L'Ordre des Lys et du Serpent
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Betsy
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31. Le sang des Mers  Empty 31. Le sang des Mers

Lun 25 Avr - 13:11
31. Le sang des Mers  CKhvetwtoY8azzUf5jpFknImK4zFVUf7yyvzWaXupfPm3cC12bi5K5YjyDtP35dg8a4B7eXD54GxozZQacuOXWPDM90A9VGiDqfLTKppqGhOjm0HBG0OgwLOCB0zY3xgUoqDHMm_
Famia.


La chef des clans, suivie de près par Famia descendirent de leurs montures et Mickaëlla sauta à la taille de sa tante avec empressement, dans un torrent de larmes. Famia serra la mâchoire en relevant les yeux vers Aeva en l’interrogeant du regard, enroulant ses bras autour de la jeune fille. La mère de Mélicendre pinça ses lèvres en l’observant un air de désolation sur son visage. Elles s’avancèrent toutes deux vers elle d’un pas décidé. Et Aeva lança la conversation qu’elle redoutait sans plus attendre, craignant que les ragots ne se propagent plus vite à leurs oreilles, rendant ainsi la situation irrattrapable. 


  • Mère des clans, Famia… Bon retour parmi nous. Fit-elle en inclinant la tête respectueusement. 
  • Aeva. Puis-je savoir ce qui met ma nièce dans cet état ? Où est sa mère ? Demanda Famia en fronçant les sourcils
  • C’est vrai. Où sont les filles ? Elles ne nous accueillent pas ?  Reprit Saphia, perplexe.
  • Je… Je suis désolée… Dallia… Aucune d’entre elles n’a survécu. Souffla Aeva en fermant les yeux.



Famia posa son regard sur la jeune Mickaëlla toujours emmitouflée dans ses bras en l’étreignant plus fort, caressant ses cheveux  de sa main. Son regard s’assombrissait soudainement et sa mâchoire se crispa de petits spasmes rapides. 


  • Que s'est-il passé ? Comment le sais-tu ? As-tu au moins une preuve de ce que tu avances ? 



Famia parlait rapidement avec agressivité, se laissant emporter par la colère créée par la perte de sa sœur. Aeva expliqua alors, les informations nouvelles dont-elle disposait sur sa mort sans oublier de préciser le retour de Mélicendre au campement avec la volonté de se réunifier puis annonça avec tact et douceur son marché avec Aesril,  ses découvertes sur Lyanawën et Dallia. Saphia et Famia écoutaient attentivement alors qu’elle soupesait ses mots.


  • Aeva, tu es en train de nous dire que tu as laissé un Altmer entrer dans le camp ? Sans surveillance ? Sans l’avoir interrogé sur ses intentions ? Et tu le laisses soigner nos blessés ? Est-on vraiment certaines qu’il les soigne ?! Demanda la mère des clans en haussant le ton.   
  • Je suis avec lui à chaque instant et quand ce n’est pas le cas c’est ma fille qui l’accompagne. 
  • Oh… Mélicendre donc, celle qui nous a mises dans cette incroyable situation ? Oui… Oui… Et qui est partie pendant… Hum… dix-sept ans ? Et si c’était à cause d’eux tout ça ? Et s’ils travaillent pour elle ? T’es-tu au moins posé la question, Aeva ? Ou as-tu été assez stupide pour penser que ta fille revenait après toutes ces années sans raison, juste parce qu’elle voulait te revoir ? Cracha Famia avec amertume.
  • Bien-sûr que non ! Famia. Mélicendre est ici puisqu'elle aussi est traquée par cette femme et elle aussi, comme nous toutes, perd ses pouvoirs, sa puissance… Elle désirait récolter des informations sur ce qu’il se passait au camp à son arrivée, puis  elle a pris sa décision, la cérémonie aura lieu demain, Mélicendre est prête. Expliqua Aeva en se tournant vers Saphia, qui semblait songeuse. 
  • Je veux leur parler ! Trancha Famia d’un ton glacial.
  •   Je viens de t’expliquer, Famia…
  • … Je veux l’entendre de leur bouche ! Je me ferais ma propre idée. Coupa-t-elle



La mère des clans qui était restée dans ses pensées un instant redressa le menton, les yeux transperçant Aeva, avant de prendre la parole d’une voix forte.


  • Bien. Je vais leur parler à tous les deux. Je jugerais de ce qu’il convient de faire avec l’Altmer. Famia, toi tu t’occupes du prisonnier, veille à ce que l’on arrive à savoir ou ce cache cette… maudite femme.
  • Saphia ! Il a découvert ma sœur ! Il est le seul à l'avoir vue pour la dernière fois, laiss…
  • Immédiatement Famia ! Ordonna-t-elle d’un ton sec en lui lançant un regard noir



Elle s’exécuta sans saluer les deux femmes emportant avec elle Mickaëlla et mandata autres deux femmes pour traîner le prisonnier inconscient sous l’une des tentes.
La chef des clans s’approcha de l’oreille d’Aeva, les lèvres pincées, en murmurant.


  • J’espère que tu sais ce que tu fais et que tout ceci n’est pas une mauvaise blague, Aeva. Nombreuses d’entre nous sont mortes sous les coups des hommes de cette femme. Alors crois-moi… Si j’ai le moindre doute, pour l’Altmer comme pour ta fille, je scellerai leur sort définitivement. 
  • Je te promets, Saphia, j’ai tout fait dans l’unique but de nous protéger… pour notre bien. N’oublie pas que Mélicendre doit se réunifier… Et elle et Aesril se sont fait attaquer non loin… à la cascade, ils sont tout proches… Nous avons besoin des soins d’Aesril et de la magie, des dons de Mélicendre… Réfléchis bien, mère des clans. Reprit Aeva avec respect d’une voix se voulant apaisante.
  • Bien. Nous verrons où sont-ils ?
  • Chez moi… Je t’accompagne



Aeva prit la tête de la marche et frappa à la porte en bois de la roulotte, avant de l’ouvrir doucement en laissant passer Saphia puis se retira retournant au chevet des patients dans la tente d’à côté. 
La femme était une divinatrice de quelques années de plus que Mélicendre, elle avait les cheveux courts, bouclés, décoiffés par la chevauchée, des yeux d’un vert perçant des lèvres finement dessiner et une mâchoire franche. Vêtue de son armure agrémentée de bandes métalliques et de cuir souple, elle passa la porte en déposant une épée ornée de jaspe rouge dans l’embrasure de l’entrée. Mélicendre se redressa aussitôt le seuil franchi et inclina ostensiblement la tête.


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Saphia.


  • Mère des clans. Salua-t-elle distinctement avant de lancer un regard à Aesril l’invitant à en faire de-même.



Celui-ci se releva à son tour et imita la gestuelle de Mélicendre, analysant du regard chaque détail de la nouvelle arrivante qui semblait se distinguer des divinatrices qu’il avait pu rencontrer jusqu’à présent. Son air autoritaire et son armure dégageait une impression martiale et au grand respect dont Mélicendre faisait preuve pour la saluer, il supposa qu’il s’agissait d’une personne appréciant l’ordre de la hiérarchie. Cela ne lui rappelait que trop bien le milieu dont il était lui-même issu et il lui fut facile de comprendre le comportement à adopter.


  • Mère des clans. Salutations, fit-il avec humilité.
  • Bonjour à tous les deux. Je suppose que vous êtes Aesril ? Demanda-t-elle avant de basculer son regard sur la divinatrice. Mélicendre, je suis heureuse de te rencontrer malgré les circonstances. Bien, il semblerait que nous ayons des choses à nous dire… installez-vous. Proposa-t-elle simplement. 
  • Je partage ce sentiment, j'appréciais votre mère, j'ai été désolée d'apprendre sa mort. Je suppose qu'Aeva vous a déjà exposé la situation ? Répondit Mélicendre en prenant à nouveau place à table.
  • Merci. Bien… Je ne vous fais pas confiance, à tous les deux… Et Famia aimerait probablement défouler sa colère sur votre tête… Aesril. Cependant, j’ai une parfaite estime et reconnaissance pour ta mère… Donc pour gagner cette confiance vous allez me dire tout ce que je dois savoir et… Mélicendre tu connais la procédure donc tu passeras la première pour montrer à ton ami, n’est-ce pas ? Aucun de vous deux n’a d’objections ? Demanda Saphia d’une voix ferme.



L’Altmer eut une seconde d’hésitation avant de demander avec précaution :


  • La “procédure” ? Vous allez rentrer dans ma tête, c’est cela ?
  • En quelque sorte… Disons que je vais sonder votre âme pour déterminer vos intentions et estimer si vous mentez ou non.



Bonne chance, dans ce cas, je ne suis même pas sûr de comprendre moi-même…” songea l’Altmer avec sarcasme.


  • Entendu. Je commence à avoir l’habitude, de toute façon.
  • Voyez-vous ça… et bien parfait dans ce cas, si vous avez l'habitude commençons par vous. Reprit-elle dans un sourire en coin. 



Il prononça intérieurement un juron obscène avant d’offrir un sourire appuyé à la dénommée Saphia.


  • … Avec plaisir.
  • Bien. Baissez légèrement votre tête en avant. Je vais vous poser des questions et sonder vos réponses. C’est dérangeant, mais ce ne sera pas douloureux. Mélicendre vas nous attendre dehors. Ordonna-t-elle impassible.



