L'Ordre des Lys et du Serpent
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Général Patafouin
Général Patafouin
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Dim 19 Nov - 23:56
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Les premiers rayons du soleil entraient par la fenêtre sans battants de la petite chambre aux murs de chaux, dans des éclats d’or. Le cri sauvage des mouettes attirées par le déchargement des navires dont les gréements cliquetaient doucement à la volonté de la brise résonnait au loin et éveillait peu à peu la ville, de cette rumeur douce et familière. 


L’air iodé taquina le nez d’une jeune prêtresse déjà vêtue de ses robes de lin, chacun de ses sens en alerte, guettant le moindre mouvement de l’air. Ses mains exécutèrent une danse savamment orchestrée, expulsant lentement l’air de ses poumons en faisant glisser ses doigts dans le vide. La pièce se chargea de tension, le vent semblait converger vers elle et soulevait ses cheveux lâchés et embaumés d’huiles et d’onguents odorants, exhalant la rose et le lys. Sans un mot, elle souffla sur ses mains et laissa l’énergie se disperser. Des ondes électriques chatouillèrent ses doigts, attisant son sourire et elle se laissa traverser par ce courant, parcourant ses bras, son torse, ses jambes et l’emplissant d’une douce euphorie et d’une vive sensation de rapidité. Derrière ses pupilles, le monde semblait plus clair et alors qu’elle taquinait la foudre, celle-ci semblait lui répondre et obéir à ses prières muettes : “Protège-moi, souffle sauvage. Rends-moi plus vive. Donne-moi ta force.”. Et la foudre obéissait, comme par magie.


— Ça y est… murmura-t-elle, comme si elle craignait de déranger les éléments. J’y arrive.


Un hanneton voletait et faisait grésiller ses ailes depuis quelques minutes déjà, se fracassant contre la moustiquaire. La foudre semblait répondre à Elia et l’enjoindre à plus d’avidité, cherchant un support sur lequel se répandre et, l’espace d’un instant, la jeune femme craint de laisser parler une prière plus sombre. Mais la tentation était trop grande, elle devait savoir si elle en était capable. Il n’y avait qu’ainsi qu’elle saurait combien elle maîtrisait ses pouvoirs. “Tue. Réduis en cendre.”, invoqua-t-elle intérieurement, l’énergie puisant dans ses forces pour s’expulser hors d’elle, se dirigeant droit vers l’insecte, suivant le fil tendu de sa volonté, sans prendre de détour. Le grésillement des ailes cessa aussitôt et l’insecte retomba au sol, avant que sa carapace ne se décompose en poussière, balayée par le souffle du vent marin.


Elia laissa l’énergie qu’elle avait invoquée repartir, ses membres pantelants tandis que la magie la quittait, désagréable sensation à laquelle elle commençait toutefois à s’habituer, devenant plus endurante, à mesure qu’elle s’entraînait et elle fit quelques pas vers l’endroit où le sort avait frappé, entrouvrant les lèvres avec fascination pour laisser échapper un souffle de surprise. Elle maîtrisait sa magie, mieux que jamais auparavant. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, se remplissant d’allégresse. Ce n’était bien sûr que peu de chose, mais elle était si fière d’avoir dépassé ses blocages qui, quelques mois plus tôt avaient manqué de brûler sa demeure familiale et lui avaient valu d’être targuée de “sorcière”. 


Contre les murs du temple, le glas d’une cloche résonna, annonçant l’office du matin et Elia procéda à ses ablutions habituelles avant de rejoindre ses sœurs dans la nef. À petits pas rapides, elle s’inséra à la suite de la procession de jeunes prêtresses qui se dirigeait jusqu’au grand autel pour y déposer des lys frais, donner de l’eau pure au bassin et disposer des amphores de vin aux pieds de la grande statue de la déesse. Elia vida dans le bassin la large cuve de métal qu’elle avait calée contre sa hanche, se délestant de cette lourde charge, ravie. Mavie, une autre prêtresse de deux ans son aînée l’interpella.


