L'Ordre des Lys et du Serpent
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Diaval
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Une journée de Répit Empty Une journée de Répit

Mer 25 Oct - 21:18
Gwynevyre était du genre patiente. Plus que son attitude le montrait habituellement. Mais là, c’en était trop. Quand elle avait accepté de s’occuper d’une maison soit disant hantée, elle ne s’était pas attendu à finir, recouverte de déjections, de restes de repas, et de rats en décomposition. 
En effet, lorsqu’elle avait entendu parler de ce banquier, bien embêté de se retrouver avec une maison hantée tout juste acquise, elle s’était dit que l’occasion était trop belle pour ne pas s’en mettre plein les poches en réalisant un contrat classique d'exorcisme. Que nenni. Lorsqu’il s’avéra que le fantôme s’amusant soit disant à faire bouger les chaises s’avéra être un spectre dépressif ayant une piètre opinion de lui même, Gwynevyre sut qu’elle était dans la merde. Littéralement. 


Les spectres ne partent pas dans l'au-delà, car tout comme les fantômes, quelque chose les retient sur le plan mortel. Une incompréhension, une mort trop violente, des regrets… Pour cette entité, c’était son manque de confiance en lui. Alors lorsque la nécromancienne vint en lui disant qu’elle était là pour l’aider, ce dernier refusa car il ne s’en estimait pas digne. Il sanglotait comme un spectre le pouvait, et repoussait Gwynevyre à chacune de ses questions pour en savoir plus. Tant est si bien, que la patience de l’Elfe arrivait à son terme. Elle haussa la voix, lui intimant de se reprendre et de se revaloriser, mais elle ne s’attendait pas à ce que l’entité présente en face d’elle, détruise le sol de la maison de chagrin et les précipite tous les deux dans les égouts d’Haltevoie. 


La dessous, tout était sombre. Et l’odeur était immonde. La mercenaire ramassa son casque tombé non loin et le mit afin d’atténuer l’odeur infecte et regarda autour d’elle. Le Spectre avait disparu. Elle attrapa son bâton, et se fiant à la lumière que le cristal émanait, elle commença à avancer. Elle n’eut pas à aller loin pour retrouver la trace du Spectre. En effet, il était là, vautré dans le caniveau, maugréant que là était sa place, et qu’il ne méritait que ça. L’elfe avança prudemment, un pas après l’autre. S’accroupissant auprès de lui. 



  • Et je peux savoir d’où vient cette conviction ? Lança-t-elle. 
  • De nul part… Je le sais c’est tout… 



Il essayait comme il le pouvait de s’enfoncer dans le mélange de déjections et d’eaux usées en même temps qu’il parlait. Ce qui inquiétait Gwynevyre, car il semblait comme absorber ces déchets, comme fusionner avec eux. Sa déprime était-elle si grande ? 


  • Tu sais, maintenant que tu es mort, tout ira mieux. La mort c’est le plus facile dans l’existence. 
  • Non ! Sa voix faisait trembler l’air autour de lui. Je mérite pas d’aller la bas.. 
  • C’est la place de chac…



Elle n’eut même pas le temps de finir sa phrase qu’une gerbe d’un liquide gluant et puant non identifié la frappa de plein fouet, la projetant dix mètres plus loin au beau milieu des excréments. Effectivement, la patience de la nécromancienne était à bout. 


  • Je déteste ma vie. Se murmura-t-elle à elle-même.



Elle se releva, et essayant de ne pas glisser, fit face au monstre de boue qui se dressait face à elle. Quelques décharges nécrotiques, de la pisse de rat sur les chaussures et une pierre d’âme vide plus tard. Le problème était réglé. Le Spectre était enfermé dans la gemme et ne causerait plus de dégâts. 
Quelle ne fut pas la surprise et le dégoût des habitants lorsqu’ils la virent se hisser de la plaque d’égouts de la rue principale d’Haltevoie. Elle la nécromancienne, recouverte de déjections, suintant l’eau croupie à chaque pas. Les passants se taisaient sur son passage, la bouche grande ouverte, trop effarés pour dire quoi que ce soit. 