Prenant une profonde inspiration, il s’avança vers Saphia, inclinant la tête dans sa direction, se répétant intérieurement les paroles de Mélicendre : “essaie de ne pas jouer au plus malin”. “Facile à dire… quand on est intelligent et que le sarcasme nous vient naturellement, c’est une autre paire de manches…” ironisa-t-il tandis qu’il gardait le silence, cérémonieusement. Mélicendre se dirigea vers l’extérieur en offrant un regard à Aesril et s’assit sur les marches du petit porche. Saphia prit une inspiration profonde en faisant bouger ses doigts puis plaça l’index et le majeur de sa main droite sur le sommet du crâne de l’Altmer, les yeux livides elle envoya pulser sa magie en de léger à coups pour s’inviter en douceur dans sa tête. 


  • Une première assez simple. Comment connaissez-vous Lyanawën ? Demanda-t-elle fermement en élevant doucement sa main gauche au niveau de l’oreille d’Aesril. 



Il fronça légèrement les sourcils en sentant la vibration d’une magie étrangère s’insinuer dans son esprit. Curieusement, celle-ci la parcourut d’une façon bien différente que ce à quoi Mélicendre l’avait habitué. Il répondit instinctivement.


  • Je l’ai rencontrée à une réception que j’organisais à Étincelance.



Dans la main gauche de Saphia, au creux de sa paume, des particules de magie se mouvait, se rassemblant pour former une sphère d’énergie qui vibrait en s’activant, réagissant à la voix du mage pour s’illuminer et se teinter d’un bleu électrique.


  • Une réception”. Donc vous la connaissiez. Quelle est la nature de votre relation ?
  • Professionnelle. Je souhaitais faire affaire avec elle.



La sphère maintient sa couleur et les particules restaient stable dans sa main, elle fronça les sourcils avant de reprendre toujours sur le même ton.


  • Alors, vous travaillez pour elle ?



Il esquissa une légère moue rembrunie.


  • Je ne travaille jamais pour qui que ce soit, les gens travaillent pour moi. Et non, je ne travaille ni avec, ni pour elle.



La magie de Saphia maintenait sa teinte démontrant qu’il disait vrai.


  • Avez-vous donné des informations sur l’une d’entre nous à cette femme où sur notre position ?
  • … Non, soupira-t-il en se demandant combien de temps l’interrogatoire allait encore durer.  



La sphère s’activa soudainement et les particules qui la composaient commencèrent à tourbillonner énergiquement pour se teindre d’un rouge flamboyant.


  • Hum, hum, mauvaise réponse. Trancha Saphia avant de presser un peu plus sur le crâne de l’Altmer. On essaye à nouveau, ou je vais chercher la réponse moi-même ?
  • Quoi ?! Attendez, on se calme. Quand… 



Réfléchis Aesril” s’ordonna-t-il intérieurement, passant en revue toutes les interactions qu’il avait eues avec Lyanawën.


  • Des informations… Ça peut être n’importe quoi… Je… Je lui ai dit que Mélicendre travaillait avec moi… et… par la même occasion, je lui confirmé que c’était une divinatrice. Elle… Je dois admettre qu’elle m’a manipulé pour obtenir cette information, lâcha-t-il, acerbe.



La magie semblait s’apaiser pour ce coloré à nouveau d’une couleur bleuté. Et Saphia desserra doucement la pression de ses doigts.


  • Vous voyez, ce n’est pas si terrible, poursuivons. Donc L’Altmer vous a manipulé pour avoir des informations sur Mélicendre, pourquoi ?



Il grimaça en sentant l’étreinte se faire moins forte. Même après les soins de la gemme et de Mélicendre, il n’était pas enchanté qu’on lui touche le crâne et encore moins qu’on s’y insinue.


  • Elle veut que je lui livre Mélicendre. C’était le contrat qu’elle voulait conclure avec moi.



La sphère restait stable, elle reprit.


  • Comment avez-vous découvert la mort de Dallia ?
  • C’est Dalmeril, un collègue, qui me l’a annoncée. Je suis ensuite allé la voir à la morgue pour analyser son corps.



Elle plissa les yeux en observant la sphère, avant de froncer les sourcils.


  • Analyser son corps” ? Que souhaitez-vous dire par là ? Et pour quelle raison ?
  • J’avais besoin de comprendre comment elle était morte et ce qui l’avait tuée. Au cas où on ne vous l’aurait pas dit, je mène une enquête pour faire tomber Lyanawën et pour cela j’ai besoin de rassembler le plus d’éléments possibles pour les apporter aux Justiciars. Alors j’ai réalisé des analyses, étudié sa magie, ausculté ses blessures. Voilà tout. 
  • Vous dites vrai. Qu’a donné votre analyse ?



Saphia enchaînait les questions d’un air impassible et froid, ne répondant pas aux allégations d’Aesril en dissimulant ce qu’elle savait ou non. Il rassembla en mémoire ce qu’il avait noté dans son carnet. Il énuméra les faits avec détachement.


  • Elle présentait des traces de coups et la peau était éraflée sur ses phalanges, elle avait de la peau sous les ongles, ce qui laisse à supposer qu’elle s’est battue et qu’elle a dû se défendre, mais une bosse à l’arrière de son crâne montre qu’on l’a certainement assommée. Toutefois, ce qui l’a tuée sont les expériences qu’a mené Lyanawën sur son cerveau. Une part de celui-ci présentait des anomalies. Elle n’avait presque plus le moindre résidu magique en elle, ce qui laisse à supposer que toute son énergie a été aspirée et qu’elle n’était plus en capacité d’en réabsorber.



Elle pressa de nouveau ses doigts sur son crâne cette fois-ci sans même s'en rendre compte et demanda avec empressement.


  • Son corps à était vidé de sa magie ? Qui est au courant ? Demanda-t-elle sèchement.
  • Hmph… Eh bien, Lyanawën, de toute évidence, Dalmeril qui m’accompagnait, Mélicendre, Aeva et maintenant vous.
  • Par… les… Ancêtres ! Vous dites vrai. Quelles sont vos intentions envers notre clan et les divinatrices ?
  • Mes intentions ? Je n’en ai pas, je suis ici uniquement pour protéger Mélicendre. Et pour ce faire, j’ai conclu un accord avec Aeva pour soigner vos blessés en contrepartie… C’est vrai que dit comme ça, je n’ai pas vraiment l’air d’être gagnant… réalisa-t-il.



La sphère continua de scintiller dans des tons azurés et Saphia ferma sa paume fermement en autant sa main de l’Altmer le visage durci.


  • Bien. Allez me chercher Mélicendre et… Aeva. Immédiatement ! Ensuite faite selon votre accord. Ordonna-t-elle dans ses pensées. 



La magie de Saphia quitta son crâne avec violence et il vacilla un instant pour reprendre ses esprits. “Hmm… Heureusement que Mélicendre est plus douce…
Il eut une mimique de sourire forcé à l’intention de la mère des clans.


  • Bien sûr… C’était un plaisir…



Il rouvrit la porte de la roulotte pour trouver Mélicendre assise sur les marches et posa une main sur son épaule.


  • Ta charmante “Mère des clans” t’attend à l’intérieur. Et ta mère aussi est demandée, apparemment…
  • Comment ça s'est passé ? Et Pourquoi veut-elle voir Aeva ? Demanda-t-elle soucieuse en se redressant.
  • J’ai fait de mon mieux pour ne pas jouer au plus malin. Je pense que ça ne s’est pas trop mal passé. Enfin, par rapport à d’autres interrogatoires que j’ai pu avoir en tout cas. Je ne sais pas pourquoi elle veut voir ta mère, cependant…
  • Ce n’était pas contre toi, Aesril. C’est juste que… Ici, les choses peuvent si facilement déraper. Je t’ai dit cela pour te protéger des règles que tu ignores, mais rassure-toi, tu t’en sors à merveille. Hm… Bon et bien, je vais voir de quoi il s’agit. Fit-elle sur le point d’ouvrir la porte. Je te retrouve pour le repas et… essaie d’éviter Famia. Recommanda-t-elle en lui offrant un sourire tendre.
  • Si elle est aussi commode que sa partenaire, je vais essayer, oui. Je vais faire “profil bas”, répondit-il avec espièglerie, un éclat de malice dans le regard.
  • Hum… Tu vois, tu comprends vite. Lança-t-elle dans un léger rire, avant d’entrer dans la roulotte.



Mélicendre connaissait les procédures même si elle n’en avait jamais fait les frais. Elle s’installa sur la chaise en observant Saphia qui semblait encline à une profonde réflexion qui approfondissait les traits de son visage durement. 
  • Je suis prête. Lança-t-elle en baissant sa tête doucement.
  • Redresse la tête Mélicendre. Nous allons attendre Aeva… Je veux vous parler à toutes les deux. Cracha-t-elle froidement. 



Elle leva ses yeux intrigués vers Saphia, visiblement elle était irritée et Mélicendre se demanda alors ce qu’Aesril avait bien pu lui dire, commençant à s'imaginer le pire. La porte s’ouvrit laissant apparaître Aeva l’air inquiet qui s’installa en face de Mélicendre en observant à son tour les expressions de la mère des clans avant de rabattre son regard sur Mélicendre, avec bon nombre d’interrogations.  


  • Bien. Je vais essayer de compter sur votre honnêteté… Aeva. Pourquoi m’as-tu caché que nos défuntes sont mortes sans leurs dons… ? Cracha Saphia en croisant les bras sur sa poitrine. 



Aeva maudit intérieurement l’Altmer en posant une main sur la table.


  • Saphia… Je ne pouvais pas en parler devant tout le monde… J’ai pris la décision de gardé cela pour moi, mais je comptais t’en parler. Je craignais que cette information créer la panique et le trouble au campement et avec tout ce qu’il se passe, ses derniers temps… Nous n’avons pas besoin de cela. Confia Aeva avec douceur. 



La mère des clans massa sa nuque en redressant la tête vers le plafond, puis s’assit a son tour en posant ses mains sur le bois, lâchant un profond soupir.