— Sœur Séléna a dit que nous ouvrons les portes ce matin. Il paraît que des navires lointains sont arrivés au port et qu’elle a un rendez-vous.
— Un rendez-vous ? Avec qui ?, s’enquit Elia, avec une pointe de curiosité.
— La déesse seule le sait !, répondit sa sœur avec entrain. Mais ce qui est sûr, c’est que l’on va avoir de la visite !, s’enthousiasma-t-elle dans un petit mouvement d’épaule lascif.
— Mavie, tu es une vraie délurée !, lança une des filles à sa suite.
— Il faut dire que cela fait longtemps que le temple n’a pas reçu de nouveaux visiteurs, concéda Elia. Ça fera du bien, un peu de sang neuf.
— Voyez-vous cela ! On dirait bien que notre petite Elia aussi est impatiente de recevoir le Premier baiser de la déesse !
— Parle pour toi. Je préfère les plus grands défis…, rétorqua Elia avec dédain. Toute femme peut perdre sa virginité aussi rapidement qu’une brise soufflerait une feuille. 
— Ne me dis pas que tu n’es pas curieuse de savoir ce que cela fait ?, s’étonna Mavie.
— Bien sûr que si…, répondit-elle en rehaussant le menton pour dissimuler sa gêne. Je… C’est juste que je ne suis pas sûre de savoir quel genre d’homme m’attire vraiment, admit-elle.
— Peut-être que tu préfères les femmes !, lança l’une d’elle.
— Ou peut-être les deux !, renchérit une autre.
— Il y a bien quelqu’un qui t’a déjà attirée, Elia !, s’enquit Mavie


La jeune femme fouilla dans sa mémoire, songeant d’abord au jeune Edric, le palefrenier, mais elle balaya cette image, aussitôt, se disant que sa toute première fois, elle voulait que cela soit auprès d’un homme qui lui inspirât plus de panache que ce brave palefrenier. Sans même adresser une pensée aux jeunes hommes des bals huppés, tous plus ennuyeux les uns que les autres, avec leurs grands discours et leurs manières précieuses, une figure lui vint aussitôt. En se remémorant les yeux de jais et la posture fière et droite, elle sut aussitôt que ce qui lui avait plu chez cet homme, c’était aussi la soif de l’aventure, le frisson du défi, le désir de faire ses preuves. 


— Il y avait bien cet homme, à Haltevoie, Roderic… Un sergent, je crois…, révéla-t-elle, avec plus de retenue, cette fois.
— Un militaire ! C’est vrai qu’ils ont de l’allure !
— Moi, je les trouve d’un ennui mortel, lança la plus âgée d’entre elles. Si attachés à leurs traditions, leur honneur, leur fierté. Un jour, tu es tout pour eux et le lendemain, rien ne compte plus que d’aller guerroyer on ne sait où… Et ça les rend tous si orgueilleux ! A chaque médaille qu’ils reçoivent, c’est comme si leur anguille devenait plus grande…
— J’entends des pépiements, au lieu d’entendre le doux chant de Dibella, mes filles…, lança Soeur Séléna en s’avançant vers elles de son pas de panthère. Un peu de tenue, vous êtes dans un lieu sacré. Mavie, Lyra, allez ouvrir les portes. Tulla, Ysabel et Livie, occupez-vous de l’accueil. Quant à Elia et Mina, je veux que vous alliez au port récupérer une commande pour le temple. Le navire s’appelle l’Immuable et son capitaine se nomme Dramis. 


Elle leur tendit un petit billet que Mina s’empressa de récupérer avant Elia.


— Donnez-lui ceci de ma part et il vous remettra ce qu’il me doit, compris ?


Les deux jeunes femmes acquiescèrent alors que les portes du temple s’ouvrirent en grand, laissant un rai de lumière s’engouffrer à l’intérieur et tracer un chemin sur le tapis écarlate menant au Dibellaseum. Mina y vit le signal pour partir.


— Ne traîne pas, Elia, tu ne voudras pas contrarier notre sœur…
— Pourquoi es-tu obligée d’être toujours aussi agréable, Mina ?, soupira-t-elle en lui emboîtant le pas.
— Oh, je ne disais pas ça pour te contrarier, répondit-elle aussitôt de son timbre aigu et mielleux. Tu as mal dormi ?


Mais Elia ne prêtait déjà plus attention à Mina. Elle poursuivait sa route, observant un groupe de personnes entrant dans le temple avant que son regard ne fut attiré par-delà les coursives menant aux jardins. Par la porte entrouverte, dans la cour, elle aperçut un serviteur de Dibella qu’elle avait déjà vu à de multiples reprises, enseigner à un jeune impérial de son âge, le teint hâlé par le soleil, des mouvements de combat à l’épée qui, de là où elle se trouvait, étaient exécutés avec tant de souplesse et de grâce qu’ils ressemblaient presque à une danse.


— Tu as déjà vu une chose pareille ?, murmura Elia à sa compagne d’infortune. Tu savais qu’ils enseignaient l’art de l’épée, ici ?
— Hmm ? Bien sûr que je le savais, répliqua Mina, vexée que sa partenaire l’ait ignorée.
— Tu sais tout, toi, si je devais te croire, maugréa Elia avec humeur.


