réussi cahin caha à rejoindre Bangkorai. Durant son périple, il vivait dans la clandestinité pour échapper aux regards des autres, évitant les villages et les bourgs et ne marchait que de nuit. Ses journées, il les passait à dormir et à manger. Son alimentation se composait de viandes qu'il chassait avec parcimonie, de baies et de racines lorsqu'il en trouvait. Mais il n'était pas aisé de se nourrir de chair crue en permanence. Le jeune homme avait pris l'habitude de ne pas allumer de feu afin de ne pas signaler sa présence, et se débrouillait pour ne pas mourir de froid en hiver. 


À Bangkorai peu de temps après son arrivée à la frontière avec la Brêche, il avait perdu son sac, ses armes et tous ses effets personnels tandis qu'il traversait une rivière profonde et tumultueuse qui avait bien failli l'envoyer prématurément visiter les terrains de chasse d'Hircine, et c’est au prix d’une immense volonté qu’il parvint à rejoindre in-extremis la berge et sauva sa vie.


Pendant ces années d'errance solitaire, il n'avait plus rencontré âme qui vive, préférant se cacher de la vue des personnes dès qu’il sentait une présence. Malheureusement, le silence auquel sa vie l’avait astreint l’avait rendu aphasique. 


Un matin, après une longue nuit de marche, il découvrit une vallée encaissée, isolée et surtout vide de tout occupant, enfin le croyait-il. C'est là qu'Haki s'installa, bien que l'on se demande de quelle manière, car il ne prit même pas la peine de construire un abri de fortune. Il vivotait, dormait dans des cavités naturelles, se contentait de peu et pour finir, abandonna ses habits élimés et déchirés, vivant dès lors dans le plus simple appareil en pleine nature. 


Il retournait à l'état sauvage petit à petit sans s'en rendre compte. Ses pensées pourtant étaient toujours claires et limpides, mais il avait glissé vers une sorte d'animalité en vivant reclus et devenait même craintif, à l'instar des loups à l’approche de l’homme. 


Pour protéger son épiderme de la vermine et des insectes, il se roulait constamment dans la boue tel un porc se vautrant dans la fange. Une croûte terreuse s’était mêlée à sa crasse qui recouvrait son corps, et ses cheveux emmêlés tout comme sa barbe hirsute grouillaient de poux. Il dégageait des odeurs corporelles nauséabondes qui eussent pu faire fuir le plus sale des mendiants de tout Tamriel.

Il inspirait le dégoût, vivait au jour le jour et sa seule préoccupation était de ne pas prendre la forme de la bête. 

Il avait trouvé une astuce pour l'affaiblir pensait-il, et il est vrai que cela semblait fonctionner. Il s’alimentait peu et rarement, ce qui avait eu pour résultat de le rendre faible. Très amaigri, la peau sur des os saillants, il économisait ses forces pour sa seule survie. Mais de quelle survie s’agissait-il au juste ?

Car en muselant le loup au plus profond de lui-même, paradoxalement il devenait lui-même aussi sauvage qu’une bête aux abois.


Ainsi le jeune Norde n'était plus qu'une ombre, un animal décharné qui se terrait dans cette vallée verdoyante et giboyeuse, il avait oublié la raison de sa venue dans cette contrée et commençait à oublier jusqu'à son propre nom. Son loup, tapi quelque part au fond de son être, se lamentait en attendant son heure.
                                      
                                                                                                          *****

La Wyresse rentra dans la masure, les bras chargés de petits branchages qu’elle avait récupérés aux abords du bois. Elle observa d'un œil appréciateur sa sœur qui préparait le dîner, et lui sourit : 