  • Bon… Bon, en effet… Je comprends, mais si elles l’apprennent, non seulement nous auront perdu leurs confiance, mais certaines déciderons de se lancer inconsciemment dans une traque peine perdu… Avoua-t-elle en serrant la mâchoire. 
  • Que c’est-il passé ? Demanda Mélicendre à mi-voix dans un élan de curiosité.



Saphia darda sur elle un regard intense, se remémorant les évènements.


  • Ils sont nombreux, entrainés et rusés… Nous les avons suivis et nous avions presque atteint la frontière quand nous nous sommes faites surprendre… Ils étaient trop nombreux nous avons dû nous séparer. Dallia a pris la tête du second groupe, nous devions nous retrouvez ici. Famia a réussi à garder l’un d’entre eux vivants, trois autres son mort et nous sommes sorties vainqueur, mais pas le second groupe… Visiblement. Enfin. Mélicendre, ta mère m’a dit que vous vous étiez fait attaquer à la cascade ? Comment est-ce possible ?



Aeva plissa les yeux en faisant la moue avant de répondre à la place de sa fille.


  • … C’est ma faute. 

Mélicendre la dévisagea avec stupeur et Saphia lui lança un regard intrigué.


  • Explique-toi Aeva !
  • … Une cabane à quelques kilomètres du camp. J’y avais établie en secret une sorte de laboratoire ou je m’entraînais au calme sur du gibier… J’y avais entreposé le matériel médical dont nous avions besoin et… accompagné d’Aesril nous nous y sommes rendu discrètement, Mais sur place les hommes de Lyanawën était en train, de tenter de désactiver la barrière que j’avais installée. Nous nous en sommes sortie grâce à Aesril, qui a utilisé un sort pour les faire fuir et j’ai utilisé ma magie pour renforcer la barrière. Je ne m’avance pas, si je suppose que ses hommes sont allés lui rapporter et j’imagine que sous le flou des explications elle a sans doute voulu aller voir ce qu’il c’était passer et est tombé sur Aesril et Mélicendre…
  • Bon sang, Aeva ! Mais qu’est-ce qui t’a passé par la tête enfin ? Tu as perdu la raison ? Est-ce que tu veux toutes nous faire tuer…
  • C’était justement parce que ce matériel nous est vital, Saphia ! Justifia Aeva en haussant le ton.
  • Tu sais ce que tes actes peuvent te coûter ? 
  • Attendez… Elle n’a agi que dans le but de protéger le clan… Intervint Mélicendre en observant la scène, craignant l’issue.
  • Humpf… Je réfléchirais à ta position au sein du clan Aeva… En attendant, il est clair que nous ne pouvons pas rester ici. Après la cérémonie nous partirons sur une autre destination… En espérant qu’elle soit inconnue de cette femme… Je dois réfléchir à tout cela et mettre en place un plan. Pas un mot de ce qui vient d’être dit ici, est-ce clair ? Demanda Saphia d’un ton autoritaire au deux femmes.



Elles répondirent en chœur avant qu’Aeva ne se lève pour accompagner Saphia, puis referma la porte se retournant face à sa fille, vivement.


  • Mélicendre… Tu comptes partir après la cérémonie n’est-ce pas ?
  • Oui… Je lui ai promis. Pourquoi ? 
  • C’est une bonne chose. Nous avons assez de problème. Lâcha-t-elle acerbe avant de sortir pour se rendre à la cuisine.



Mélicendre resta un instant perplexe avant de sortir à son tour pour rejoindre Aesril à l’infirmerie, elle avait redouté cet entretien, mais jamais elle ne se serait imaginé qu’il prendrait une telle issue. Elle passa les épais rideaux écarlates s’avançant vers lui en plaçant une main discrète sur son épaule.


  • Alors… Comment se passent tes soins ? Demanda-t-elle d’une voix caressante.



Il déposa soigneusement ses instruments sur le chevet près de la blessée avant de se retourner vers Mélicendre.
  • Son état s’est stabilisé. Elle a vraiment échappé au pire. Suis-moi, laissons-là se reposer un instant, la douleur a dû l’épuiser.



Il la mena à l’écart, au fond de la tente, près d’un lit laissé vide. Elle le suivit et s’installa simplement pour s'asseoir sur le matelas de fortune en le regardant une moue inquiète sur son visage.


  • L’ambiance était tendue avec Saphia. Je suis désolée que tu aies eu à supporter ça.



Aesril scruta Mélicendre, interrogatif. Certes Saphia ne l’avait pas accueilli à bras ouverts et proposé une tasse de thé, mais il n’en attendait pas moins de sa part, compte-tenu de ce que lui avait exposé Mélicendre et de sa propre condition. Il était habitué à être un coupable idéal. Mais la divinatrice semblait avoir vécu une tout autre situation que la sienne.


  • Ce n’était pas si terrible, même si je n’apprécie toujours pas que l’on s’insinue dans mon esprit pour aller y chercher des informations. Ça s’est mal passé ?
  • Plutôt, mais… c’est pour ma mère que je m’inquiète… Elle a découvert pour la cabane avec le matériel… et pour le secret, sur le fait que Lyanawën vide les divinatrices de leurs magies… Elle a voulu nous… protéger, je crois, mais j’ai bien peur qu’elle ne se fasse expulser du clan ou pire encore. Répondit-elle songeuse en plissant les yeux.



Il revit en mémoire le moment où il avait expliqué à Saphia le résultat de ses analyses et réalisa qu’il était à l’origine de la suspicion d’Aeva. Il rejeta son regard sur le côté.


  • … Le secret ? Oui… C’est peut-être moi qui lui ai parlé du résultat de mes analyses. Mais je ne me voyais pas mentir…
  • Hum… Bien-sûr. Il est impossible de mentir à Saphia… Elle a probablement héritée du même don que sa mère… Mais dis-moi, que s'est-il passé avec Aeva ? Vous ne m’aviez pas parlé de votre escapade à la cabane et tu ne m’avais pas dit que vous vous étiez fait attaquer, que s'est-il passé ? Demanda-t-elle suspicieuse.
  • Oh, oui, c’est vrai… Il s’est passé tant de choses, hier, cela m’avait échappé… souffla-t-il en se passant une main sur le visage, l’air las. Oui, nous avons croisé des hommes de Lyanawën qui étaient sur le point de franchir la barrière… Pour éviter qu’ils ne la découvrent, j’ai lancé une incantation. J’ai préféré les faire fuir plutôt que de risquer la vie de ta mère dans un combat hasardeux, expliqua-t-il.
  • D’accord… Ça explique qu’ils nous ont trouvé à la cascade… et que ma mère se soit dénoncé de la sorte… J’imagine… Qu’elle… te protège ? Y a-t-il autre chose que je dois savoir ?  



Il croisa les bras sur le torse, l’air vraisemblablement soucieux.


  • Pourquoi ai-je l’impression d’être traité comme un enfant que l’on va sermonner d’avoir fait une bêtise ?
  • Mais non… J’aimerais simplement comprendre. Tu n’avais pas le choix, tu aurais menti, Famia t’aurais enfermé avec le prisonnier et torturé, peut-être même tué… Donc non, je suis juste… inquiète pour Aeva, elle m’a dit quelque chose avant de partir… Enfin, passons. Le repas va être servi, tu vas pouvoir faire honneur à notre cuisine. Conclut-elle dans un sourire.
  • Que t’a-t-elle dit ? demanda-t-il sans plus attendre, ignorant la proposition du repas.
  • Hm… Eh bien elle m’a dit de partir avec toi… Après la cérémonie. Qu’est-ce que vous me cachez tous les deux ? Fit-elle en se redressant, sondant Aesril d’un regard perçant.
  • Pourquoi dirait-elle une chose pareille… marmonna-t-il, plus pour lui-même, avant de rabattre son regard sur Mélicendre. Eh bien… J’ai dû recourir à la nécromancie devant ta mère. Mais, je ne m’en cache pas, c’était selon moi la solution la plus sûre à chaque fois. Je pensais qu’elle t’en aurait parlé bien avant moi, à vrai dire…



Mélicendre ouvrit grand ses yeux avant de lâcher un soupir en pinçant ses lèvres. Les pièces s’assemblaient une par une et elle demanda en articulant pour appuyer l’importance de ses mots.


  • … Elle t’a regardé faire, où elle t’a aidé ? 
  • Elle m’a regardé et je lui ai montré comment faire. Ce n’est qu’une magie comme une autre, Mélicendre et dans le cas présent, c’est bien nécessaire. Elle sera certainement contente que je lui aie montré ceci, le jour où elle se retrouvera à nouveau dans une situation aussi critique. 



Elle posa une main sur son front soucieuse, en reprenant.


  • Aesril, n’essaie pas de me convaincre tu sais que je ne juge pas ta magie et ce que tu en fait. En revanche, ici, il faut absolument que tu n’en parles à personne ! Aeva risque gros… Elle a participé et personne ne verra le bien que vous avez réalisé tous les deux mais, que vous avez utilisé nos ancêtres. Si Saphia, Famia ou qui que ce soit l’apprend… Elle risque l’isolement, la torture ensuite elles lui retireront ses dons avant de la bannir définitivement. Et toi, tu risques bien pire encore. Je pense qu’Aeva le sait… C’est pour cela qu’elle s’est accusée et c’est pour cela qu’elle veut que l’on parte après la cérémonie, pour le moment elle risque une simple punition qui inclut sa place, son rang… 
  • Je vois… Qui aurait cru que les clans de divinatrices sanctionnaient avec autant de sévérité que la Poursuite Divine, elle-même…



Il posa une main bienveillante sur le bras de Mélicendre, plongeant un regard se voulant rassurant dans le sien.

