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Date d'inscription : 12/03/2023
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Retrouvailles
Sam 27 Avr - 23:47
Retrouvailles
Le ginkgo à côté de l’entrée du Magisterium venait de voir s’épanouir ses premières fleurs en ce début de printemps. Séthisa s’était assise en dessous, à l’abri du soleil et de ses reflets sur la sphère mécanique en lévitation au-dessus de la fontaine.
Une feuille virevolta de l’arbre, terminant sa lente chute sur sa couronne de fleurs, se posant en équilibre entre un lys d’un blanc immaculé et une promesse de Dibella d’un pourpre à peine moins sanglant que ses yeux.
Abdussah arriva par le portail d’un pas traînant. Tout son torse et ses bras étaient couverts de bandages tandis que ses yeux clignaient dans un rythme intermittent tout en refusant de s’ouvrir totalement.
La violence avec laquelle le raga claqua la grille arracha la dunmer à ses pensées.
- Grande sœur! éructa la voix du pugiliste, encore plus éraillée et ferreuse que d'ordinaire .
Abdussah la rejoignit en exécutant des petits de pas de danse donnant l’illusion qu’il flottait au-dessus du sol.
Séthisa émit un petit rire d’une grande douceur en secouant la tête devant le spectacle.
- T’as l’air de bien te porter Séthi, on m’a…
L’apprentie magicienne ne le laissa pas finir, sautant dans ses bras avec affection. Ce genre de démonstration d’affection était rare entre les orphelins et donc précieux. Abdussah passa donc, outre la douleur, ses bras hypertrophiés dans le dos dénudé de sa sœur.
-Ouai, tu m’as manqué aussi, mais pas la peine d’être aussi démonstratif.
Le ton était léger et la délicatesse avec laquelle il serrait sa grande sœur contre lui ne laissait aucun doute sur ses véritables sentiments.
Avec une grâce féline, Séthisa ôta ses bras des dorsaux saillants du rougegarde, s’échappa de son étreinte et revint s’asseoir sous le gingko en l’invitant à la rejoindre.
Abédé obtempéra et tandis qu’il s’asseyait avec nonchalance à ses côtés, elle passa ses doigts sur les nouvelles balafres à vifs sur son visage, puis joignit ses indexes et ses pouces pour représenter un cœur.
- Tout le monde me dit ça, s’indigna -t-il faussement. A chaque nouvelle cicatrice, on me complimente à croire que chacune d’elles m’embellit. Ça me laisse songeur sur mon charme du temps où mon visage était immaculé.
La grande soeur chassa la remarque dans un rire étouffé et d’un geste de dédain. Elle lui attrapa la main gauche, puis particulièrement l’annulaire, comme à la recherche d’une bague de fiançailles. S’il avait pu rougir, la figure du rougegarde aurait été aussi empourprée que le diamant rouge impérial. Au lieu de cela, son inconfort se traduisit par une posture recroquevillée et une affreuse grimace.
-Je ne sais pas ce que t’on raconté les autres mais avec Cicéris, c’est très récent. Le mariage n’est pas du tout à l’ordre du jour. Mais on trouvera bien d’autres occasions pour tous se réunir, comme à l’ancienne.
Séthisa fit une moue boudeuse, salement déçue par la réponse. Revigoré, Abdussah se redressa dans une expression narquoise. Il passa son poing sur les cheveux rouge vif de sa sœur et les frictionna à la manière d’une brosse, reproduisant là, l’une des techniques de martyrisation favorite de sa grande sœur quand elle l’avait éduqué à la dure à l’orphelinat.
Quelque chose le gêna dans la texture et la résistance du cuir chevelu qui lui fit arrêter son geste et arquer un sourcil de surprise.
-Tu portes des perruques toi, maintenant?!
Les yeux rougeâtres de la dunmer s’illuminèrent avec férocité.
- C’est une excellente idée, ricana le pugiliste en déviant coup pour coup les deux poings qui se dirigeaient avec rage vers sa tempe. Ça te donne toute latitude pour te faire tout un tas d’ennemis, s’ils te subtilisent une mèche de cheveux pour te maudire, c’est un pauvre atelier ou salon de beauté en Elsweyr ou Colovie qui en payera les frais.
La fureur de Séthisa s’apaisa dans un nouveau rire étouffé. Elle finit de se calmer en arrachant un pavé au sol déjà bien descellé puis le jeta dans la fontaine pour le voir couler à pic avec satisfaction.
- Sur une note plus sérieuse, ça se passe bien avec les autres élèves?
L’apprentie magicienne fit trembloter son poignet pour signifier que ça allait, à peu près.
-J’imagine, acquiesça le pugiliste, qu’il faudra du temps pour que la communication avec eux devienne vraiment limpide. Et s’ils y mettent de la mauvaise volonté, fait tienne la maxime préféré de Prodige, le meilleur d’entre nous: «Qu’ils aillent se faire foutre.»
Elle frissonna. Même pour son petit frère qui la connaissait par cœur, ce fut ardu à interpréter. Il hésitait entre excitation ou appréhension de tenter de sympathiser à nouveau avec les pensionnaires. Ou peut-être était-ce simplement le vent qui commençait à souffler.
Une bourrasque arracha un bandage mal appliqué sur le bras du rougegarde révélant la chair à vif au niveau de l’avant-bras. Elle grinça des dents devant le spectacle et lui adressa un regard compatissant, imaginant sans mal par expérience la douleur qu’il ressentait.
Abdussah, lui, éclata d’un rire léger et désinvolte en posant les yeux sur la blessure. Pour le reste, il conserva une attitude impassible.
- Sourit un peu Séthisa. Je n’ai plus mal depuis que tu es là.
[Fin]
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