  • Et bien voilà chère sœur de quoi réchauffer notre cœur,dit Arlene.
  • S'il n'y a que cela, je peux cuisiner tous les jours, répondit Erline les yeux rieurs. 
  • Non merci, je cuisine bien mieux que toi. Au fait, pendant que j'y suis, nous avons un visiteur. Étranger de surcroît, ajouta-Arlene en mettant une bûche dans l'âtre.  
  • Oui je sais, un chien galeux, je l'ai ressenti moi aussi à travers la voix de la Terre. Qu'en penses-tu ? Doit-on chasser cette proie ? 
  • Hmmm. Elle est trop faible pour qu'on ait envie même de s'y intéresser. Ca ne semble pas être un gibier de choix, et surtout elle m'intrigue. 
  • Ah oui ? Comment ça ? demanda sa sœur.
  • Eh bien, sa façon de faire. En tout cas, cette proie ne représente pas un danger immédiat. De plus je ne sais pour quelle raison, les bois Viridiens la protègent. Laissons-la évoluer tranquillement pour le moment. Il sera bien temps de remédier à ce problème. 
  • Très bien chère sœur, mais il faudra peut-être un jour invoquer le  Chasseur. 
  • On a le temps, répondit Alrene en mettant la table. Et puisque les bois veillent sur lui comme sur un de ses enfants, laissons-le pour le moment.

 
                                                                                                *****

Haki, dans sa course, ne l'avait pas vu ; son pied s'était pris dans un piège bien caché sous les feuillages.

Il était assis par terre depuis la veille et tentait de le retirer de sa cheville broyée par les dents de métal. Mais affaibli par la malnutrition, les derniers jours de traque dont il était vraisemblablement la proie l'avaient épuisé. Il avait pourtant réussi à déjouer la battue des deux pisteurs. Il faut dire que ça n’avait pas été bien difficile, ils avaient le pas lourd et manquaient totalement de discrétion. Même un furet aveugle, sourd et sans odorat aurait pu facilement les repérer. Sa main retomba mollement à côté de lui. Le piège était puissant, sûrement prévu pour une bête immense ou un lycan. Pour l'heure, il savait qu'il ne devait pas rester ici plus longtemps, les deux chasseurs étaient toujours à sa poursuite, mais il n’avait aucune échappatoire, il ne réussissait pas à ouvrir les crocs d’acier ; Il était fait comme un rat. Soudain, alarmé par l’odeur portée par le vent des braconniers qui se rapprochaient, il s'allongea immédiatement et ferma les yeux en feignant d'être inconscient. 


Giraud donna un petit coup de pied sur la jambe du Norde pour voir s'il bougeait mais ce dernier ne réagit pas. 

  • Je crois qu'il est dans les vaps Roderic. Il ne bouge pas, dit Giraud.
  • Le fils de pute, il nous a bien fait courir dans les bois. Mais il s'attendait pas à ce qu'on soit plus intelligent que lui et le voilà enfin à not' merci. Putain ! Si les deux Wyresses nous l'avaient pas interdit, j'aurais fait une guirlande de fleurs de ses boyaux. Heureusement qu'elles nous ont promis le libre passage sur ces terres sinon j'y aurai fait sa fête à ce salopard, répondit Roderic énervé, et disant cela il porta un violent coups de pied dans les parties génitales d'Haki qui, les yeux clos ne s'attendait pas à ce traître coups, se recroquevilla sous l’effet de la douleur et protégea de ses mains ses bijoux de famille en laissant échapper un gémissement entre ses dents.  



  • Ah putain le salaud il était conscient, cria Giraud. Il se saisit d'une bûche qu’il écrasa sur la tête du jeune homme qui cette fois perdit connaissance pour de bon. Sous l’impact  du puissant bâton, les os du crâne d’Haki firent un bruit sourd. 


  • Merdeuuuuh t'es con ou quoi ? S'il crève, on l’aura dans l’cul, les deux vieilles nous empêcheront de rentrer chez nous ! Mais putain pourquoi t'as fait ça ? Sérieux si t'étais pas mon frère, y a longtemps que j' t'aurais abandonné aux Trolls. Vache ! ajouta Roderic en se grattant la tête, j'espère qu'il est pas crevé. 


  • Meuuh non t'inquiète,  je l'ai tout juste effleuré, à peine une pichenette. Pis les vioques vont l'rafistoler. On dira qu'il a voulu nous tuer, t'inquiète ça va passer crème. ‘Tout cas, c'était une bonne idée de poser des pièges à lycan. Sinon on lui courrait encore après, ajouta Giraud qui ouvrit la bouche du jeune homme inconscient et en observait l’intérieur en comptant ses dents. 
  • J'me f'rai bien un collier d'dents moi. Elles sont belles celles-ci. 
  • Pas touche, répliqua Roderic en lui donnant une claque sur la main. Allez, on l’ ficelle et on l'amène aux vieilles. 