  • Il n’y a aucune raison qu’elles l’apprennent, d’accord ? Tes ancêtres nous sont venus en aide naturellement qui plus est, je pense que la présence d’Aeva a dû contribuer à les apaiser. Quant à moi, je serai muet comme une tombe, c’est promis. Ce n’est pas comme si ce genre de pratique pouvait m’attirer les bonnes grâces de qui que ce soit, de toute façon…
  • Hum… Mes bonnes grâces ne te sont-elles plus suffisantes ? Mais tu as raison, la réalité, c'est que les clans vivent reclus est les règles n’ont pas changé depuis des siècles… Et cela ne risque pas d'arriver. Enfin, j’espère que ma mère sait ce qu’elle fait…
  • Bien sûr qu’elle sait ce qu’elle fait. Elle a beau être très accrochée à ses traditions, elle semble pleine de bon sens… Ne t’inquiète pas pour elle, je suis convaincu qu’elle prendra les meilleures décisions et qu’elle ne se mettra pas en danger inutilement. Allons manger un peu, cela nous changera les idées, qu’en dis-tu ?
  • Oui… Tu as raison, allons-y. Conclut-elle simplement en posant sa main sur sa joue avec tendresse.
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Lun 25 Avr - 13:12
31. Le sang des Mers  8ptN2E6SFwUfs7AW-_23Teq9uN0g28gnyclnCO1io5z4BhhXgbQA-_KGw-BnxPdxHZxfSUd8_4TcmSKsCNUQM5iq4a3CcEmZd6DD7xlV_I7_u-YEuMmUEU_gWyH2-lQADrUuF0OB


Mélicendre conduisit Aesril en direction de la grande tente ouverte, dressée, servant de réfectoire pour les divinatrices. Sous celle-ci, voilages et tentures battaient au rythme du vent, sur le sol, coussins et tabourets se joignaient à une longue table basse construite à base de bois et de planches récupérées, agrémentée de napperons et de chemins de table tissés. Pour égayer le tout, des fleurs sauvages cueillies par les plus jeunes avaient été disposées aux quatre coins de la tablée. 
Saphia était installé en bout de table et autour d’elle, une farandole de femmes venait lui souhaiter la bienvenue ou encore, lui parler de la vie au camp, de changements à apporter, d’améliorations, demander les récits de leurs aventures pour traquer les hommes de Lyanawën. Aeva s’était installée légèrement en retrait, à l’autre bout de la table, faisant profil bas. Les plats étaient garnis de certains restes mangeables de la veille, et de nouvelle cueillette et chasse du jour : lièvre au jus de cassis et carottes sauvages. Ils arrivèrent dans le brouhaha causé par les bavardages autour de Saphia, et Mélicendre proposa à Aesril de s’installer entre elle et Aeva. S’asseyant sur l’un des coussins chatoyants posés au sol, Aesril observait avec attention chaque détail de ce décor bariolé. Tout apparaissait comme une friandise à ses yeux, dans ces étalages de couleurs et de senteurs et, pour une fois, les bruits et les rumeurs alentour ne l’incommodaient pas, il trouvait même que cela conférait au tout une ambiance enchanteresse, hors du temps. Mélicendre prit place en tailleur et commença à se servir dans les plats qui passaient de main en main, faisant ainsi le tour de toute l’assemblée, puis passa son regard de droite à gauche, en observant l’absence de Famia et se pencha pour murmurer à l’intention d’Aeva.


  • Où est Famia ? 



Celle-ci répondit par un simple et discret hochement de tête, suivi d’un haussement d’épaules et Mélicendre se concentra sur son repas, n’y prêtant pas attention. L’elfe, quant à lui, n’était pas mécontent de manger un peu, depuis la veille, il n’avait pas vraiment eu l’occasion d’avaler grand-chose et tout ce qui se trouvait sur la table le mettait en appétit. Il s’assura de ne commettre aucun impair en se servant et imita les autres divinatrices, écoutant les conversations en profitant de ces saveurs nouvelles. 


  • Aesril, tu veux de la liqueur ? Proposa-t-elle dans un sourire en coin.
  • Volontiers. Du peu que je me souvienne, c’était délicieux.



Elle se redressa doucement pour attraper un pichet de liqueur et verser le liquide parfumer dans une coupe en bois, quand Famia débarqua une dague à la main le visage couvert de projection de sang, elle lâcha lourdement l’arme sur le sol se dirigeant vers la table, arrachant des mains le pichet que tenait Mélicendre pour s’en servir un verre, la dévisageant avec dédain. 


  • Bonjour Famia… Marmonna Mélicendre d’une voix à peine audible avec agacement.   



Aesril leva la tête en direction de la nouvelle venue pour apercevoir une femme à la haute stature pour une Brétonne, la carrure imposante, un air peu amène qui lui conférait une beauté farouche, la mâchoire carrée, de grands yeux effilés au regard sombre et de longs cheveux noir de jais et lisses encadrant son visage avec sévérité. Surpris de voir le sang qui maculait son visage il la toisa un moment, papillonnant des paupières avant de dire avec une froideur courtoise :


  • Pardonnez-moi, très délicate créature, mais il me semble que nous étions en train de nous en servir. 



Mélicendre lança un regard noir de désapprobation a Aesril. Famia se tourna face à eux dans un sourire malicieux se servant un nouveau verre pour le finir d’un trait et taper violemment le pichet vide sur le bois de la table avant de s’éloigner pour aller s'asseoir à proximité de Saphia en leurs lançant des regards assassins. Mélicendre se pencha vers Aesril et chuchota doucement.


  • … Les présentations sont faites… c’est elle Famia, tu sais… se faire discret… Ne pas se faire remarquer… ce que je t’ai conseillé tout à l’heure. Fit-elle en haussant les sourcils dans une moue perplexe en lui offrant son verre. 
  • Mélicendre a raison, Aesril… Méfiez-vous d’elle. Conseilla Aeva, dans un murmure.
  • Hmm… Entendu. Je tâcherai de faire attention.



Il jeta un nouveau coup d’œil à la femme. Son comportement ne lui rappelait que trop bien celui des caïds qu’il avait pu rencontrer dans sa jeunesse, convaincus d’être au-dessus de tout, écrasant les autres avec force fracas pour mieux se hisser et Aesril avait été une victime idéale durant son enfance… jusqu’à ce qu’il fasse suffisamment peur à ce genre d’énergumène pour qu’ils cessent de s’en prendre à lui. Aussi, la tentation de chercher des noises à cette prétentieuse était grande. Il esquissa un sourire narquois avant de boire une gorgée de liqueur, songeur.


  • Alors Famia, du nouveau ? A-t-il dit quelque chose ? Demanda la chef des clans en l'observant.
  • Cette sale chienne d'Al… Humpf… Elle a protégé son esprit et avec le déclin de notre magie, je n'arrive pas à rentrer dans la tête de cette ordure… et la torture… Il est déjà presque à l'agonie avant même que je n'ai eu le temps de m'amuser un peu. Cracha-t-elle amèrement.



Mélicendre fronça les sourcils en lançant un regard à Aeva, mais garda son calme en l’ignorant replongeant son regard dans son assiette. L’Altmer fit une moue circonspecte en direction de Famia avant de poursuivre à son tour son déjeuner sans dire un mot. L’ambiance semblait suffisamment tendue pour qu’il comprenne que cette femme cherchait un nouveau bouc émissaire sur qui se défouler. 


  • Hum… Nous devons absolument en tirer toutes les informations nécessaires ! Je veux savoir ou ce cache cette femme, ne le tue pas avant qu’il parle, c’est clair ?
  • Bien, bien… Je vais essayer. Mais tiens… Lâcha-t-elle avant de se retourner vers Aesril. L’Altmer pourrait m’aider… Il doit savoir comment faire pendre la langue d’un des siens, non ?... À moins que ce ne sois trop difficile pour lui… Après tous je comprends, entre Elfe… Et puis pour une fois qu’un homme peut servir à quelque chose. Conclu Famia dans un sourire malsain, le regard perçant.



Aesril releva à nouveau les yeux vers elle, un éclat amusé dans le regard, un sourire en coin. Il voyait très bien à quoi rimait cette provocation. Il la toisa ainsi quelques secondes, avant de poser sa fourchette délicatement, soupesant les mots avec entrain, avant de relever le menton dans sa direction et de répondre calmement :


  • Pour tout vous dire, jeune fille, peut-être est-ce le fait qu’un homme ne vous ait jamais été “utile” qui vous rend si aigrie. Toutefois, je me ferais une joie de vous aider et mon succès potentiel n’aura rien à voir avec le fait que je suis un elfe ou un homme, mais plutôt du fait que je sais percevoir quand une personne est honnête et quand elle ne fait que me provoquer.



Famia s’esclaffa d’un rire franc, les divinatrices présentes avaient cessé de parlé, rivant leurs yeux sur Aesril et la femme qui se tenait debout devant lui. Mélicendre observait la scène en pinçant ses lèvres, priant intérieurement toutes les divinités, les ancêtres et maudissant l’Altmer de ne pas avoir su se taire.  


  • Oh… Mais voyez-vous ça ! On dirait que Mélicendre à trouvé un jouet qui sait parler et se défendre, moi qui commençais à m'ennuyer je sens que l’on va bien s’amuser… Mélicendre, d’ailleurs puisque tu es responsable de tout ce chaos, tu peux nous le prêter non ? Ce serait la moindre des choses… Si non, à quoi servirais-tu d’autre ici… Insista Famia en changeant de cible.
  • Famia ! Cracha Mélicendre en se redressant.
  • Peut-être étiez-vous trop occupée à échouer à faire parler un simple mercenaire qui n’a certainement pas une immense loyauté envers son employeur pour remarquer le fait que Mélicendre est revenue ici juste pour vous permettre d’utiliser vos pouvoirs qui semblent vous faire cruellement défaut ? À moins que ce ne soit tout ce sang qui vous ait brouillé la vue… répondit Aesril en poursuivant son repas.
  • Hum… Pardonnez votre altesse, ce sang vous gâche votre repas ? Je me souviens d’un temps où c’est celui de Mélicendre qui maculait le sol… 



Mélicendre s’avança d’un pas vif faisant face à Famia qui la surplombait par sa hauteur en plongeant son regard dans ses yeux sombre.