Il est vrai que la mercenaire fit un peu tâche dans la banque lorsqu’elle alla chercher son dû. Il est même probable que quelques personnes employées au ménage l’ait maudite des jours durant, tant l’incrustation sur le tapis fut dure à faire partir. Mais Gwynevyre s’en fichait. Après avoir enchaîné plusieurs contrats, avoir été blessée, assommée, et frigorifiée par la nuit, elle voulait rentrer chez elle. Alors, la bourse pleine en main, elle prit la direction du port pour prendre le premier bateau qui l’amenerait vers le sud. 





Le trajet l’avait épuisé. Bien qu’après avoir pris trois bains à bord du navire, elle ne se sentait plus aussi répugnante, mais elle n’était pas non plus entièrement satisfaite. Et elle savait qu’elle aurait au moins un jour de cheval depuis la côte avant d’atteindre son chez elle, alors autant attendre d’être la bas pour changer les pansements. 


En effet, elle mit plus d’une journée à dos de monture pour atteindre les abords du coin de forêt qu’elle avait acquis, entre Elsweyr et Valboisé. Une chance pour elle, cette propriété avait été occupée par des trafiquants de skooma qui furent chassés par la garde d’Elsweyr des années auparavant. Isolée, loin de tout et avec une aussi mauvaise réputation, Gwynevyre l’obtint pour une bouchée de pain. La maison, et les terres autour. 
La chaleur se faisait sentir, douce mais pas étouffante. Le ciel était bleu azur avec quelques nuages d’une blancheur éclatante. Les oiseaux chantaient et les insectes volants étaient au rendez-vous. Rien de méchant mais grâce à eux, la pollinisation des fleurs était en plein essor. Il y avait des bosquets partout, jaunes, rouges, orangées… Elle aimait ce coin de Tamriel. Comme une bulle coupée du monde, dans laquelle rien ne pouvait l’atteindre. Une bonne heure après être entrée dans la forêt, elle aperçut la maison. Cette maison n’était pas bien bien grande, mais suffisamment pour elle seule. Les murs étaient recouverts pour la plupart de plantes grimpantes, vertes et quelquefois avec quelques bulbes bleus. Une petite tour se détachait sur le côté de la maisonnette, envahie elle aussi par la végétation. Tout autour des bosquets de fleurs étaient présents, les abeilles et les bourdons s’en donnaient à cœur joie. La porte, les fenêtres et les volets étaient d’un bleu presque lavande. Le chemin qui y parvenait était bien dégagé et entretenu. Gwynevyre descendit de cheval et ce dernier se rua vers une fontaine sur la gauche qui crachait des gerbes d’eau fraîche. La nécromancienne avançait vers sa demeure tranquillement, sac de voyage sur l’épaule. Elle observa les abords de la rivière sur sa droite, la cascade remuant l’eau, créant de petits nuages de particules d’eau en suspension. L’envie d’y aller faire un saut n’était pas pour lui déplaire, mais avant ça, elle alla saluer la khajiit au poil gris qui se tenait sur la pas de la porte. 



  • Bonjour Shisari. Lança-t-elle. 



La khajjit en face d’elle était petite, elle avait des tresses dans les cheveux et ses yeux, surmontés de petites lunettes semblaient fatiguées. Lorsqu’elle parla, bien que sa voix était ferme et forte, on pouvait entre les années qui s'étaient écoulées.


  • Bonjour Madame, vous êtes dans un sale état aujourd’hui. 
  • Ah vous allez pas commencer avec les madames hein Shisari. Dit Gwynevyre agacée, passant devant elle pour poser son sac et son casque sur la table à manger. 
  • Vous m’employez madame ! Je sais que c’est moi qui vous ai proposé mes services, et que je ne veux pas de salaire conséquent mais malgré tout, c’est normal ! 