                                                                                                     *****

Des sifflements aiguës extirpèrent Haki de son coma et la première chose qu'il vit furent des barreaux. Il se redressa sur un coude et se rendit compte que sa cheville était maintenue par une attelle. 

Il se sentait nauséeux, une douleur lancinante lui vrillait le crâne et en y portant la main, il toucha un bandage qu’il portait  à la tête.

Regardant autour de lui, il se vit enfermé dans une cage étroite, mais surtout pas assez haute pour qu'il puisse se relever. S'asseyant précautionneusement dedans, il observait les alentours avec inquiétude. 

  • Tiens, la proie semble éveillée, entendit-il dans son dos. 


Il se retourna doucement et aperçut deux femmes d'un âge avancé qui lui souriaient. 

  • Alors mon tout doux, comment te sens-tu ? demanda Arlène.


Pour toute réponse Haki émit un grognement et secoua sa cage, tentant ainsi de leur faire comprendre qu'il voulait sortir, mais elles rirent et s'éloignèrent de lui. 


Plusieurs jours passèrent, les femmes le soignaient et lui apportaient à manger, mais il refusait toute nourriture, se contentant d'eau, sous leur regard réprobateur. Elles tentaient de lui parler pour obtenir des réponses mais le jeune homme qui ne parlait plus ne répondit que par des grognements sourds. 


Puis un matin, une odeur reconnaissable entre toutes le sortit brutalement de son sommeil. Haki se recroquevilla en glapissant et en s'écrasant dans un coin de sa cage, effrayé.

Un homme d'une cinquantaine d'années s'approcha doucement et s’accroupit devant sa cellule ; il observait le prisonnier de ses yeux vifs. 

  • Tout doux, tout doux jeune chiot. Je ne te ferai aucun mal, dit-il d'une voix douce. Ainsi donc c'est toi le louveteau qui dérange ces bois et les Wyresses ?


Haki, toujours aplati, tremblait de terreur devant l'Alpha et détourna le regard.


  • Il paraît que tu ne parles pas. C'est gênant. Que doit-on faire de toi ? ajouta-t-il en se tournant vers les deux femmes qui se tenaient derrière lui. 
  • Vous devriez le prendre avec vous, il vous fera de la compagnie, dit Erline.
  • Vous croyez sincèrement que j'ai besoin de m'empêtrer avec ça ? Non mais regardez-le. Le mieux serait de le libérer définitivement si vous voyez ce que je veux dire. Que voulez-vous que j'en fasse ? Même Hircine n’en voudrait pas.



  • Il ne parle pas mais il ne semble pas idiot. Et pendant l'année qu'il a passée dans ces bois, il n'a rien détruit. Cependant, on n'en veut plus ici, sa présence a fini par perturber notre quiétude et celle des Spriggans, mais on ne souhaite pas sa mort. On a pensé à vous Chasseur. Vous êtes resté trop longtemps tout seul, ça vous ferait du bien un nouvel ami.



L'Alpha renifla avec dégoût en direction du Norde.

  • C'est pas un cadeau que vous me refilez mesdames. Mais j’aimerais savoir comment deux vieilles femmes comme vous, ont pu l’attraper ?


  • Vous étiez absent Chasseur et sa capture devenait urgente. On aurait préféré que ce soit vous, ajouta Arlène, mais il y avait deux gars d’Abondance qui traînaient dans le coin. Pour s’en débarrasser, on a passé un marché avec eux. En échange de la capture du loup, on leur a promis le libre passage dans nos bois sans danger pour eux, car ils voulaient seulement les traverser. Tout ce qu’on veut, c’est que le garçon s’en aille. Et comme vous êtes de retour… la vieille femme ne termina pas sa phrase et sourit vers l’alpha qui soupira, se retourna à nouveau vers le prisonnier et semblait peser le pour et le compte en se lissant la barbe.


  • Mais j'ai une dette envers vous, alors considérez qu'elle est d'ors et déjà réglée. Cela vous convient-il mesdames ? finit-t-il par lâcher en se détournant d’Haki.