  • Fait attention Famia, je ne suis plus la gamine de dix-sept ans qu’il était facile d’impressionner, ne me pousse pas à bout. Cracha-t-elle entre ses dents contenant sa colère.
  • Hum… Petite biche… Qu’est-ce que tu crois pouvoir faire au juste… Vas-y… Je commence tout juste à m'amuser. Murmura Famia d’un ton provocateur.



Aesril déposa ses couverts, but une dernière gorgée de liqueur avant de se relever à son tour et de lancer, sur le ton de la conversation :


  • C’était un régal, mes compliments aux cuisinières. Bien, on peut peut-être aller voir ce prisonnier ? Même si ces conversations sont absolument charmantes, j’ai encore beaucoup de travail devant moi et assez peu de temps.
  • Eh bien, avec plaisir. L’Altmer va nous montrer son pouvoir de persuasion. S’écria Famia à l’assemblée.



Saphia hocha la tête en signe d’approbation et toutes reprirent leur repas en continuant leurs bavardages. Mélicendre prit Aesril par le bras pour l’amener à l’écart, le visage fermé par la colère et l’inquiétude.


  • Ce n’est peut-être pas une bonne idée… 
  • Pourquoi ? Quand on y réfléchit bien, nous n’avons jamais été aussi proches d’avoir des réponses pour l’enquête. Cet homme a sûrement des choses à nous dire. Et je parie que sa loyauté peut tout à fait basculer.
  • Hum… oui tu as raison… mais prend garde à Famia, si elle te provoque de la sorte, je suis presque certaine qu’elle a une idée derrière la tête. 
  • Qu’elle me provoque, il m’en faut plus que cela pour réellement m’énerver. Je vois très bien où elle veut en venir, mais ce genre d’individu ne m’impressionne pas. Si je vais voir ce prisonnier, c’est de mon propre choix, parce qu’elle m’a livré une occasion sur un plateau, pas parce qu’elle m’y a poussé.



Il arrêta un instant leur progression pour plonger un regard confiant dans celui de Mélicendre et lui dire plus bas.


  • Ne t’en fais pas, je maîtrise la situation. Cette petite capricieuse ne fera rien.
  • … Elle le fera… Juste pour nous prouver qu’elle le peut.
  • Laisse-la s’amuser autant qu’elle désire. Nous allons lui montrer qu’il ne faut pas nous sous-estimer. Et cela l’occupera un moment, conclut-il en lui adressant un clin d’œil furtif. Je vais aller trouver ce prisonnier, qu’on en finisse.
  • Bien… Je te fais confiance dans ce cas. 



Elle darda sur ses lèvres un léger baiser, avec un sourire espiègle en retournant auprès d’Aeva. Il la suivit pour se planter à l’entrée de la tente et lancer à l’attention de Famia :
  • Êtes-vous disposée à me montrer le prisonnier… Famia, c’est cela ?
  • En effet, bien. Allons nous amuser un peu, vous et moi ! Reprit-elle en lançant un clin d’œil a Mélicendre. 



Elle passa son bras dans celui d’Aesril vicieusement pour le conduire jusqu'à la tente où était détenu le prisonnier, enchaîné par les mains et les pieds à un pilier central en bois qui maintenait la structure. L’homme sur le sol avait fini par perdre conscience, le visage écorché, son nez avait visiblement été fracturé ainsi que son arcade, maculant son armure de diverses traînées et giclées de sang. Famia fit un geste fluide de la main pour invité Aesril à se rapprocher, un air joyeux sur le visage, se plaçant derrière l’inconscient en posant les mains sur ses épaules.


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  • Voilà… Il est tout à vous !  Lâcha-t-elle d’une voix chantante, dardant d’un regard dédaigneux l’Altmer.



Aesril examina l’état de l’homme d’un rapide coup d’œil avant de souffler.


  • Il est dans un sale état. Je ne sais pas ce que vous espériez faire à part le tuer. Quelles informations vouliez-vous obtenir ?
  • Haha, il n'a eu que ce qu'il mérite. Nous devons savoir où se cache cette chienne d'Altmer. Cracha-t-elle en fixant Aesril dans les yeux. 
  • … D’accord, répondit-il en détachant chaque syllabe, pinçant les lèvres d’un air dubitatif. Des instructions simples. Bien… J’aurai moi aussi quelques questions pour lui. Tentons de le remettre un peu d’aplomb pour commencer.



Il détacha une petite fiole de son ceinturon qu’il déboucha pour en faire glisser le contenu entre les lèvres de l’homme. L’homme reprit contenance en papillonnant des paupières avant de lâcher des râles de douleurs serrant durement sa mâchoire en gesticulant ses bras et ses jambes malgré les chaînes. 


  • Et bien parfait ! On va pouvoir continuer de s’amuser, il est comme neuf. Ricana Famia dans un rire malsain.
  • C’est ça… fit Aesril avec lassitude avant de poser un genou à terre pour s’accroupir près de l’homme.



Il l’observa un moment, pensivement, avant de s’adresser à lui, doucement.


  • Dites-moi, comment vous sentez-vous ? Êtes-vous capable de dire votre nom ?



L’homme redressa son regard vers Aesril pour le détailler d’une expression de froideur extrême, avant de lui cracher au visage en s’écriant.


  • Traître ! Ordure ! Je ne dirais rien… Vous pouvez crever. Vous allez tous crever, les uns après les autres…



Il se passa une main sur le visage pour s’essuyer le mélange de salive et de sang qui le maculait avant d’esquisser un sourire pincé.


  • Oui… D’accord. J’en déduis que vous savez qui je suis ?
  • Ouais ! Un traître, qui s'est laissé ramollir le cerveau par ces chiennes de succubes. Hurla-t-il 



Famia passa son avant-bras armé de sa dague pour lui placer sous la gorge, tirant de son autre main les cheveux de l’homme en arrière, le visage assombri par la malice.


  • Hum… Je vais me faire un plaisir de te trancher doucement la gorge pour te regarder te noyer dans ton sang, agonisant lentement comme la merde que tu es. Fit-elle d’une voix trop calme.



Aesril releva les yeux vers la divinatrice, papillonnant des paupières.


  • Tout doux, joli coeur, je vais déjà voir ce que notre invité a à nous raconter.
  • Toi, appel moi joli cœur encore une fois et je sors ton cœur de ta poitrine pour le regarder battre dans ma main ! Répondit-elle en le pointant du bout de sa dague. 
  • … Charmant.



Il reprit à l’adresse du prisonnier.


  • Comme vous pouvez le voir, ma collègue ici présente serait enchantée de vous ôter la vie lentement. Mais moi, je pense qu’on peut trouver un dénouement plus heureux à tout ceci. Dis-moi, cela fait longtemps que Lyanawën t’emploie ?



Le prisonnier regardait Aesril, un fond de peur dans le regard, il avait, à plusieurs reprises, goûté à de multiples sévices de la menaçante divinatrice et il savait qu’elle ne plaisantait pas.


  • Fais partir la tarée d’ici ! Et peut-être que je parlerais ! 



Le mage prit une profonde inspiration, tournant lentement son visage vers Famia, esquissant un sourire appuyé.


  • Je crois qu’il parle de vous…



Elle haussa un sourcil puis pinça ses lèvres dans un sourire malsain en se plaçant accroupie face à l’homme enchaîné en tournant son visage vers Aesril.


  • Bon ! On ne peut rien en tirer… Je vais le tuer.
  • Famia… Vous me semblez être… intelligente. Aussi, vous pouvez voir tout le bon sens qu’il y a à garder cet homme en vie, il semble tout à fait disposé à discuter avec nous.
  • Oh… Pardonnez-moi, mais là… Je n’en vois aucun… on trouvera bien un autre de ses sales chiens qui sera plus parlant… 



Il se releva pour la toiser de toute sa hauteur, avant de répondre avec froideur et un rythme soutenu.


  • Et au prix de combien de vies des vôtres ? Combien d’entre-vous ont dû être tuées avant que vous ne capturiez celui-là ? Cet homme est remplaçable, Lyanawën peut en engager un nouveau quand bon lui semble, aussi longtemps qu’elle le voudra. Et vous, vous croyez que vous pourrez tenir indéfiniment ? Regardez-le, il est entraîné, je suppose qu’il était doté du meilleur équipement. Laissez votre égo de côté et pensez à vos sœurs. Vous n’avez pas une famille à défendre ?



Famia serra sa mâchoire en se redressant lentement, le poignardant du regard, le visage assombri par la colère.


  • Mes sœurs sont toutes mortes, tombées les unes après les autres à cause de cette petite salope d’Altmer et ses bâtards qui font le sale boulot à sa place…  Il mérite de crever et tous ceux qu’elle pourra mettre sur ma route, je leur trancherais la gorge s’il le faut. Tu as cinq minutes, je vais boire quelque chose à mon retour, j’espère que tu auras eu ce que tu souhaites ! Conclut-elle d’un air menaçant.
  • … Merci, répondit-il en pinçant les lèvres, tandis qu’elle s’écartait d’eux. Bien… Je suis navré pour tout ceci. Cela dit, je doute que ton employeuse aurait été plus tendre avec ses prisonniers, n’est-ce pas ?



Le prisonnier roula ses yeux sur le côté en serrant ses lèvres amèrement. 


  • T’as l’air de bien la connaître…
  • Je crois que je commence à cerner le personnage. Tu ne t’es pas demandé ce que quelqu’un de l’Archipel fait ici, avec ces divinatrices ?
  • Non, moi ce que je vois, c'est un traître… Tu ne mérites pas notre race. Tu traites avec ces sales manipulatrices alors qu’elles pourraient servir notre beau pays !
  • Je sers mon pays et ma Reine. Je suis Aesril, fils du Commandant Menduil et je suis au courant pour les pratiques illégales de Lyanawën. Elle sera derrière les barreaux sous peu, d’une manière ou d’une autre. Mais je peux aussi bien faire en sorte de protéger les tiens quand toute cette affaire sera révélée au grand-jour. Ou t’offrir un prix supérieur à celui qu’elle te propose.
  • Menduil” hein, que dirait-il s’il voyait son mioche baiser avec ces putains ? Laisse-moi te dire une bonne chose, si tu penses qu’elle a un pied derrière les barreaux, c'est qu’elle a déjà gagné la partie. Reprit-il avec mépris en crachant un peu de sang sur le sol.
  • Il serait certainement heureux de savoir que son fils a repris le flambeau de son travail pour défaire le Couchant de tous ceux qui se croient au-dessus des lois. Mais ta théorie est intéressante, sauf que je ne couche pas avec elles, je préfère de loin la compagnie des hommes, mentit-il en adressant une caresse du pouce à la joue du prisonnier. 



Il se baissa à nouveau pour se mettre à son niveau. 


  • Je suis ici pour mener l’enquête. Alors : qu’est-ce qui fait que tu as quitté la Poursuite ? C’est une institution prestigieuse. Tu aurais pu y rester jusqu’à la fin de tes jours et obtenir honneurs et richesses. À moins que faire le sale boulot d’une nécromancienne tortionnaire de Nebarras soit un poste plus intéressant ? 
  • Humpf… bas les pattes… Je suis un Aprax pour notre beau pays… j'ai fait des erreurs qui m'ont coûté ma place et Lyanawën paye convenablement, grâce à elle ma vie est convenable, même si je n'ai plus ma place !
  • Tu as pourtant l’air de respecter ta patrie. Pourquoi travailler pour elle ? Pourquoi ne pas faire quelque chose d’honorable ? Certaines fautes peuvent être lavées, tu sais…
  • … Pas les plus graves… Pas les plus dérangeantes… Et toi ? Pourquoi tu ne travailles pas, pour elle ? Tu as l’air d’en avoir besoin, tu pourrais t’acheter de nouveau vêtements, faire des découvertes et servir la science, baisers des… Hommes qui en valent la peine. Plutôt que de te traîner dans la boue dans un campement miteux avec ses païennes de Nebarras.
  • C’est donc ça que t’offre Lyanawën ? De beaux vêtements, la promesse de servir la découverte et la possibilité de satisfaire des plaisirs charnels ? Je pourvois déjà à tous ces besoins par moi-même. Et je te ferais remarquer que de nous deux, je suis celui qui n’a pas de chaînes qui m’entravent.



Il souffla profondément tandis qu’il cherchait la faille de l’homme comme un serrurier chercherait à crocheter une serrure, une goupille après l’autre. Apparaître sous son vrai jour semblait risqué avec cet homme s’il voulait se faire passer pour une figure plus juste ou plus vertueuse que Lyanawën. “Allons, réfléchis… qu’aurait dit Valriel… Qu’aurait fait Père ?


  • Je peux t’offrir la liberté et une nouvelle vie, si tu m’aides à mettre fin à ces folies. Une amnistie officielle. Moi aussi j’ai fait des erreurs, j’étais comme toi. Mais je me suis racheté. Ton honneur a-t-il quelque place dans ton cœur ? Ou ta famille ? Tu sais que Lyanawën ne tue pas que des Ephems ? Elle tue aussi des Altmers.
  • Une amnistie”. Là ce que je vois, c’est que dans tous les cas, je vais mourir ici. Je n’ai pas d’honneur et pas de famille. Ce que je veux moi, c'est vivre et vivre bien ! Elle tue et alors… Certains font la guerre, d’autres tue pour se défendre, elle, elle le fait pour le bien de tous et son intérêt. Chacun ses raisons et qui es-tu pour décider si l’une vaut mieux que l’autre ?  



Aesril esquissa un sourire cruel. Cet homme était perdu, il avait ses propres valeurs. Il ne pourrait pas le manipuler, ni par l’argent, ni par ses attaches, ni par son idéologie. D’un geste vif, attrapa la mâchoire du prisonnier entre son pouce et son index avant de lui dire d’un timbre posé et calme :


  • Tu as parfaitement raison. Je ne suis personne. Lyanawën non plus. Et toi non plus. Nous sommes des grains de sable face à tout ce chaos. Malgré tout, aujourd’hui, c’est moi qui contrôle cette partie. Car si tu crois que la mort te libérera de tout ceci, j’ai le regret de t’annoncer que tu te trompes, cher ami. Je peux garder ton âme avec moi aussi longtemps que je le désire et la décortiquer, particule après particule jusqu’à trouver les informations que je cherche pour faire tomber cette petite garce. Tu souhaiteras alors avoir connu une mort plus propre. 



L'homme serra les dents douloureusement en fermant les yeux sous l'infliction lancinante des blessures sur son visage, puis lança avec résilience.


  • Qu… qu'est-ce que tu... veux savoir ?
  • Son laboratoire : où se trouve-t-il ? Celui où elle emmène les divinatrices pour les étudier. 
  • Humpf… Au Nord de Rellenthil… Dans une ancienne ruine souterraine. Lâcha-t-il avec véhémence, basculant son regard résiliant sur le sol.
  • Et y a-t-il des protections qui empêchent l’accès à ce lieu ?
  • Oui… Mais je n’ai jamais vu ce genre de magie.
  • À quoi ça ressemblait ? Décris-moi les sensations, ce que tu as vu, entendu…
  • C’est très sombre… froid, hum… dérangeant, j’en sais rien moi… 
  • Bien, très bien, enchaîna Aesril, rapidement. Et sais-tu s’il y avait des endroits où elle se rendait sur une base régulière, des gens qu’elle voyait fréquemment ?
  • À part nous… eh bien hum, non je ne crois pas enfin, elle monte à cheval régulièrement, elle fréquente le marché d’Alinor pour parader et parfois au Griffon Doré.



Hmm… Pas vraiment ce que j’espérais, mais gardons ça de côté malgré tout” songea Aesril avant de poser une question qu’il soupçonnait d’être la dernière. Il la soupesa quelques secondes pour être certain qu’aucune autre idée brillante ne lui venait à l’esprit.


  • Comment et où t’a-t-elle recruté ?
  • Où trouves ton les Aprax comme moi ? Allons réfléchis… Imbécile, où personne ne peut les voir. Pesta-t-il en bougeant ses chaînes. 
  • Là où personne ne peut les voir” ? À l’extérieur des villes ? Non… Ce serait encore trop voyant…



Il se souvint soudain. Lui-même avait fréquenté les Aprax, les Hulkynd et les étrangers dans sa jeunesse, tandis qu’il était en quête de réponses à ses nombreux questionnements, cherchant à comprendre pourquoi il était différent, cherchant à vivre d’autres expériences que l’ennui étouffant de son quotidien, il avait erré seul dans les bas-quartiers d’Étincelance et près du port et jamais les rebuts de la société n’y apparaissaient ou ne faisaient surface, sauf la nuit. Comme s’ils sortaient de nulle part. 


  • … Les sous-sols des villes ?



Tout comme les prisonniers et les corps des défunts, ce qui était déplaisant à la vue était caché sous les fondations.


  • … Félicitations… perspicace… 



D’un geste vif de la main, Famia tira le rideau et lança une dague à travers la pièce, logeant la lame dans la carotide du prisonnier en frôlant l’Altmer, finissant sa course, plantée dans le bois du pilier. L’homme regardait Aesril avec détresse, effrayé par la lame fermement plongée dans ses chairs. Famia profita de cet instant de trouble pour s’avancer d’un pas conquérant et retirer violemment l’arme d’un geste vigoureux, éclaboussant le visage du mage d’une giclée du précieux liquide écarlate pendant que l’homme s’étouffait dans son sang en lâchant des râles ensanglantés, le regard rivé sur l’Altmer face à lui, en s’éteignant lentement. Celui-ci passa ses doigts sur ses paupières pour les débarbouiller du liquide poisseux qui les maculait, écarquillant les yeux, observant le captif, impuissant qui l’implorait du regard. Il se retourna subrepticement pour apercevoir Famia, dans son dos, triomphante, avant de rabattre à nouveau ses yeux sur l’homme, cherchant quoi faire.



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Il crispa le visage devant la rudesse de la scène avant de se redresser rapidement pour prendre la tête de l’homme entre ses deux mains et effectuer une vive flexion, tirant sur la base du cou d’un geste sec et puissant, tuant le prisonnier sur le coup. Se passant l’avant-bras sur la joue, pour essuyer le sang qui le maculait toujours, il se retourna à nouveau vers Famia pour lui lancer un regard désapprobateur, empli de lassitude.


  • … C’était vraiment nécessaire ?
  • Quoi ? La conversation était terminée j’avais dit cinq minutes… Et vous avez gâché mon bon plaisir, alors… Je vous laisse vous occuper de lui, après tout vous lui devez bien ça. Trancha-t-elle dans un sourire malicieux.



Il haussa un sourcil.


  • M’occuper de lui ? Vous voulez que je fasse le sale travail et que je me débarrasse du corps ?
  • Ce n’était pas assez clair, peut-être ? Vous vous débarrassez de votre ami, essayez d’être discret et… nettoyez tout ce bordel, profitez-en pour faire un brin de toilette, vous en avez bien besoin. Répondit-elle d’un air fourbe, un sourire malin au coin des lèvres en essuyant, avec impétuosité, le sang qui maculait sa dague sur la chemise de l’Altmer déjà abondamment recouverte.



Expulsant l’air par le nez, il ferma les paupières en pinçant les lèvres devant l’impudence de la femme. Il ouvrit la bouche un moment, sur le point de lui renvoyer une réplique cinglante avant de se raviser à la dernière seconde.


  • … Bien. Avec plaisir, lâcha-t-il, la mâchoire serrée tout en détachant les liens de l’homme, tandis que celui-ci s’écroulait sur le sol, inanimé.
  • Parfait. À tout à l’heure Aesril. Répliqua-t-elle en sortant de la tente satisfaite. 
  • À très vite, oui, marmonna-t-il tout en attrapant le prisonnier sous les aisselles pour le traîner hors de la tente.



Après avoir fait quelques mètres à bonne distance de la tente, il le déposa sur l’herbe fraîche et s’épongea le front en observant le défunt un moment.


  • C’est que tu pèses ton poids pour quelqu’un d’aussi svelte… 



Il s’accroupit un instant auprès de lui, dédaignant les quelques regards intrigués qui se tournaient par moment dans leur direction pour dégager les mèches de cheveux qui s’emmêlaient sur le visage de l’elfe et le dévisagea un moment.


  • Je regrette de te dire que je t’ai menti sur toute la ligne… Tu as dû le comprendre quand je t’ai menacé de mettre ton âme dans une gemme. Je ne suis pas vraiment un loyal serviteur de la justice. Voilà, on s’est tout dit. 



Il s’interrompit soudain, rabattant son regard sur les jambes de l’homme pour se relever, intrigué et observer ses bottes.


  • Ne me dis pas que… Il semblerait qu’on ait la même pointure…



Il baissa les yeux sur ses propres pieds nus. Il n’était pas contre retrouver un minimum de décence vestimentaire. Il haussa les épaules, pinçant les lèvres et entreprit de se chausser de ce bien fraîchement trouvé.


  • Pardonne-moi, l’ami, mais je pense qu’elles me seront plus utiles qu’à toi, désormais. J’aurais bien échangé de chemise aussi, mais j’ai bien peur que la tienne ne soit pas en meilleur état… Quoi qu’il en soit, je vais te laisser partir, malgré tout. Rejoins tes ancêtres. Pour une fois, je vais essayer de faire les choses différemment. Je ne sais pas pourquoi je te dis toutes ces inepties, mais je ne vois pas à qui d’autre je pourrais parler de ça. On se revoit en Oblivion.



Passant une main sur les paupières du défunt pour les refermer, Aesril se redressa lentement et leva les bras au ciel, puisant dans le puissant flux d’énergie qui se ruait au bout de ses doigts, canalisant ce torrent ardent qu’il contint un moment avant de le libérer dans un flot déferlant de flammes entourant le corps, poursuivant ses gestes dans des mouvements circulaires pour faire s’élever le feu en une colonne spectaculaire. “Désolé, Famia, je crois que je ne sais pas être discret… Quel dommage.” songea-t-il, un rictus narquois étirant ses lèvres.


Mélicendre était resté à l’écart, inquiète de savoir Aesril en compagnie de Famia. Elle s’était installée à l’abri sous le porche de l’une des roulottes en compagnie d’autres divinatrices qui reprisaient et réparaient, armures, vêtements et paniers, tout en discutant. La vision de Famia sortant de la tente un sourire vicieux au visage la dévisageant avec malice la sortit de ses songes, elle observait curieuse la sortie d’Aesril et quand elle le vit s’extraire de la tente en trainant le corps du prisonnier, au loin, elle s’extirpa poliment et en douceur de l’ennuyante conversation en se dirigeant vers lui, lentement, pour ne pas attirer l’attention. Elle arriva derrière lui surprenant les flammes qui engloutissaient le corps dans un nuage effroyable et la vision de l’Altmer couvert de sang lui glaça l’échine.


  • Mais… Qu’est-ce qu’il s’est passé ?! Tu… Par les ancêtres… Tu es couvert de sang… Souffla-t-elle avec angoisse en dévisageant Aesril. 



Le mage se retourna, surpris, en entendant la voix de Mélicendre dans son dos, puis il baissa les yeux sur son accoutrement, l’air navré, se massant le front d’une main.


  • Hum… Il est mort. Le prisonnier. Je fais un peu de ménage pour ton amie.



Elle s’avança posant ses mains sur les épaules de l’Altmer en plongeant son regard dans le sien.


  • Mon amie”... C’est elle qui l’as tuer ? Tu as réussi à avoir les informations ? et… Toi… ça va ?



Il sonda son état. Physiquement, il se sentait bien mieux depuis qu’il était guérie et qu’il avait pu manger un morceau. Mentalement ? Il avait beau avoir vu quantité de morts, il n’était pas habitué à cette barbarie. Il se demanda si c’était pour cette raison qu’il se sentait étrange. Il haussa les épaules, dubitatif.


  • Je vais bien. Et du reste… Disons qu’elle a planté une dague dans sa gorge, mais c’est moi qui ai abrégé ses souffrances. Un beau travail d’équipe. Mais ça n’a pas eu l’air de lui plaire, alors… me voilà, exposa-t-il en tendant les bras autour de lui en désignant la scène. Mais, oui, j’ai réussi à obtenir des informations précieuses, fort heureusement… Je n’en reviens pas qu’elle ait gâché cette chemise, c’était la première fois que je la portais…
  • Bon sang… Quelle espèce de sale garce décérébrée ! Je savais que c’était une mauvaise idée… Je vais laa… Hum. Répondit-elle en tentant de contrôler sa colère faisant des gestes vifs avec ses mains en serrant les poings et la mâchoire. Ne t’inquiète pas on te trouvera une autre chemise… Mais au moins nous avons de quoi avancer dans l’enquête…
  • Oui… 



Il posa doucement sa main dans le dos de Mélicendre pour la rapprocher de lui et lui dire plus bas :


  • Et je sais désormais où se trouve le laboratoire de Lyanawën… Et possiblement comment l’infiltrer également.



Elle redressa son visage en écarquillant les yeux avant d’afficher un sourire espiègle, posant ses bras autour de son cou en ignorant le sang.


  • Hum… Toi, tu as une idée en tête. 
  • Plusieurs à vrai dire. Ce prisonnier vient de nous donner une occasion incroyable. Mais il va falloir jouer très finement. Une illusion, dans une illusion.
  • Parfait ! Allez viens on va te trouvais des vêtements et je vais nous faire porter une bassine pour te débarrasser de tout çà…



Elle se blottit contre lui en se dirigeant vers la roulotte d’Aeva. À l’intérieur, elle prit soin de servir du thé, de déposer un baiser sur ses lèvres avant de partir en quête d’une chemise auprès des couturières et d’une bassine d’eau chaude dans les cuisines.


Mélicendre revint auprès de lui une chemise enroulée autour de son cou et la grande bassine dans ses bras, la déposant au centre de la pièce.


  • Il semblerait que ce soit à mon tour de prendre soin de toi… Souffla-t-elle avec tendresse.
  • Ça commence à faire beaucoup de fois que tu prends soin de moi, on dirait… Je ne suis pas certain de mériter tout ceci, souffla Aesril en ôtant la chemise souillée.
  • Hum… En effet, tu as raison… Je comprends que ton égo en prenne un coup. Railla-t-elle dans un sourire espiègle en prenant un linge dans une des commodes.
  • Non, vraiment… insista-t-il, hésitant. Après tout ce que tu as traversé, te voilà à agir avec tellement de… douceur ? Envers un elfe de mon acabit.



Il souffla du nez, dans un rire.


  • Lorsque tu n’avais plus tes sentiments, tu étais à peu près aussi individualiste que je le suis. Regarde-toi, désormais. Une belle âme qui prend soin des autres et maintenant de moi, qui attire les foudres de quantité de personnes. Je ne sais pas… J’ai le sentiment de… devoir faire quelque chose. C’est étrange.



Mélicendre s’agenouilla devant la bassine en plongeant le linge dans l’eau.


  • Tu ne serais pas réellement toi si tu ne t’attirais les foudres de personnes… admit-elle dans un rire avant de reprendre avec sérieux. Et lors que je n’avais pas mes sentiments je me fourvoyais… Parce qu’il m’était plus facile de mettre un voile sur ce problème, à la place d’apprendre à utiliser cette faiblesse… J’étais brisée, j’avais peur… Tu fais déjà tellement Aesril, c’est grâce à toi, à cette étrange rencontre, que j’ai réussi à vivre avec et à les gérer… Tu veux que je te dise ce que je vois… moi, qui suis tes yeux, je vois la beauté, l’intelligence, le contrôle, la droiture et… la tendresse. Tu parles d’individualisme, mais regard ce que tu fais ici ? Je ne t’ai forcé à rien. Tu aurais pu partir. Tu aurais pu m’abandonner ici, moi ainsi que mon clan. Tu aurais surtout pu mourir, pour moi… Je n’appelle pas cela de l’individualisme, comme tu aimes à le penser, mais de l’altruisme, Aesril. Assura Mélicendre avec douceur, ses yeux river sur lui avec tendresse. 



Son sourire rusé s’effaça peu à peu de son visage pour prendre une expression plus sérieuse et il demeura un moment à la regarder, sans rien dire, les lèvres entrouvertes, comme s’il semblait sur le point de dire quelque chose, mais aucun son ne sortait de sa gorge. Il n’avait jamais trop cherché à comprendre les raisons pour lesquelles Mélicendre s’était attaché à lui, ayant peur de connaître les réponses. Mais cette réponse-là, il ne s’y attendait pas. Et elle était inestimable. Car nul ne l’avait jamais regardé de la sorte. Et il réalisa alors que c’était la première fois qu’il se dévouait autant pour quelqu’un d’autre que lui-même.


  • Je… Je dois trouver un moyen de briser ce pacte… parvint-il seulement à bredouiller au bout d’une longue minute, incapable d’exprimer les sentiments que ces mots bousculaient en lui.



Mélicendre plissa les yeux en fronçant les sourcils tentant de déchiffré ce qu’Aesril tentait de lui dire.


  • … Mais… De quoi tu parles ? Et… tu vas réussir à te déshabiller pour enlever tout ce sang où peut-être as-tu besoin d’aide ? Finit-elle par répondre en le taquinant. Observant l’effet que ses mots avaient eut sur lui.
  • Ce que je veux dire c’est que… tu es trop unique à mes yeux pour que je te laisse sous l’emprise de ce pacte vicieux que nous avions conclu. 



Il attrapa ses mains pour les placer contre son front et en sentir la chaleur avant d’y déposer ses lèvres.


  • Je trouverai une solution. Mais… Oui, je crois que j’aurais besoin de ton aide, tu as raison, je ne peux rien faire sans toi, s’esclaffa-t-il en retenant un rire. Je crois que je commence à m’habituer à tes bons soins…
  • … Ça y est… Tu deviens fou… Ce pacte, m’était complètement sorti de la tête et il m’importe peu, de plus nous avons d’autres priorités… Et oui, n’est-ce pas ce qu’il en a toujours été ? N’avons-nous pas constamment été d’excellents partenaires ?
  • C’est vrai. Tu es la meilleure partenaire qui soit. La plus inattendue et la plus surprenante. Jamais je n’aurais pensé avoir de partenaire d’ailleurs. Avant toi. Tu m’as fait comprendre que j’avais parfois besoin d’un autre point de vue.



Il attrapa la main de la divinatrice tenant le linge humide et chaud pour l’inviter à le lui passer doucement sur le visage.


  • J’ai besoin de toi, Mélicendre.



Elle s’exécuta sans lui répondre, dans des gestes doux, passant le linge délicatement sur les traces de sang qui avaient commencé à sécher, sur son front, ses cheveux, ses paupières, ses joues, et ses lèvres. L'eau du baquet prenait des teintes rougeâtres à mesure qu'elle s'appliquait songeuse et silencieuse. Il se laissait faire, admirant le soin et la sollicitude avec laquelle elle s’occupait de lui, fermant par instant les paupières pour mieux profiter du moment. Après tous ces instants d’intense rudesse, comme il était doux d’être ainsi traité par des mains si aimantes. Mélicendre pinça ses lèvres un instant avant de déposer le linge sur le sol et de tendre une main, pour caresser la joue d'Aesril en plongeant un regard devenu sérieux et inquiet. 


  • Aesril… commença-t-elle hésitante. Moi aussi, je ne t'ai pas tout dit… Si les entraînements étaient si difficiles… c'est parce que… Il se peut que tout ne se passe pas comme prévu demain. Je vais devoir encaisser dix-sept années de magie… un flux immense qui va traverser mon corps avant de se disperser équitablement… Il est possible que… Je ne… survive pas… Alors je veux que tu me fasses une promesse… Ne la laisse pas s'en sortir…



L’elfe se figea tandis qu’il sentait subitement toute chaleur quitter son corps. Il attrapa vivement la main de la divinatrice pour arrêter son geste et la serra avec force, sans même s’en rendre compte.


  • Q… Quoi ? … Mélicendre qu’est-ce que tu racontes ?
  • … Tu veux vraiment me faire répéter ?... Je… si… si je meurs demain…. promet moi que tu n'abandonneras pas et que tu mettras Lyanawën hors d'état de nuire…
  • Arrête ! ordonna-t-il en haussant le ton, refermant sa main un peu plus fort. Arrête. Tu… Non, je regrette, c’est inacceptable. Je suis venu ici pour te mettre en sécurité, pour te sauver. Pas pour te mener vers une autre mort.
  • Aesril… Je suis certaine que tu t'en doutais, on ne peut pas ignorer ce risque… et je dois faire cette cérémonie, pour moi, pour les autres… tu as vu comme moi les conséquences que mes erreurs avaient eues sur elles, et tu l'as dit toi-même… Je suis plus forte, mais je ne veux pas te mentir… Il faut que tu l'acceptes, s'il te plaît. Expliqua-t-elle en douceur le regard suppliant.



Mais plus aucun mot n’entrait dans son esprit qui s’était verrouillé sur cette idée effroyable qu’elle allait mourir et qu’il était, une fois de plus, impuissant à son sort. Et le fait de se retrouver ainsi dans cette posture le confondait dans un mélange de colère et de frustration qu’il se sentait incapable d’exprimer, verrouillant sa mâchoire, fermant son regard, comme s’il cherchait à se cloisonner de ses émotions dans une tentative désespérée.


  • … Après tous ces efforts… pour te protéger… pour te mettre en sécurité… Tu me demandes d’accepter l’éventualité d’une mort que je pourrais éviter ? Tu n’as aucune idée de ce que tu me demandes, Mélicendre, gronda-t-il, tremblant, d’une voix grave et basse.
  • … S'il te plaît… tu ne peux pas tout contrôler. Souffla-t-elle. Si tu crois que j'ai envie de te laisser… Je me suis entraînée pour que ça réussisse… j'ai besoin que tu croies en moi, mais j'ai aussi besoin que tu acceptes.



Elle déposa ses mains à l'arrière de sa nuque déposant son front contre le sien, plongeant ses yeux dans le regard de l'Altmer avec tendresse.


  • Et puis… après tout ce que l'on a vécu… les divins, les anciens peu importe qui essayera de nous séparer… ils peuvent essayer, je ne laisserai pas faire si facilement… 



Il ferma les yeux de toutes ses forces, comme s’il espérait qu’en les rouvrant, quelque chose aurait changé, comme pour s’isoler un moment de ces mots qu’il ne voulait pas entendre, de ce regard qu’il ne souhaitait pas affronter, de cette situation qu’il ne voulait pas vivre.


  • … Je ne peux pas… Je ne peux pas, répéta-t-il, rageusement, tandis qu’il sentait sa gorge se nouer.



Il rouvrit des yeux chargés d’amertume vers la divinatrice, tentant d’étouffer sa détresse.


  • Je te préviens… Si tu me fais le coup de mourir… Je viendrai chercher ton âme dans les tréfonds de l’Oblivion et je l’y arracherai pour la remettre dans ton corps. Tu ne connaîtras pas le repos…



Elle pinça ses lèvres esquissant un léger sourire, bien-sûr elle comprenait, elle-même et surtout après avoir failli le perdre ne s'imaginait pas à sa place.


  • Bien-sûr… Je l'espère bien. Fit-elle d'une voix caressante. Mon âme t'appartient…
  • Je dois trouver une autre solution… Il doit y avoir une autre solution… s’étrangla-t-il tandis qu’il faisait défiler en pensée la quantité de savoirs et de connaissances qu’il avait engrangés, plantant ses ongles dans sa cuisse sans s’en apercevoir.



La divinatrice l’enroula de ses bras fermement, son cœur se serrait de le voir agir ainsi, elle s’imaginait sans mal les tourments qui pouvaient traverser l’esprit du mage, et l’espace d’un instant, elle maudit sa sincérité, mais elle ne souhaitait pour rien au monde le mettre au pied du mur le jour venu avec les risques qu’elle encourait et encore moins, qu’il s’en rend compte une fois que la mort ait pris possession de son corps. Alors elle l’enlaça de toutes ses forces dans l’espoir de le rassurer, avant de déposer un baiser tendre dans sa nuque et de murmurer.


  • … Moi, je n’ai pas peur… Et, je t’aime terriblement Aesril.



Le geste le coupa dans le tourbillon de ses réflexions et il revint au moment présent et aux paroles prononcées par Mélicendre d’une immense tendresse. Il passa fébrilement ses bras autour de son corps pour la rapprocher un peu plus de lui.


  • Tu es certainement plus brave que je ne le suis, dans ce cas, concéda-t-il avec douceur.
  • … Hum, c’est possible… Mais je n’y arriverais pas sans toi. Aesril, promet le moi… S’il te plaît… Il me semble ne t’avoir jamais rien demander, alors fais-moi cette promesse tu me le dois bien, non ? Renchérit-elle dans un murmure chaleureux. 



L’Altmer prit une profonde inspiration, relâchant quelque peu ses épaules avant d’esquisser un sourire sibyllin dans le dos de la divinatrice.


  • Je te le promets.



Mélicendre était sur le point de répondre quand on frappa lourdement de plusieurs coups secs sur la porte, avant qu’une voix familière ne se fasse entendre.


  • Mélicendre ! Prends tes affaires, tu dors avec Liv et moi ce soir. Je veux être certaine que tu ne fiches pas tous en l’air ! Et dépêches toi… Tu as besoin de repos ! Aboya Sera, d’une voix méprisante. 



Elle fit une moue dubitative en se passant la main sur le visage avant de reprendre à l’intention d’Aesril.


  • … Hum… En faite, c'est peut-être elle qui va finir par avoir ma peau. Pouffa-t-elle doucement en déposant un baiser tendre sur les lèvres de l’Altmer. Merci… 



Plongeant un regard intense dans les siens, il adressa une caresse bienveillante à la joue de Mélicendre, faisant glisser sa main jusqu’à sa nuque avant de l’arrêter au niveau de son cœur, déposant ses doigts sur sa peau comme s’il cherchait des points précis. