L'Ordre des Lys et du Serpent
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Général Patafouin
Général Patafouin
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Le poids des années Empty Le poids des années

Sam 18 Nov - 10:00
"Il s'occupait du champ à l'ouest de notre ferme quand son cœur a cessé de battre… Oh mon fils… Aleck… Je suis tellement navrée"


Le poids des années 74992c10


Les mains squelettiques et le souvenir de leur froideur se déposant sur sa joue dans une tendresse pourtant chaleureuse firent revenir Aleck au moment présent. 
Au coin du feu, dans une forêt à quelques lieues de Daguefilante sur le retour pour l'Ile-Haute, Aleck tenait entre ses mains une cuisse de lièvre braisée qu'il avait chassé plus tôt. 


Les souvenirs de leur voyage, des retrouvailles avec sa mère et de la nouvelle de la mort de son père quatre années auparavant l'avaient marqué, au point qu'ils refaisaient surface sans crier gare lors des moments de répit.


— Aleck ? Tout va bien, mon loup ? Tu es bien silencieux…, demanda la voix d’Elia, assise en face de lui, plaquant ses mains contre une tasse en émail remplie de thé, réchauffant ses doigts engourdis par cette fraîche soirée où l’humidité typique de Haute-Roche se faisait sentir.
— Hm… Fit-il pensivement dans un grondement de gorge, avant de redresser son regard vers elle. Désolé ma belle, j'étais perdu dans mes pensées. 
— Sacrées pensées, alors…, souffla-t-elle d’une voix caressante en plissant les yeux, coulant un regard dans sa direction, un sourire ourlant le coin de ses lèvres. D’habitude, rien ne te réjouit plus que de dévorer un tel repas. Qu’est-ce qui peut bien t’accaparer, ainsi ?
— Mère…, répondit-il instinctivement dans un souffle chaud et mélancolique, sa voix créant un nuage de fumée s’évaporant dans les airs. 
— Oh… lâcha la sorcière avec affliction. Tu t’inquiètes pour elle, c’est cela ?


Il jeta vulgairement les restes de son repas dans les fourrées, ponctuant son geste d’un grondement, détournant le regard avant de souffler par le nez, l’air visiblement irrité. Le voyant faire, Elia pinça les lèvres dans une moue attendrie. Elle l’aimait, ce loup mal léché dont les inflexions grondantes dévoilaient le panel de ses émotions qu’il ne révélait si bien qu’en sa présence. Elle déposa la tasse à ses pieds avant de se glisser auprès de lui, lovant sa hanche contre la sienne, enroulant sa cheville près de sa botte et elle posa sa tête sur son épaule.
Pendant un moment, elle se laissa simplement bercer par la douce chaleur des flammes qui enveloppait son visage, laissant son regard se perdre dans le ballet hypnotique du brasier et écoutant la respiration de son compagnon.


— Je comprends, murmura-t-elle lentement entre deux crépitements. 
Il gronda en baissant les yeux sur les flammes enroulant un bras autour de la sorcière pour la serrer plus fort contre lui.
— J’ai… J’ai l’impression d’avoir échoué quelque part… Toutes ces années seule sans lui, à lutter, travailler… Elle m’a paru si… Si fragile, confia-t-il sa voix grave, brisée par les émotions. 
Elia pressa une main compatissante sur la cuisse d’Aleck. Le voir si vulnérable était rare.
—Je sais… J’ai ressenti la même chose la première fois que nous sommes allés voir mon père. Et la dernière fois aussi… Sa situation s’est améliorée et je sais qu’il boit moins depuis que nous nous sommes retrouvés… Mais tu l’aurais vu, du temps où ma mère était vivante ! C’était un autre homme. Parfois… parfois, cette époque me manque. Nous étions une famille unie. J’ai l’impression d’avoir brisé tout ça. À parcourir le monde, au gré des vents et de mes envies… Quand j’y pense, je n’étais qu’une gamine trop gâtée. Je ne dis pas que je regrette, mais… Mais ce que je veux dire, c’est que toi, tu n’as pas échoué, Aleck. Tu n’as pas eu le choix, c’est différent. Tu n’as pas choisi de devenir un lycan.


Elle marqua une pause, ses propres propos suscitant une réflexion nouvelle.


— On a toujours le choix…, gronda-t-il dans un raclement de gorge suivit d’un soupir. Après que Mélicendre a réglé mon problème… Qu’est-ce qui m’a empêché d’y retourner ?... La peur, j’ai eu peur de mes propres parents, eux qui m’ont chéri et donné jusqu’à se négliger eux-mêmes, eux qui m’ont transmis.  Je l’ai abandonnée, lâchement, égoïstement. 
— Tu ne peux t’en vouloir pour de telles choses. Tout ce temps, j’aurais pu aller voir mon père, moi aussi, quand je guerroyais ou que je jouais les seconds. J’aurais pu commencer les recherches bien plus tôt. Mais… Moi aussi, j’ai… J’ai fait preuve d’égoïsme. Je ne voulais pas que ma famille retienne mes ambitions. Je me disais que… Que je risquais de regretter mes choix si je regardais en arrière. Que mon père allait chercher à me garder auprès de lui. Mais il ne l’a pas fait. C’est pour cela que… Je me demande : si tu avais le choix, aujourd’hui, que ferais-tu ?


Il fronça les sourcils dans un raclement de gorge en se faisant basculer en arrière pour s'adosser au tronc de l'arbre dans son dos pour croiser les bras, évitant le regard de la sorcière. S'il avait eu le choix, il serait capitaine sur la (nom à rechercher xD), à chaque permission, à chaque fois qu'il aurait accosté sur les côtes de la Glénumbrie, il en aurait profité pour voir ses parents, leur raconter ses voyages et ses réussites, les rendre fiers. Voilà ce qu'il aurait voulu si cette nuit-là une bande de Lycans n'avaient pas attaqué le village dans lequel il venait d'accoster avec son futur équipage. Perdu dans ses pensées, il attrapa une branche pour attiser un peu plus les flammes du brasier.


— … Et toi ? Questionna-t-il pour détourner l'attention.


Elle haussa les épaules en pinçant les lèvres, dans un sourire.


— Ne plus disparaître pendant des années ? Je suis déjà heureuse de savoir que nous retrouverons mon père en rentrant. J’ai repris mon nom, je ne me cache plus, ce qui est déjà une bonne chose. J’ai fermé mon académie à Alinor, et franchement, je ne suis pas déçue de mettre un peu de distance entre les Altmers et moi… Et grâce à tous mes efforts et l’aide que j’ai reçue, l’école va pouvoir grandir et prospérer. – Elle lâcha un soupir, secouant la tête. – Non, franchement, Aleck, on a assez parlé de moi. Même si je cours toujours après le temps, je sais qu’on met toujours sous le tapis tes envies depuis que tu m’as rejoint. Je ne sais rien… De ce que tu voudrais vraiment. Me marier avec toi, c’est… inattendu, merveilleux… Même si ça ressemble quelque peu à du masochisme de ta part, ajouta-t-elle en plissant les yeux. Mais tu ne vas tout de même pas entraîner les recrues de l’Ordre toute ta vie ? J’aurais l’impression de gâcher tes talents ! Tu es un trop bon épéiste pour cela. Et tu sais naviguer, tu… Tu ne me disais pas que tu avais été formé pour être second d’un navire ?, demanda-t-elle tandis qu’elle se remémorait une ancienne discussion.


— Capitaine… Reprit Aleck. J'étais Capitaine depuis très exactement deux journées avant d'être transformé… Il soupira en grondant. Non… Elia je ne me vois pas entraîner les recrues, de toute façon, ils trouvent que mon entraînement est trop… brutale. Non… La guilde j'y trouvais plutôt mon compte en rapportant le gibier, pas besoin de sociabiliser, pas besoin de marchander… Et, je ne pourrai pas reprendre ma vie comme elle était en sachant que ma mère est seule aujourd'hui. 


Elia fronça les sourcils, songeuse.
— Alors… Quelle serait ta vie idéale ?, demanda-t-elle, une pointe d'appréhension tintant sa voix.
Il fronça les sourcils à son tour dans une profonde réflexion.
— Elle est avec toi ma vie idéale… du reste je ne sais pas mais… Maintenant que j'ai retrouvé ma mère et que je sais… Je ne peux plus faire comme si elle n'existait pas. J'aimerai lui donner… J'aimerai qu'elle ne soit plus seule dans cette ferme à se tuer le dos pour faire vivre un souvenir… expliqua-t-il douloureusement.



Un sourire ourla délicatement les lèvres de la sorcière. Chaque fois qu'il se dévoilait, elle découvrait en Aleck un homme profondément bien intentionné.


— Tu as raison, il faut chérir ce que l'on a, tant que c'est possible.


Elle se mordit les lèvres, basculant son regard sur le côté, avec embarras, avant de lâcher un profond soupir.


— J’ai parfois l'impression que tu as mis ta vie en pause pour mieux me laisser vivre la mienne. À peine ai-je posé le pied hors du lit le matin que je suis happée par les obligations. Et lorsque je rejoins les draps, c'est toujours bien après toi. Entre l'Ordre et l'Académie… Il te reste une place bien maigre. Et je le regrette. Tu mérites plus que la place que je t'accorde. Tu avais raison, tu sais, il y a longtemps : tu es toujours là, à m'attendre. Et pourtant, tu n'es pas un chien de garde… – Elle fit passer une main tendre dans les cheveux bruns du Bréton au moment où il redressa son visage vers elle dans un regard désapprobateur, mais la laissa poursuivre sans la couper. - … Et j'ai peur que vienne un jour où je m'éveillerai comme chaque matin pour voir que mes cheveux sont devenus gris et les tiens aussi et constater que je ne te connais pas, que tu as évolué sans moi… C'est ce qu'il s'est passé avec mon père. L'autre jour, quand tu es parti chasser, il m'a regardée, il a caressé mes cheveux et il m'a dit, avec cet air tellement triste : "Parfois, je me demande qui est cette belle inconnue que j'ai devant moi… Tu es devenue tellement plus que je ne l'aurais imaginé. Et tu as l'air d'avoir parcouru tant d'épreuves seule…". Ce temps-là, où il avait besoin de moi, je ne pourrai jamais le rattraper. Et je le sais, j'aime tout ce que j'ai bâti, je ne serai jamais une dame ou une femme au foyer, l'aventure et les responsabilités m'appelleront toujours, mais… J'ai parfois le sentiment d'avoir été emportée dans l'Ordre sans en avoir vraiment eu le choix. Quand Kiara est partie… Je ne me voyais pas refuser son offre de prendre la tête de la guilde. Pourtant les dieux savent que je m'étais promise de ne jamais me retrouver à ce poste. Mais ma loyauté et mon ambition m'ont poussée à reconsidérer mes vœux. Tu… As demandé ma main. Mais es-tu sûr qu’une vie dans l’Ordre est ce que tu veux ?


Il se rembrunit, considérant la question et pensant aux mots de la sorcière.
— … Premièrement, j'ai dit que j'avais la sensation d'être un chien et de t'attendre sans cesse sous la colère ma belle… Je n'en pensais rien. S'il faut que je t'attende chaque soir, au beau milieu de la nuit, je le ferais sans jamais le regretter. Il gronda chaleureusement en caressant le bas du dos de la sorcière tendrement dans une réflexion. Je ressens la même chose concernant ma mère et quand je pense que je n'ai pas été là pour l'accompagner à la mort de mon père me brise le cœur… Elle est si douce, c'est une femme si forte et bienveillante… Que je n'arrive même pas à l'imaginer dans un moments si douloureux. Je n'ai pas pris de temps pour réfléchir à l'avenir ma belle, je ne l'ai jamais fait, à dire vrai depuis ma transformation, il me paraissait tellement incertain que je n'en voyais pas l'intérêt. Ce que je veux, c'est être avec toi et protéger ma mère… Est-ce que l'ordre pourrait m'empêcher de faire cela ? Je ne sais pas… Mais c'est vrai que cette vie me paraît bien plate. Je ne serai jamais un fermier comme mon père, jamais un maître d'arme… nous sommes pareils… L'aventure nous appellera toujours toi et moi ma belle, mais l'Ordre n'est pas la vision d'un futur tel que j'aurai pu me l'imaginer.


Elia observa encore un long moment la danse des flammes, ruminant les paroles d’Aleck, avant de lâcher.


— Je ne suis pas obligée de continuer, tu sais. L’Ordre, je veux dire. Le Magisterium nous fournira toujours les revenus nécessaires pour vivre confortablement. Lorsque nous sommes là, juste toi et moi, sur les routes, je me sens si vivante. Je sais que dès que j’aurai remis un pied là-bas, il y aura tant de choses à régler que je serai à nouveau entraînée dans le tourbillon. Franchement… serais-je une personne si terrible si je décidais d’y mettre un terme ? Chacun là-bas a tellement appris. J’ai le sentiment d’avoir fait tout ce que je pouvais pour eux… – elle laissa échapper un rire nostalgique – Korto-Lusso a trouvé le bonheur auprès d’Yrilda, elle, est devenue une meilleure guérisseuse encore, Abdussah semble avoir repris confiance en ses capacités, Miri… est devenue une combattante si aguerrie et mieux encore, elle est devenue plus responsable. J’ai espoir que l’or gagné lors de nos missions permette à Terhanen de retrouver sa fille. Ivy est devenue si forte qu’elle n’a clairement plus rien à apprendre de moi… Elle crée même des portails stables ! Quant à Gwynevyre, il est clair qu’elle ne souffrira pas que je la relève de ses obligations, cette tête de mule est si indépendante…, énuméra Elia, sans remarquer qu’elle frottait nerveusement ses ongles contre la peau de ses doigts.
— Hum… Gronda une nouvelle fois le loup, dans ses pensées. Karovna pourrait largement rejoindre la guilde des guerriers pour entraîner les jeunes combattants si elle s’en donnait les moyens… Et les jeunes recrues ? 


Elia pinça les lèvres en baissant la tête, grattant ses ongles plus vigoureusement.


— Oui… Ils seraient livrés à eux-mêmes, mais… Oh, par les dieux, ce ne sont pas des enfants ! Enfin, pas techniquement. Ils s’en sortiront très bien sans l’Ordre et sans moi… Ils s’en sortiront, pas vrai ?
— Ils ont réussi à venir jusqu’à nous, alors je suppose que oui…, souffla Aleck, prenant soudainement la main de la sorcière avec tendresse en se rendant compte de ses gestes nerveux. Quoi qu'il en soit… C’est une décision qui mérite réflexion de ta part ma belle… Et je ne te forcerai jamais à rien, je serai toujours à tes côtés quoi qu’il advienne.


Il caressa ses cheveux et sa nuque d’une main chaleureuse.   


— C’est difficile de cesser de faire une chose que l’on fait depuis tant de temps… Surtout quand on est bon à cela. Et, sans vouloir me vanter, je pense que je suis douée. J’aime diriger. Pas parce que je veux avoir des personnes à ma botte ou voir des petits pantins s’aligner à la moindre de mes injonctions, non. Mais parce que j’aime cette osmose incroyable qui peut fédérer les gens. J’aime les pousser à donner le meilleur d’eux-mêmes. Et je pense que je suis la personne adéquate pour y parvenir, sans me laisser distraire par des considérations qui pourraient nous ralentir. Je trouve cela grisant de mener un navire dans une direction pour mieux récolter les lauriers de nos découvertes ensemble. Les responsabilités sont grandes… Mais les récompenses sont à la hauteur. 


Une lueur de fierté vive brilla dans ses yeux d’écume teintés d’or par les flammes rebondissant sur ses prunelles. Mais un léger voile obscurcit son sourire.


— Même si… Même si je sais qu’il y aura toujours cette barrière inébranlable entre les autres et moi, en dépit de mes efforts. Certains sont parvenus à la franchir, heureusement. Ivy a mis un temps fou à y parvenir et toi… Disons que pour toi, c’était différent !, lâcha-t-elle dans un gloussement. Mais je ne serai jamais simplement leur amie. Nul ne se souciera vraiment de comment je me sens, parce que personne n’aime à s’imaginer qu’un capitaine ou un chef peut faiblir et c’est normal. Et la moindre décision peut me valoir d’être aimée autant que détestée. C’est ingrat, par moments. Mais cela fait partie du métier, que veux-tu…
— Pour ma part je savais qu'utiliser la méthode douce ne fonctionnerait pas avec "Dame Elia", se moqua-t-il en riant. Mais je comprends… Je t'ai vue te sentir très seule, malgré le fait que tu sois toujours entourée…
— Oh, je ne me plains pas !, s’exclama-t-elle dans un rire, pour dissimuler sa gêne. Je sais que c’est moi qui mets cette barrière et c’est très bien ainsi ! Si l’on me demandait comment je me sens, je ne serais pas du genre à m’épancher, quoi qu’il en soit. Tu le sais bien toi-même. Et tu as eu raison : me bousculer était la seule solution. À vrai dire, c’est la seule qui ait jamais fonctionné. Cela me rappelle ce que m’avait dit une wyresse, il y a peu… 


Elle attrapa une branche laissée sur le sol et traça des formes sur la terre sèche, silhouettes humaines et animales, loups, oiseaux, cerfs et ours…


— Elle disait qu’en chacun de nous, il existe un esprit de la nature, un animal totem, et que les personnes que l’on rencontre doivent affronter notre esprit. Si celui-ci est de nature trop indomptable, peu seront ceux qui pourront vous approcher et plus rares encore ceux qui seront capables de devenir des amis… ou de s’unir à vous. D’une certaine manière, Calli avait raison. Ceux qui ont fait partie de mon cercle proche et ceux qui sont toujours auprès de moi, Gjarmund, Frigga, Ivy, Gwynevyre… même Aesril… et toi. Vous avez tous un esprit suffisamment indomptable pour me supporter, confia-t-elle, redressant les yeux vers lui en soufflant un rire.


Il détailla le cercle et les animaux tracés avant de plisser les yeux d'inquiétude en sortant la pierre de jade autour de son cou pour observer la masse noire qui se mouvait vigoureusement à l'intérieur.


— Et… Cet esprit indomptable-là… tu n'en as pas peur ?, lâcha-t-il finalement.
— … N’avons-nous pas déjà eu cette discussion ?, demanda-t-elle en esquissant un sourire en coin confus. Non, je n’en ai pas peur. Ton loup m’a sauvé la vie, Aleck. Et en toi, il y a une force bien plus grande que cette bête. La vraie question c’est… Toi, en as-tu peur ?
— Tu connais le loup que je contrôle, Elia… Pas la bête sanguinaire… Oui, bien-sûr que j'en ai peur, sinon il ne serait pas là-dedans. Il fronça les sourcils dans un soupir las en grondant. Tout est toujours si compliqué… J'ai l'impression que mon existence n'est que sous conditions.


Elle posa une main tendre sur sa joue, dans une caresse compatissante.
— Tant que tu as ce pendentif, nous ne craignons rien, n’est-ce pas ?
Il hocha lentement le regard vague.
— … Oui… Tant que Mélicendre n'en décide pas autrement. Ce qui est fait peut-être défait Elia… Tu sais ça mieux que moi… 
— Elle… serait vraiment capable de faire ça ?, questionna-t-elle, soudain inquiète.
— … Seulement si elle se sent obligée… C'est pour cela que je n'étais pas pour cette "chasse à la sorcière"...


Elia souffla profondément, songeuse, avant de sortir un petit insigne doré gravé d’un aigle d’une des petites bourses de tissu qu’elle gardait à sa ceinture, le faisant tourner entre ses doigts.


— … Il y a quelque temps… j’ai été engagée pour faire le jour sur cette histoire. Je n’en ai parlé à personne.
— Sur… Cette histoire avec ton Altmer et Mélicendre ? Ce dont Ivy parlait, quand elle disait qu'il n'était pas mort ?, demanda-t-il en fronçant les sourcils perplexe.
— Ce n’est pas mon Altmer, rectifia-t-elle. Et… Oui, c'est cela. Je dois en parler à Ivy, mais… Je sais que tu n'approuverais pas. Mélicendre pourrait avoir de gros ennuis si nous la retrouvons et que nous prouvons qu'elle est complice de meurtre.
— Mélicendre n’est pas une meurtrière, ce que je crois, c'est que Aesril l’a probablement embarquée dans un truc louche ou alors qu’il y a encore des zones d’ombre que tout le monde ignore… Mais quoi qu’il en soit, je ne pense pas qu’elle ferait une chose pareille… poursuivit-il en croisant les bras sur sa poitrine. Et puis voilà, une bonne solution : et si tu laissais Ivy se démerder avec cette histoire ?
Elle hocha la tête en se mordant la lèvre.
— Si tu savais comme la tentation est grande… Je n’ai plus envie d’avoir affaire à eux. Je veux laisser ces histoires derrière moi une bonne fois pour toutes. Même si… Même si nombreux sont les puissants qui aimeraient… détenir un artefact aussi fabuleux que celui qu’il m’a confié. Et puis… S’il arrivait malheur à Ivy ? Si elle ne revenait jamais de son enquête ? Je crois que je ne me le pardonnerais jamais. Tu es bien placé pour savoir que Mélicendre a déjà voulu se débarrasser d’elle…
— Hum…, gronda-t-il en dévisageant Elia d’un air las. 
— Mais tu as raison. Je lui en parlerai et nous verrons… C’est à elle de décider, conclut-elle, gravement, rangeant le petit insigne doré dans sa sacoche. Au moins, ainsi, nous ne courrons pas le risque que ton amulette se brise. Et… En attendant, je peux peut-être l’étudier ? Et essayer d’en concevoir une similaire ?
— Oui, je suppose que c'est une option envisageable…


Il enroula à nouveau son bras autour de la sorcière pour la serrer contre lui avec tendresse.


— Mais… Pour le moment, laisse-moi profiter du silence des bois et de ta présence, ma belle… Toutes ces histoires nous rattraperont bien assez tôt, grogna le loup, d'une voix chaleureuse.
— Oui… Bien assez tôt, souffla la sorcière en calant sa tête dans le creux de sa nuque.


Malgré tout, elle chassa les sombres pensées qui pouvaient lui traverser l’esprit. En cet instant, sa vie n’avait jamais été aussi sereine. Elle mettait son passé derrière elle, démarrait une nouvelle vie et allait épouser cet homme qui lui apportait un tel sentiment de sécurité. Jusqu’à lors, elle n’avait jamais osé admettre qu’elle avait besoin de cela. Mais entre ses bras, ses problèmes disparaissaient. Elle se lova un peu plus contre lui. C’était une belle nuit et la chaleur du feu leur caressait doucement le visage.

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