  • Merci Chasseur, c’est parfait pour nous, répondirent-elles la bouche en cœur.                                                                       

                                                                                                      ****

L'alpha avait accroché un collier de fer autour du cou du jeune homme et l'avait traîné enchaîné jusqu'à sa demeure. Le chemin du retour avait été long et fastidieux autant pour l’un que pour l’autre. Par moments Haki rechignait à le suivre mais l'Ancien lui balançait des grandes taloches derrière la tête pour lui donner de l'entrain, et même une fois un coups de pied au derrière pour le motiver à aller plus vite, ce qui eut l'effet escompté, le jeune homme se mit presque à courir pour éviter la botte.


Après deux jours, ils arrivèrent enfin à destination, l’Alpha n’avait pas adressé une seule fois la parole à Haki et dès qu’ils entrèrent dans la chaumière, l'homme l'enchaina tout simplement dans une cellule au fond d’une pièce de sa masure et abandonna Haki dans le noir plusieurs heures. Celui-ci se coucha en boule sur sa paillasse et s'endormit aussitôt, épuisé. 


C’est la bête cachée au plus profond de son être qui gémit et éveilla le Norde. Observé à travers les barreaux par l’Alpha, il se redressa brusquement et lui fit face instinctivement. Haki ne s’était même pas réveillé lorsque son hôte était revenu ni même lorsqu’il avait préparé le repas. L'homme déverrouilla sa cage et lui tendit une assiette dont le contenu fit saliver le jeune Norde mais il la repoussa d'un geste brusque et l'assiette et son contenu valsèrent par terre. 


  • Très bien gamin. Avec moi tu n'as que deux choix possibles. Vivre ou mourir. Apparemment tu as l'air de vouloir choisir la deuxième option alors je vais te rendre ce service, dit-il en se levant. Il sortit une dague, ouvrit la cellule et s'avança menaçant devant Haki qui, prit d'une sourde angoisse, recula instinctivement vers le mur.
  • Ah ? Je me trompe ? Alors tu veux vivre ? Ajouta l'Ancien dans son monologue, et il se rapprocha de deux autres pas, ce qui eût pour effet de faire fléchir le jeune loup qui gémit, les mains au-dessus de sa tête en protection d'un éventuel coups de couteau.  
  • Très bien. Au moins tu ne veux pas mourir, n'est ce pas ? Regarde moi quand je te parle, chien ! Ordonna le vieux Bréton.



Le Norde releva la tête comme mû par une force invisible vers son geôlier, et son regard fut immédiatement happé par les yeux de L'Alpha. Ils restèrent un long moment ainsi, l'un jaugeant le second qui était hypnotisé et ne pouvait plus détacher ses pupilles du lycan, comme paralysé. 

  • C'est mieux. Tu comprends ce que je te dis, c'est déjà ça tonna-t-il. Maintenant tu vas manger ce que je t'ai apporté, même ce que tu as fait tomber par terre. Ça te fera passer l'envie de recommencer. Je reviens tout à l'heure, si à mon retour je trouve le moindre bout de viande dans la cellule, je te tue, dit-il avant de verrouiller la porte derrière lui et de quitter la pièce. 



Haki comprit que la menace était réelle. Il se jeta instantanément sur la chair et se mit à avaler sans même prendre le temps de la mâcher. Une heure plus tard, L'alpha constata que son prisonnier avait tout mangé mais qu'il se tordait de douleur en se tenant le ventre. 

  • Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi, soupira dépité le lycan. Ta première leçon ce soir : prends le temps de mâcher, et par petites quantités. Ton estomac n'est plus habitué à la nourriture. Un lycan qui refuse de se nourrir, j'aurais tout vu dans ma misérable vie ! S'exclama-t-il en soufflant du nez. 



Haki écoutait cependant mais se gardait d'émettre le moindre grognement et fixait les jambes de son geôlier à défaut de vouloir le regarder dans les yeux. 


  • Puisque tu m'écoutes, je vais te dire ce qui va se passer. Pour l'instant, je ne sais pas encore ce que je vais faire de toi, mais tiens-toi prêt à mourir à tout moment, louveteau. Cependant, tant que tu seras mon prisonnier et que je te nourrirai, tu devras m'obéir. 


On commencera par te remplumer car tu ferais honte à Hircine lui-même ; Tu n'es même pas digne de servir de proie. Je t'apprendrai une leçon par jour alors mets-toi bien dans le crâne que tu vas rester longtemps avec moi...très longtemps, ajouta-t-il, la voix grondante. On va aussi te rendre une apparence potable, tu chlingues, t'es pire qu'un porc. Enfin, je vais tâcher de faire sortir ton loup que… 

Il fut interrompu par un cri d’Haki qui couvrit ses oreilles de ses mains en fermant les yeux, effrayé par ces dernières paroles.

  • Calmes-toi p'tit con ou je te décolle la tête de son tronc, crois-moi j'en suis capable, ajouta-t-il en lui balançant une grande claque sur la figure, ce qui eut pour effet de surprendre le Norde qui se tut instantanément.



  • C'est mieux. Je ne suis pas patient, je ne supporte pas les cris. T'es plus un gosse alors ferme-là. Je ne veux pas t'entendre couiner. Bon je reprends.


Haki fixait l'alpha et son corps se mit à trembler nerveusement. 

  • Je disais donc qu'on va faire sortir ton loup, ajouta-t-il indifférent aux réactions corporelles du jeune lycan. J'ai compris que ça ne t'enchante pas mais avec moi, t'as pas ton mot à dire. Ici c'est moi qui commande. Je serai TON Alpha, ce qui implique de ta part obéissance aveugle et soumission. Est-ce que tu as compris ? gronda le Bréton.



Haki fit lentement oui de la tête, des larmes perlant au coin de ses yeux bleus.

  • C'est très bien, jeune chiot, oui très bien. La suite dépendra de toi. Pour le moment, je t’élèverai comme du vulgaire bétail et je vais te remettre sur pied. Je peux décider à tout moment de te relâcher dehors pour une petite chasse divertissante dont tu seras la proie. Crois-moi, c’est une mort plus honorable que la vie misérable que tu menais. 


Dors maintenant, demain on a pas mal de choses à faire, ajouta l’Ancien en abandonnant un Haki tremblant de peur sur sa paillasse. 

  • Debout là-dedans ! hurla le Bréton en ouvrant la cage. Il s’avança vers le mur, défit la chaîne et tira violemment dessus. Haki qui était encore somnolent fut extirpé de sa cellule sans aménité et traîné jusqu’à la rivière. Là, l’Alpha lui retira ses chaînes et lui ordonna de rentrer dans l'eau.


Haki qui n'avait jamais été un rebelle dans l'âme s'exécuta et avança dans le courant glacé avant de s'y accroupir. 


  • Prends ça, cria l'alpha en lui lançant un savon et une brosse en crin. Haki n'eut que le temps d'attraper l'étrille mais le savon tomba à côté de lui en faisant un petit "plop" et il dû immerger directement sa tête sous l'eau pour le retrouver, sous le regard hilare de son gardien, lequel pendant ce temps-là préparait un petit feu dans la cour.
  • Lave-toi bien, je veux que ça brille, ironisa-t-il. 


Il lui fallut la matinée pour se décrasser, dès qu’il voulait sortir de son bain, le Bréton vérifiait et si cela ne lui convenait pas, renvoyait le garçon se laver. Lorsque pour la énième fois il ressortit de l'eau, sa peau avait pris une couleur rouge vif et il avait la sensation d’avoir été passé dans un laminoir et son derme à nue, lui faisait mal. Haki se sentait vulnérable maintenant qu'il était propre mais il s'assit sur un tabouret devant le foyer d'un signe de tête de l'Alpha.

Ce dernier prit sa dague et méthodiquement, coupait les dreads du jeune homme et les jetait au feu. 

Puis le Bréton lui rasa entièrement le crâne et la barbe sous les tremblements d'un Haki transi de froid, à moins que ce ne fut la nervosité qui le mettait dans cet état, ce qui eut pour résultat de contrarier son barbier de fortune qui pestait lorsqu'un spasme un peu plus prononcé faisait riper la lame effilée sur sa peau et l’entaillait.

  • Tiens toi tranquille et arrête de trembler, gronda l'homme qui pourtant réussi à terminer son travail sans trop écorcher le jeune lycan.


Il lui prit doucement le menton, pivotant son visage de droite et de gauche pour mieux le détailler.

  • Tu as déjà un semblant de mieux même s’il y a beaucoup de travail. Tu es pitoyable jeune loup, ajouta le lycan. Les Wyresses t’ont cousu des habits, vas les mettre, ordonna-t-il en montrant du menton une tunique en lin et un pantalon de toile à proximité du feu.


Haki se redressa et mit les habits, mais ils irritaient sa peau et le démangeaient. 

  • Ca te passera le temps que ton épiderme s’y refasse. Il est un peu à vif là, c’est normal. Viens manger louveteau, dit le vieux en lui tendant une écuelle remplie d’un  ragoût de lièvre et de pommes de terre. Haki renifla la gamelle et se jeta dessus lorsqu’il reçut une tape derrière la tête.
  • Qu’est ce que je t’ai dit ? Mange avec modération et mâche bien. 


Le Norde grogna de mécontentement mais obéit et ralentit le rythme, prenant le temps de mastiquer tout en observant l’endroit où ils se trouvaient. La maison était à découvert dans une clairière au milieu des bois. Il serait facile de courir et de se cacher dans la futaie. Puis son regard coula sur le Bréton occupé à manger et il le détailla. Celui-ci était moins grand que le Norde, il n’était pas tout jeune mais il était bien charpenté, un peu trapu et surtout en bonne santé. Haki comprit qu’il ne ferait pas le poids s’il tentait de s’échapper. Il avait déjà eu du mal à suivre le rythme que lui avait imposé l’Alpha lors de sa marche forcée jusqu’ici. Faible, décharné, le visage émacié et creusé par la faim, il n’en menait pas large face à son geôlier. Il le savait et il se sentit pitoyable et malheureux.


Le lycan lisait-il en lui ? Haki se rendit compte que l’homme le fixait, un léger sourire au coin des lèvres.

  • N’y pense même pas petit. Et oui, tu serais perdant et tu m’obligerais à te tuer. Tu me diras c’est pas l’envie qui me démange mais, je veux d’abord savoir ce que tu as dans les tripes avant de prendre ma décision. Manges donc et cesse de réfléchir à un moyen de t’évader. 


Bien ! Maintenant que tu es tout beau tout propre, on va procéder aux présentations. Je m’appelle Hastrel et je suis ton nouveau… maître. 

Es-tu muet ? questionna-t-il.

Haki secoua la tête par la négative.

  • Bien, c’est déjà ça. Sais-tu écrire ou lire ?


Cette fois le Norde répondit d’un hochement de tête du haut vers le bas.

  • Comment t’appelles-tu ?
  • …Ha…ki, parvint-il à articuler d’une voix rauque, presque étonné lui-même de redécouvrir sa propre voix.
  • Haki, parfait. Haki dis-moi, quel âge as-tu ? 


Celui-ci se mit à compter sur ses doigts un peu perdu dans le décompte des années qu’il avait passées.

  • Ce n’est pas grave n’insista pas le vieux lycan. Par contre… tu me rappelles un gars que j’ai connu dans le temps. Il avait vécu plusieurs années seul sans voir âme qui vive. Il ne parlait plus, et il a dû apprendre à se réapproprier le langage. Plus tard, il m’a expliqué qu’il n’arrivait juste plus à parler, que les mots étaient comme enfermés dans des petits tiroirs et que ceux-ci restaient bloqués dans sa mémoire. 


Il les percevait bien dans son esprit, mais il ne pouvait plus les verbaliser. Est-ce ce que tu ressens ?

Haki acquiesça.

  • Et bien on commencera par travailler là-dessus. Chaque jour, tu devras répéter ce que je te dis, tu entends ? 


Pour toute réponse, le norde hocha la tête. 

  • Bien, une dernière chose. A partir d'aujourd'hui c'est terminé la belle vie. Plus de liberté, plus de bains de boue, plus de prélassement au soleil. Tu restes prisonnier jusqu'à ce que je décide quoi faire de toi. 


 Tu m'obéiras au doigt et à l'œil. Je ne te laisserai aucun moment de répit, c'est bien compris ? 

Haki fixait le lycan d'un air mécontent, leurs regards se croisèrent en un bras de fer visuel avant qu'il ne capitula et baissa les yeux devant son aîné, acceptant par là même sa tacite soumission envers l’Alpha.
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