Gwynevyre savait que ce combat était déjà perdu. Mieux valait ne pas insister. Alors elle préféra changer de sujet, et la questionner au sujet des deux derniers mois où elle s’était absentée.


  • Alors quoi de neuf dans le coin ?  J’ai vu que le jardin et les chemins étaient bien entretenus, merci beaucoup. 
  • Ho et bien vous savez, peu de choses… Nous n’avons eu qu’un visiteur, oui. Un voyageur et son âne qui était perdu. Je me suis permise de lui donner quelques provisions en échange des dernières informations du pays. 
  • Et ? 
  • Et bien pas grand chose, il semblerait que Dune ait un nouveau gouverneur. Mais voilà tout. 
  • Super, ça me nous en fait une belle jambe. 
  • Le blé est bientôt prêt également, les gerbes sont hautes cette année. D’ici une semaine ou deux elles devraient être bonnes, oui. 



Gwynevyre l’écoutant toujours se dirigeant vers la cuisine afin de se servir une grande chope d’eau fraîche. Et de l’eau plein le menton, l’elfe la remercia. 


  • Vous avez vu Sablé ? 
  • Pas depuis ce matin. Répondit-elle.



La mercenaire hocha doucement la tête puis sortit de son sac de voyage une bourse qu’elle tendit à la vieille khajiit. 


  • Merci encore Shisari. Vous voulez rester pour cette nuit ? Il se fait tard pour prendre la route. 
  • Non merci madame, j’ai peut-être des lunettes, oui, mais je vois encore très bien dans le noir ! Et puis ma propre maison me manque. Je vais avoir du travail en rentrant. Dit-elle. 
  • Je comprends. Je ne sais pas encore combien de temps je vais rester ici, mais n'hésitez pas à passer de temps en temps au besoin. je viendrais vous chercher si je suis amenée à partir. 
  • Bien madame. Merci. 




Elle avait attrapé la bourse et se dirigeait vers l’entrée, lorsqu’elle se retourna : 


  • Ah et fait, j’ai dépensé une bonne partie du pécule que vous aviez laissé dans la cache pour faire venir un ouvrier, il y a eu de grosses pluies et il a fallu refaire l’enduit de l’une des façades. Voilà c’est tout madame, bonne soirée. 
  • Bonne soirée Shisari. 




La mercenaire était enfin seule. Le soleil était presque passé derrière la montagne au loin. Dans la maison, la pénombre s’installait, alors Gwynevyre entreprit de faire un feu, et d’allumer les bougies. Une fois celà fait, c’est au repas qu’elle s’attaqua. Shisari avait laissé un grand saucisson, quelques œufs et du pain. C’était parfait pour la nécromancienne qui n’avait mangé que de la viande séchée depuis la veille. Elle installa une poêle sur le feu, se coupa dans une assiette un beau morceau de pain ainsi que plusieurs tranches de saucisson. Les œufs enfin cuits, elle s’installa sur une chaise en bout de table et avala son repas goulûment. Repue, elle décida de ne pas faire de frais et d’aller se coucher. Son voyage l’avait épuisé. Elle montait les marches avec lassitude, délaçant son armure en même temps, et lorsqu’elle arriva à l’étage, la laissa tomber sa cuirasse au sol. Ses bottes volèrent à travers la pièce tout comme son pantalon qui finit sur la table, et c’est seins nus, que la nécromancienne s’écroula sur son lit, préalablement fait par Shisari avec soin, et parfumé au jasmin. Gwynevyre eut à peine le temps de le sentir, que le sommeil la rattrapa, et les yeux lourds, elle s'endormit profondément.





Les rayons du soleil avaient commencé à filtrer à travers les vitres de la chambre, baignant la pièce dans une lumière chaude et jaunâtre.Le lierre qui montait jusqu’au toit et passant devant les fenêtres permettait à l’endormie de ne pas être agressée dès le matin par une lumière trop vive. D’ailleurs, l’elfe ne fut pas réveillée par l’astre qui s’était levé mais bien par autre chose. Quelque chose dans son subconscient la faisait sortir du sommeil. Elle se sentait, épiée, observée… Lorsqu’elle eut la force d’ouvrir un œil, elle ne fut qu’à moitié surprise de voir que deux yeux bruns l’observaient. Deux yeux bruns surmontant un museau long, et des babines on ne peut plus baveuses. 


  • Mmh salut Sablé… Dit-elle, la joue encore enfoncé dans l’oreiller. 
  • Woof ! 



Le chien s'était rapproché du bord du lit, amenant avec lui une grosse balle de cordes tressée. 


  • C’est trop tôt, laisse moi dormir… 
  • Woof ! Woof !



C’est maintenant à coup de museaux que le chien brun et sable s’attaquait à Gwynevyre, essayant tant bien que mal de la renifler dans le cou et de lui mordiller ses grandes oreilles. 


  • Mais t’as fini ! J’ai compris je me lève, là, là…



Le chien attrapa sa balle et dévala les escaliers pour courir jusqu’à la cour en aboyant joyeusement. Gwynevyre essaya de rassembler ses esprits, jeta un rapide coup d'œil à ses blessures déjà quasiment guéries puis se leva. Elle attrapa une chemise, un pantalon et une paire de bottes à la main puis, toujours en sous-vêtements se dirigeant vers la petite plage que bordait la rivière près de la cascade. Une baignade d’eau fraîche lui ferait le plus grand bien. Seul le chant des oiseaux et le bourdonnement des insectes l’accompagnaient. Sablé, l’accompagnait, lui aussi adorait se baigner, et nager dans l’eau fraîche. L’elfe déposa ses affaires sur le sable qui commençait déjà à chauffer, et s’avança dans les remous de la rivière. L’eau était froide, mais pas glacée. Un frisson lui parcourut l’échine, finissant de la réveiller. Les pierres sous ses pieds roulaient à chacun de ses pas, et lorsque la profondeur fut suffisante, elle s'élança tête la première dans l’eau. Les quelques brasses qu’elle fit la décontractèrent et grâce à cela, elle se sentait bien moins sale qu'auparavant.


Une fois sa nage matinale terminée, elle alla s'asseoir sur le sable, attendant de sécher au soleil. En attendant, elle observait les poissons présents au bord de l’eau. Petits pour la plupart. Sablé les avait vu aussi, et les pattes dans l’eau, ce dernier restait immobile en attendant le dernier moment pour jeter sa gueule en direction des poissons, malheureusement bien trop rapides pour lui. D’un coup de queue, la friture s’éloignait de l’impact des crocs sur l’eau, pour y revenir quelques secondes plus tard. Le spectacle fit sourire Gwynevyre. Cet endroit lui avait manqué. 


Lorsqu’elle fut sèche, elle enfila son pantalon, sa chemise et ses bottes de cuir, et se dirigea vers la maison, sifflant le chien pour qu’il la suive. Les deux compères entrant dans la maison, en quête d’un bon petit déjeuner. Gwynevyre donna les quelques tranches de saucisson qu’il restait à Sablé, tandis qu’elle se contenta d’une grosse tartine de fromage et de cidre. Qu’allait-elle faire aujourd’hui ? Elle se le demandait, mais beaucoup de tâches recquièraient son attention. A commencer par aller s’occuper des deux chevaux présents dans la petite écurie. L’un était son cheval de voyage, fiable, rapide et robuste, alors que l’autre était un simple cheval de ferme, l’aider à ramener des provisions du marché des différentes villes ou elle allait s’approvisionner comme Torval par exemple. Quoiqu’il en soit, tous deux avaient besoin de soins, alors la nécromancienne commença par ça. Chargeant le crottin dans la brouette, changeant la paille et leur apportant du grain. Elle alla remplir l'abreuvoir d’eau fraîche grâce à la fontaine un peu plus loin et finit par les brosser. Gwynevyre prenait son temps, n'ayant rien d’autre à faire de vraiment urgent. Elle en profita pour couper un peu les crinières des deux bêtes, mais pas trop afin qu’ils puissent continuer de faire fuir les mouches, leur nombre ne faisant qu’augmenter avec la chaleur qui arrivait. 



Une fois que cette tâche fut faite, elle les libéra afin qu’ils partent gambader dans les clairières à proximité. Elle s’assit sur un banc près de l’entrée, savourant la matinée qui était déjà bien avancée. Fermant les yeux, adossée à la maison, Sablé couché non loin à ses pieds. 


Par la suite, Gwynevyre entreprit de remettre un peu d’ordre dans la maison. Elle ramassa son sac sur la table et en sortit le contenu. Une couverture qu’elle jeta dans un panier d’osier, prévu pour le linge sale, une petite casserole, une petite rôtissoire pliable, un paquet de bandage, une boussole solaire et tout le nécessaire pour voyager, léger et efficacement. Une fois que tous ces outils furent rangés sur des étagères, dans la petite tour qui lui servait de laboratoire alchimique, elle se dirigea vers la chambre. Elle attrapa son casque resté sur la table la veille et grimpa les escaliers. Son armure était toujours par terre, elle l’observa, se disant qu’un petit coup de propre ne lui ferait pas de mal. Elle prit sa cuirasse, son pantalon renforcé sur l’épaule et ses bottes plaquées de l’autre main et se dirigea vers la fontaine à l’extérieur. Une brosse et un tabouret étaient présents près de la source d’eau, ce qui était exactement ce dont elle avait besoin. Elle posa son casque sur le rebord, et appuya son armure contre le muret, laissant le pantalon par terre. Elle commença par les bottes, prenant la brosse et trempant les chausses dans l’eau. La terre incrustée sous la semelle se décollait, et les saletés coincées entre les plaques disparaissait un peu plus à chaque coup de brosse. Lorsqu’elle arriva à son casque, Gwynevyre vit qu’un petit rougegorge l’observait. Posé là, sur le rebord de la fontaine. Ce dernier cherchait à y tremper ses plumes, sans trop savoir comment s’y prendre, l’eau étant bien trop profonde pour lui. La nécromancienne se dit que construire un petit bassin à oiseaux ne serait pas une mauvaise idée, ne serait-ce que pour ne pas en retrouver un mort un jour, noyé dans la fontaine ou l'abreuvoir. Alors qu’elle était perdue dans ses pensées, brosse à la main, le petit oiseau s’envola, en rejoignant un deuxième. Ils s’envolèrent tous les deux, cherchant probablement un nid tranquille ou s’accoupler. Gwynevyre sourit tristement, et reprit son brossage avec précision. 


La journée s’écoulait tranquillement, et la fin d'après-midi se faisait sentir. Le ciel avait pris une couleur jaunâtre, douce et chaleureuse. Les chevaux étaient revenus de leur promenade et mangeaient goulûment dans leur mangeoir. Les quelques poules que possédait Gwynevyre étaient rentrées dans leur enclos et sa chèvre pâturait toujours près des pousses de blé. L’idée de la baptiser Elia l’avait fait sourire lorsqu’elle l’avait achetée, mais trouvant cela de trop mauvais goût, s’était ravisée. Cette solitude lui faisait du bien. Elle n’avait pas ouvert la bouche une seule fois de la journée, sauf pour parler à son chien. C’était… reposant. Comme cela faisait un moment qu’elle n’était pas rentrée, elle décida d’aller se préparer un sac avec du pain, quelques grappes de raisin, du fromage et une bouteille de vin et d’aller manger plus loin, afin d’aller observer le coucher de soleil. Elle prit son sac sur le dos, et siffla Sablé afin qu’il l’accompagne. 



Ensemble, ils marchèrent un peu plus d’une heure sur de petits sentiers, à travers les buissons et les arbres, montant la colline comme ils pouvaient afin de trouver l’un des panoramas préférés de Gwynevyre. C’est légèrement essoufflé et Sablé haletant que les deux compères arrivèrent au pied d’un arbre. Il n’était pas particulièrement grand, ni particulièrement majestueux, mais c’est sur ses racines que l’on pouvait voir la vallée. Et c’est au bout de cette vallée, que le soleil disparaissait derrière les montagnes et les arbres. Par delà s’étendait Valboisé, ses jungles, et ses habitants. Plus proche, on pouvait voir le ruisseau passant chez l’Elfe, s’écouler au bas de la colline et continuer sa route le long de la vallée. Le bleu clair éclatant du ruisseau contrastait avec le paysage qui était baigné d’une lumière presque orangée, chaleureuse. Une petite brise permettait de ne pas suffoquer, et de profiter de l’instant. Gwynevyre passait son regard dans ce panorama tiré tout droit d’un tableau. En suivant le cours d’eau, on pouvait voir une petite ferme, la cheminée fumante. Quelques pousses de cannes à sucrelune étaient plantées dans le ruisseau. Et quelques lieues plus loin, sur l’autre rive, la roue d’un moulin tournait lentement, actionnant quelques mécanismes pour moudre le blé ou presser les cannes. A mi-chemin entre les deux, un petit pont de pierre passait par-dessus la rivière. La nécromancienne se dit qu’elle pourrait y aller faire un tour un jour, voir s’il vendaient quelque chose, ou voudraient bien troquer quelques denrées alimentaires. 

Le chien qui s’était écroulé en arrivant, avait repris son souffle, observant Gwynevyre debout face à la pente extrêmement raide qu’était ce versant de la colline. Elle tourna la tête vers le canidé, et vint s'asseoir avec lui, s’adossant au pied de l’arbre. Elle sortit de son sac les provisions, ainsi qu’un grand bol qu’elle remplit d’eau provenant de sa gourde pour Sablé. Ce dernier, laper le récipient avec envie, sans pour autant se lever des côtés de sa maîtresse. Quelques gratouilles sur le dos et ce fut au tour de la mercenaire de se sustenter. Le fromage s’était un peu ramolli avec la chaleur, mais il avait bon goût. Le raisin croquait sous ses dents, libérant son arôme en la désaltérant. Le vin qui accompagnait ce simple repas n’était clairement pas extraordinaire, on aurait même pu dire, qu’il n’était pas bon. Pourtant, ça n'empêchait pas Gwynevyre d’y boire à même le goulot, ayant une petite pensée pour ses compagnons, qui auraient probablement détesté cette cuvée. Elle faisait attention à ne pas tacher sa tunique blanche aux bords noirs, sachant pertinemment que faire partir une tâche de vin, sans mage sous la main, risquait d’être des plus compliqué. Une fois qu’elle eut fini, elle posa sa tête contre l’arbre. Observant le soleil déclinant de plus en plus, baignant de sa lumière la vallée. Elle se laissait porter par le chant des oiseaux, et des premiers grillons qui commençaient à sortir, profitant des derniers rayons de lumière lui réchauffant la peau du visage. Elle fermait les yeux, afin de mieux se concentrer sur ses autres sensations. Le calme plus le vin auraient fait qu’elle aurait pu s’endormir, si son fidèle compagnon ne l’avait pas ramené à la réalité d’un gentil coup de truffe sur la cuisse. Elle lui caressa la tête avec vigueur tout en lui répétant que c’était un bon chien. Bien que Gwynevyre regrettait la manière dont elle en était venue à s’occuper de lui, sa famille et la petite fille khajiit qui s’en occupaient étant morts, elle ne regrettait pas de l’avoir pris avec elle. Les doutes des premiers jours, envolés depuis longtemps lorsqu’elle vit à quel point, il était sage, et gentil. Les deux compères restèrent là jusqu’à voir les premières étoiles, puis se mirent en route pour rentrer à la maison.
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