Elles gagnèrent le port, traversant la ville dans le sillage des passants, marchands et colporteurs qui arpentaient les rues. Elia retrouvait avec plaisir l'effervescence des quais, les débardeurs qui déjà s’activaient à décharger des navires amarrés au port, transportant de pesantes caisses chargées de poisson frais, de fruits de mer, d'olives et de vin, tirant sur des bouts pour faire descendre d'autres cargaisons encore. Certains marins s'arrêtaient sur le passage des deux prêtresses, délicates créatures en ces lieux où le sel et le soleil avaient buriné les visages et où les éléments violents avaient laissé marques et cicatrices et forgé les corps. 


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— Ils me dégoûtent… siffla Mina lorsqu'un marin les héla. Non, mais pour qui ils se prennent…
— Il faut les comprendre, certains n'ont pas dû voir de femmes depuis des semaines, ils doivent être contents… Et puis, moi, je trouve que certains ont de l'allure, on voit qu'ils ont du cran. Regarde cet homme, là.


Mina plissa les yeux en guettant la personne qu'Elia lui avait désigné d'un geste discret du menton, un vieux briscard qui s'était affranchi de sa chemise, le torse cousu de cicatrices et la peau tannée comme du cuir, un long sabre battant contre sa jambe à chacun de ses mouvements, ses yeux cachés sous d'épais sourcils noirs semblaient avoir vu l'univers.


— Ce type-là ?!, s’époustoufla Mina, comme si elle peinait à y croire. Oh non, Elia, tout de même !
— Quoi ? Ne me dis pas que tu ne lui trouves rien de séduisant ?
— Je ne sais même pas par où commencer ! Il est bien plus vieux que nous, il est crasseux, il n'a aucune grâce, son nez est tout cabossé et… là, je suis presque sûre qu'il vient de cracher par terre.
— Dibella ne nous enseigne-t-elle pas à trouver la beauté dans chaque chose et chaque être ?, répliqua malicieusement Elia.
— La déesse t'a dotée de sa vision bienfaisante, ma sœur…, capitula-t-elle, dans un simulacre de sourire, en reprenant sa marche. Bon… où va-t-on trouver ce navire… comment s'appelait-il ?
— L'Immuable. Et le capitaine se nomme Dramis.


Comme à la mention d'un mystérieux sésame, un des hommes des quais s'arrêta à leur niveau pour leur demander :
— Vous cherchez Dramis ? Il vient d'arriver, sur le quai douze. 

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Elia et Mina s'empressèrent de s'incliner pour le remercier platement, se dirigeant vers le ponton excentré où un imposant galion se trouvait amarré, des marins s’activant tout autour tandis qu’un notable aux atours précieux s’affairait à inventorier les denrées, plume et parchemin en main. Il ne leur fut pas difficile de débusquer le capitaine qui s’entretenait avec le riche bourgeois pendant que son second envoyait voler des ordres au reste de l’équipage.


— Le voilà !, s’exclama Mina, ravie. Allons-y.


Mais tandis que Mina s’élançait déjà vers le capitaine, le petit billet soigneusement plié de sœur Séléna à la main, Elia se retourna vivement, la sensation qu’une main lui pressait l’épaule. Soudain, ce fut comme si l’iode présente dans l’air dégageait une odeur plus piquante, les étendards aux mâts des navires claquant dans un vent subit et, au loin, vers l’océan, là où la mer avalait le ciel, une voix de femme l’appelait : “Elia…”


Déroutée, elle chercha autour d’elle, humectant ses lèvres qui semblaient couvertes de sel, tant elle fut surprise par le goût que sa langue rencontra. Au milieu des quais, elle manqua de se faire bousculer par un débardeur.


— Du vent, ma jolie, y’en a qui bossent ici !


Elle se recula vivement, encore troublée par les sensations qui s’étaient emparées d’elle. Elle sentait la magie l’appeler, impétueuse, comme lorsqu’elle avait fait appel à elle ce matin. Le vent s’était calmé et le goût de sel n’était plus qu’un souvenir et c’est alors qu’elle tendait l’oreille pour tenter de percevoir la voix qu’elle avait entendue, qu’elle surprit une conversation animée. Près d’un vaisseau de ligne, assis sur des caisses, des marins se disputaient une partie de dés. Un orc paraissait raconter une histoire trépidante, redressant la manche de sa chemise rapiécée de toutes parts pour afficher une vilaine brûlure qui lui barrait l’avant-bras.


— Ce corniaud m’a pas loupé, mais ça aurait pu être pire ! Un peu plus et le bateau partait en flammes !
Son adversaire cracha au sol.
— Sale race que ces pyromans… Y z’ont pas peur de faire monter ces types-là à bord d’un raffiot ? Un pet de travers et v’la que les planches elles foutent le camp. T’as eu bien d’la veine d’avoir que ça. Ça s’est mal fini pour un d’mes potes…
— Il est pas né ç’ui qui m'fera tomber, qu'y soit mage ou fin bretteur, j'en ai vu d'autres ! N'empêche que le gars était fort. J'étais sur l’pont principal, j'avais occis trois d'ses p'tits copains, les gars voulaient pas s’rendre, alors qu'on avait le dessus. “La Flamme Noire” qu'ils hurlaient tous, paraît qu'le type était du genre connu. Ils étaient sûrs qu'il allait les sauver et franchement, il aurait pu. Un claquement de doigts et l’bateau était en feu. Mais il était gourmand l'saligaud. J'avais zigouillé un d'ses potes apparemment, alors au lieu d'suivre les ordres de son capitaine, y s'est rué vers moi, il a enflammé son épée à la con et tchac, tchac ! Putain… il était rapide ce couillon. J’ai esquivé les quatre premiers coups, mais l’cinquième, ça a pas loupé, ses flammes de merde m’ont roussi les poils. Oh là, franchement, j’en ai eu marre, j’ai pris son épée et j’lui ai mis un bon coup d’fléau droit dans les parties. Ah y faisait moins le malin. Par contre, j’ai douillé, c’est clair. Mais j’peux t’dire qu’y z’étaient contents les gars d’l’Alliance quand on leur a remis c’t’engin. Et maintenant, leur pactole, il est à nous. Et quand j'aurai terminé d'te mettre une raclée, j'aurais encore assez d'énergie pour aller en faire profiter une belle donzelle, haha !
L’orc, les jambes étendues devant lui, étirant les bras derrière sa tête en se basculant en arrière, éclata d’un rire qui fit trembler tout le port, mais nul ne semblait y prêter attention. 
— Ouais, c'est ça, compte là-dessus, Gorgo, en attendant, c'est moi qui gagne ! Suite aux dés…
— Excusez-moi…, intervint Elia qui s'était rapprochée pour écouter le récit de l'orc.


Les deux hommes tournèrent aussitôt la tête vers elle, décontenancés. Le Rougegarde en face de l’orc prit une expression narquoise, lui faisant un geste du coude.


— Eh, toi qui cherchais d’la donzelle fraîche…
— Ta gueule, Kain. Qu’est-ce que tu veux ?, reprit-il à l’adresse d’Elia, d’un ton moins bourru.
— Je n’ai pas pu m’empêcher d’écouter votre histoire… C’est impressionnant.
L’Orc redressa le buste, sa lèvre inférieure découvrant un peu plus ses imposantes canines. Elia poursuivit.
— Vous êtes quoi au juste ? Des pirates ?
— Des pirates ?! Haha, attention aux gros mots qu’t’emploie ici, ma belle. On est des corsaires. On est réglos, pas comme ces enfoirés, sans foi ni loi.
— Des corsaires…, répéta-t-elle avec fascination. Et ça consiste en quoi ?
— Ben, un grand ponte de la marine nous donne une mission, intercepter du butin, détruire un navire de guerre, capturer des gars importants et nous, on exécute. Et à la fin, on a le droit d’garder le surplus. On est sur la mer tous les jours, on défonce des crânes, on vit au grand air, on profite de la bonne chère et on a une femme à chaque port. Le plus beau métier du monde, quoi !, lança-t-il en adressant un clin d’œil à son camarade qui ne pouvait s’empêcher de lorgner sur Elia comme s’il s’agissait d’un festin particulièrement appétissant.


Elle s’efforça d’ignorer le Rougegarde dénommé Kain. La bonhomie de l’Orc et ce qu’il lui disait était infiniment plus intéressant à ses yeux.


— Et… Il faut une formation pour devenir corsaire ?
— Une formation ?! – L’Orque s’esclaffa. Hohoho ! Une formation, elle est bonne celle-là ! Un corsaire met l’pied sur un bateau et il apprend sur l’tas ! Tu vas quand même pas apprendre à affaler des voiles dans un bouquin !
— Croyez-moi, je préfère ça, fit-elle dans un rire. Et votre bateau, il va un peu partout, c’est ça ?
— Mer Abécéene surtout. On maîtrise ce coin-là et crois-moi, les typhons sont plus violents qu’on l’pense. Mais y’a pas deux capitaines comme Gjarmund ! Ce gars-là, y connaît ce coin de Tamriel comme personne. C’est bien simple, c’est l’meilleur ! J’sais qu’tout l’monde dit c’genre de truc, mais là, c’est vrai.
— Et c’est son bateau, là ? Le trois-mâts ?
— Une frégate ! Et ouais, c’est not’ navire. 
— Donc… Si je voulais devenir corsaire, demain, je pourrais ?


Le dénommé Gorgo s’arrêta de rire aussitôt pour dévisager Elia avec perplexité. Finalement, il se releva pour faire quelques pas vers elle et la jeune femme, par prudence, posa un pied en arrière, impressionnée par la haute et puissante stature de l’homme qui lui masquait le soleil. Il l’inspecta de pied en cap, ses narines se dilatant tandis qu’il humait l’air près d’elle, puis il attrapa ses mains, approchant sa paume de son visage. Elia le dévisagea, interdite, se demandant s’il s’agissait là d’une coutume mystérieuse connue des marins seuls ou encore d’un antique rite orc, puis elle baissa les yeux. Ses mains aux longs doigts délicats semblaient si fragiles dans l’épaisse patte de l’Orsimer à la peau calleuse.


— Tu tiendrais pas deux secondes, princesse. Ce boulot, c’est dangereux. Les gars avec qui tu travailles sont dangereux. Avec ton joli minois, tes belles manières et tout ça, t’as pas besoin d’mettre ta vie en danger comme ça. Un conseil ma mignonne : reste en vie. J’aimerais pas voir une jolie fille comme toi s’faire du mal.


Elia arracha ses mains de celles de l’orc qui n’opposa pas de résistance.


— Vous ne savez rien de moi. Alors quoi ? Il n’y a pas de femmes chez les corsaires ?
— Bien sûr que si, mais… ‘Fin… Elles sont pas comme toi… Et puis si j’avais su qu’tu demandais ça pour ça… J’t’aurais pas vanté not’ navire, moi…
— Et selon vous, je devrais faire quoi ? Vu que je suis juste jolie ?, poursuivit Elia, véritablement vexée.
— Ben, qu’est-ce j’en sais moi ? Lire des poèmes ? Danser ? Épouser un joli seigneur ? J’en sais rien, moi, ma jolie, j’y connais rien à tous ces trucs !


Elia secoua la tête de droite à gauche, estomaquée.


— Je n’arrive pas à y croire… Des poèmes ? Danser ?! Par Dibella ! Vous savez quoi ? J’emmerde vos préjugés. Voilà !


Elle n’eut pas le temps de remarquer l’expression pantoise de Gorgo, qu’elle fit aussitôt volte-face, reprenant la direction de la ville, mais elle entendit dans son dos le rire tonitruant de l’orc, époustouflé.


— Hahaha ! Elle, j’l’aime bien ! T’as entendu ça, Kain ?! 


La jeune femme esquissa un discret sourire en coin quand la voix de Mina lui parvint, essoufflée. Elle tenait une petite caisse de bois rectangulaire à pan coulissant.


—  Elia ! Mais où étais-tu passée ? Cet orc ne t’a rien fait ? Je l’ai vu te prendre les mains.
— Non, tout va bien Mina. Tu as ce qu’on est venues chercher ?
— Oui… J’ai tout ce qu’il faut. Heureusement que tu es venue m’aider.


Ignorant une nouvelle fois la remarque de son acolyte, elle fit quelques pas jusqu’au maître des quais, affairé à contrôler son registre, puis elle demanda, rapidement, désignant le navire que lui avait indiqué l’orc :
— Cette frégate, là. Vous savez combien de temps elle reste à quai ?
— Le Dévoreur de Sloads ? Laissez-moi regarder… Deux jours. Oui, c’est cela.


Le nom du navire souleva mille tambours de guerre en son être. La pensée folle qu’elle pouvait en faire partie. Le vent qui se gonfle dans les voiles. La mer qui gronde dans ses oreilles. Un équipage qui se déplace comme un seul homme. Le bruissement des ailes des oiseaux de mer, comme un milliard de feuilles battues par les éléments. La foudre qui s’insinue en elle, lui murmurant de l’envoyer se projeter contre le danger. Tout cela l’appelait d’une manière inextricable. En entendant parler Gorgo, elle ne pouvait se résoudre à imaginer qu’elle n’était qu’un joli minois. Les paroles de Sœur Séléna revinrent en sa mémoire. “Les femmes sont des conquérantes”. 


— Je ne suis pas sûre que Sœur Séléna approuverait que tu parles à ces personnes, Elia…
— Oh par pitié, Mina, décoince-toi un peu et occupe-toi de tes affaires ! Ce n’est certainement pas sœur Séléna qui t'a appris ce rôle de petite sainte-nitouche. Qu'est-ce que tu as à prouver, au juste ?


Mina dévisagea Elia, la colère faisant tressauter ses lèvres délicates, elle s’efforçait toujours de garder contenance. Elia fronça les sourcils en voyant l'air de satisfaction malsaine qui s'étalait peu à peu sur son visage.


— De toute façon, on dit qu'il n'arrive que des mauvaises choses aux filles qui ont des mauvaises fréquentations… Il ne faudra pas t'étonner quand ça t'arrivera à toi aussi, glissa-t-elle en reprenant la direction du temple avec dédain.
— Quelle cinglée…, lâcha Elia en levant les yeux au ciel, avant de lui emboîter le pas.


En rentrant au temple, l’effervescence ne faisait que commencer, il fallut accueillir, prier, célébrer, faire résonner les cordes des instruments et lorsqu’elle revint, la discussion avec le corsaire orc semblait plus à un rêve aux yeux d’Elia qu’à un véritable événement. Elle se rassura en se disant qu’aucune personne dotée de bon sens n’aurait quitté une telle position si confortable pour aller s’embarquer sur un navire rempli des pires crapules et que c’était certainement là une divagation de son esprit, un caprice de jeune fille trop gâtée qui croit que tout lui est dû et que chaque chose est possible. Après tout, n’excellait-elle pas dans son rôle de prêtresse ? Ne s’était-elle pas découvert des charmes insoupçonnés ? N’était-elle pas parvenue à mieux maîtriser ses pouvoirs sous les enseignements éclairés de Sœur Séléna ? Qui plus est, nombreux étaient celles et ceux qui félicitaient ses talents pour la musique, elle pouvait goûter à sa guise quantité de vins et de mets délicieux, errer au soleil dans les jardins de plaisir en portant des robes de soie aussi légères qu’une brise et, quand l’envie lui prenait, se fondre dans un bain parfumé avec pour seule préoccupation de rendre sa peau plus douce et ses cheveux plus soyeux. Qui aurait troqué cela, cette vie de plaisirs et de volupté, contre la rude existence à bord d’un navire de corsaires ? 
Pourtant, les mots de l’orc continuaient de vibrer dans l’esprit d’Elia : “Tu tiendrais pas deux secondes, princesse.”, “Le plus beau métier du monde, quoi !”. Malgré toutes les douloureuses blessures de guerre qui cinglaient sa peau, cet homme avait l’air plus heureux qu’un roi. Et sans savoir pourquoi, elle le comprenait. Comme si une part d’elle était constamment perdue, à mi-chemin entre ce monde de douceurs et de raffinement et celui plus brutal auquel elle ressentait cet inexplicable besoin de se confronter, à la manière d’un bélier battant une porte close, mais demeurant bien sagement dans son enclos.


Dans l’après-midi, Sœur Séléna la fit mander et elle crut aussitôt que Mina avait certainement dû se plaindre de son comportement au port. Mais quand elle l’accueillit dans son office, elle était aussi calme et bienveillante que de coutume.


— Tu as fait de grands pas depuis que tu es arrivée ici, Elia. Le petit Lys s’est beaucoup épanoui.
— Vos enseignements m’ont été très utiles, Sœur Séléna. Je ne me rendais pas compte de combien ma vision du monde était étriquée avant de vous connaître.
— Elle ne l’était pas, voyons. Tu regardais le monde depuis une lucarne et je me suis contentée de t’offrir une plus grande fenêtre. Ton esprit était ouvert et souple. C’est une belle force que j’aimerais que tu conserves.
— Je n’y manquerai pas, ma Sœur.
— J’ai reçu une lettre de ton honorable père.
— Père ? Il vous a écrit ? À quel sujet ?, questionna Elia, sans dissimuler son étonnement.


Bien sûr, son père lui avait envoyé des lettres, chaque fois qu’il l’avait pu, trop au goût d’Elia qui en recevait une nouvelle chaque semaine. Elle lisait clairement dans ses mots combien elle lui manquait, mais cela lui donnait presque la sensation d’étouffer.


— Ton enseignement ici arrive à son terme, Elia et il aimerait te voir revenir avant ton dix-huitième anniversaire. Il pense que le temps vous aura permis à tous les deux de faire mûrir vos pensées et que tu dois réfléchir à ton avenir au sein de la société.


Elle eut la sensation d’avoir avalé un poids de plomb. Rentrer chez elle. Elle n’avait pas songé à cela. C’était d’ailleurs tout à fait inimaginable. Comment pouvait-elle songer ne serait-ce que reprendre le cours de sa vie à Haltevoie, s’occuper de la maison avec Père, aider Gervaise à préparer les dîners, se rendre aux soirées huppées et s’adonner à la broderie dès lors que la lassitude se ferait sentir ? Porter à nouveau un corset et nouer ses cheveux ? Après avoir découvert cet autre monde, l’ancien lui paraissait archaïque, dépassé.


— Rentrer ?, parvint seulement à balbutier Elia. Mais quand ?
— Un navire arrivera à Cœur-Enclume à la fin de la semaine, ton père écrit qu’il a envoyé votre gouvernante pour venir te chercher, afin que tu rentres en toute sécurité.
— Mais… Non, Sœur Séléna, je… J'ai encore bien des choses à apprendre ici et… vous-même disiez que j'étais très douée !
— C'est vrai. C'est pourquoi je n'ai plus rien à t'apprendre. Tu as toutes les clefs à présent. Il n’appartient plus qu’à toi d’en faire ce que tu veux et de forger ton destin.
— Mais…
— Réfléchis à cela, Elia. 


Blême, Elia se contenta de hocher la tête et de bredouiller un bref “d’accord” avant de prendre congé. Que voulait dire la prêtresse par ces mots sibyllins ? Sous-entendait-elle qu’elle était libre de décider de ce qu’elle voulait faire de sa vie ? Elle savait pourtant pertinemment que son père n’accepterait jamais qu’elle se mette au-devant du danger. Et puis, rentrer, cela signifiait aussi retrouver les incessantes disputes au sujet de sa mère. Son père l’autoriserait-il seulement à user de sa magie, lui qui en avait si peur ? 
C’est alors que, comme les éléments semblaient lui murmurer des idées, une pensée qu’elle n’avait encore jamais osé caresser vint se présenter à son esprit et, cette fois-ci, elle la laissa parler.


Et si elle ne rentrait pas chez elle ?
Jamais ?
Et si elle choisissait un tout nouveau destin, une toute nouvelle vie ?
Ne sentait-elle pas tous les éléments s’unir et converger vers elle ? N’avait-elle pas entendu la mer l’appeler, là, au port ? N’avait-elle pas cru sentir le vent sous les ailes des oiseaux sauvages ? Perçu son cœur battre un peu plus fort à chaque orage ? Si demain, elle décidait de qui elle était, que serait-elle ? Une dame ? Une prêtresse ? Une sorcière ?


— Une combattante, murmura-t-elle en arrêtant sa marche dans les coursives. 


Elle le savait, elle sentait cette force, cette rage l’appeler. Elle était là depuis longtemps, elle voulait s’y confronter. Les prêtresses lui avaient apporté une immense délicatesse, mais elle savait que sa vraie vie l’attendait, dans un monde fait de sel, d’acier, de bois et de coups. La réponse à son dilemme lui paraissait claire. Elle n’avait pas de plan, mais une idée bien ancrée.


Aussi, le lendemain, bien avant que la première cloche ne sonne et que le jour ne se lève, elle se rendit à la bibliothèque du temple, subtilisa discrètement quelques livres sur la magie des éléments qu’elle n’avait pas eu le temps de parcourir et les rapporta dans sa chambre sans plus tarder, étalant sur son lit les possessions qu’elle avait rapportées de chez elle. Principalement des jolies robes, des corsets, des rubans et des bijoux, autant d’atours qui ne lui avaient pas servi ici et qui ne seraient pas plus utiles à bord d’un navire. Il y avait aussi le médaillon qui entravait ses pouvoirs autrefois ; pour une raison qui lui échappait, elle n’avait pas pu s’en séparer. Après tout, c’était le souvenir qui la rapprochait le plus de sa mère. 


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Elle observa les étoffes précieuses avec dépit puis déplia un corset, pensive. Si elle ne gardait que l’armature, cela pouvait constituer une sorte d’armure. Elle mit le plus sombre de côté et découpa les pans d’un de ses sacs de cuir pour entourer le corset avec et le coudre au-dessus. Elle mit également de côté une chemise ample, un pantalon d’équitation et une paire de bottes hautes, puis fourra dans son sac de voyage le médaillon de sa mère, un peu d’or que lui avait envoyé son père, les livres de magie et une gourde d’eau. Elle passa ensuite le reste de sa journée dans une sorte d’état second, à la fois grisée à la perspective de la folie qu’elle était sur le point de commettre et terrifiée à la pensée qu’il s’agisse là de la plus monumentale erreur de sa vie. 
Lorsque le jour déclina, à l’heure du dîner, elle se força à manger copieusement, quand bien même elle avait le ventre noué et elle emporta avec elle deux petits pains aux olives qu’elle fourra dans son sac, s’efforçant d’être discrète.


Lorsqu’elle fut certaine que tout le monde était endormi au temple, elle noua ses cheveux en une simple tresse, enfila son armure improvisée et replia sa robe blanche qu’elle déposa sur le lit qu’elle n’avait pas défait, l’accompagnant d’une lettre pliée en deux. Les entrailles se resserrant une fois de plus, elle passa son sac par-dessus son épaule, se mordit la lèvre et ouvrit la porte. Il n’était plus temps de reculer.


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“Chère Sœur Séléna, 


Je ne saurai jamais vous exprimer combien votre enseignement fut précieux et j’espère que vous ne verrez pas dans mon comportement une trahison ou une quelconque offense…”


Les coursives du sanctuaire étaient vides. Elia repensa à la danse et s’efforça de rendre ses déplacements plus légers qu’une plume. La pierre enveloppa ses pas.


“Sachez que sans vous et vos paroles inspirantes et pleines de sagesse, je n’aurais jamais trouvé le courage de prendre mon destin en main et de choisir une voie qui me soit propre.”


Elle parcourut le transept, passant devant le grand autel où les rayons de lune baignaient le bassin sacré, donnant aux lys blancs déposés à sa surface un aspect irréel, éthéré. Du haut de ses huit mètres, la statue de la déesse semblait lui adresser ses encouragements, le regard rivé vers l’horizon, comme une invitation à s’élancer vers l’inconnu.


“Je réalise aujourd’hui que, lorsque je suis arrivée chez vous, je n’étais qu’une adolescente en colère, perdue et sans perspectives. Votre force innée et la beauté de Dibella ont su guider mes choix en ce moment si crucial.”


Longeant la nef par les bas-côtés, à l’ombre des cierges, elle resserra son emprise sur la lanière de son sac. Plus que quelques pas et elle serait en dehors du sanctuaire. La porte de service n’était presque jamais fermée. 


“Grâce à vous, j’ai pu voir la beauté dans chaque destin. Certaines femmes sont vouées à être des dames, d’autres des prêtresses, des artisanes, des érudites, des artistes, des politiciennes…” 


La poignée s’abaissa et la porte à la peinture écaillée s’ouvrit dans un raclement contre la pierre. Avec le temps, le bois avait gonflé et les gonds grinçaient. La brise nocturne l’accueillit comme une vieille amie. Elle adressa fébrilement un dernier regard dans son dos. Personne. Le temple était plongé dans le calme et reflétait plus de beauté que jamais, les fleurs exhalant leur délicat parfum, à tel point qu’elle avait presque la sensation que Sœur Séléna l’observait. Elle quitta le sanctuaire sans plus attendre. Elle craignait d’être poursuivie par des remords. 


“Et je sais que je dois encore trouver ma voie.  Désormais, je sais que je peux y parvenir. Je me suis émancipée de tout ce qui restreignait mes mouvements et ma pensée. Vous aviez raison : ce carcan m’étouffait. Il emprisonnait jusqu’à ma magie.” 


Arrivée dehors, elle marcha d’un pas vif dans la ville, battant le pavé de ses bottes le long des rues qu’elle connaissait bien désormais, mais qui prenaient une tout autre forme dans le secret de la nuit. À mesure que l’air marin lui parvenait, son cœur battait un peu plus fort. Bientôt, se dessinèrent les contours du port. À l’entrée de la ville, un garde somnolant ne remarqua même pas l’ombre fluette qui passait devant lui et se coulait jusqu’aux quais. 


"C’est donc en l’honneur de tout ce que vous m’avez appris que je formule cette promesse : je serai seule maîtresse de mes choix et en assumerai toujours les conséquences et je deviendrai une sorcière assez puissante pour qu’un jour, mes sorts résonnent jusqu’à vous."


Là-bas, l’ambiance était bien différente. Des marins ivres déambulaient sur les planches, beuglant des chansons à peine compréhensibles, au coin des baraques de pêches, les ombres semblaient se déformer et se multiplier, Elia distinguant une bourse passer d’une main à une autre sous une cape et, près d’un vieil entrepôt défraîchi, elle crut percevoir les silhouettes de deux corps affairés à de bien primaires besognes. Elle se sentit soudain infiniment vulnérable, se demandant ce qu’une jeune femme sans histoires comme elle pouvait faire en un tel lieu et elle ne semblait pas être la seule à le penser, au vu des regards que certains lui lançaient. “Je suis une sorcière”, se répéta-t-elle en appelant sa magie à elle. “Je suis une sorcière.”


"Je vous souhaite le meilleur, Sœur Séléna, et espère que nos routes se recroiseront un jour. 
Que Dibella vous garde. 
Avec toute ma considération, 
Merci pour tout,
Elia"


La foudre taquinait ses mains, compagne rassurante et elle se sentit même plus rapide dans ses mouvements, filant à petits pas vifs vers l’imposante frégate au bout du quai. Cherchant parmi les vaisseaux, un détail qu’elle n’avait pas remarqué la dernière fois attira son attention et retint un éclat dans ses yeux gris. En lettres d’or d’une magnifique calligraphie, gravé sur la coque épaisse, on pouvait lire ceci : “Le Dévoreur de Sloads”. “C’est mon navire.”, songea-t-elle alors qu’elle se dirigeait d’un pas assuré vers la sentinelle et déclarait, cachant sa nervosité sous une assurance sereine :


— Je veux parler au Capitaine.


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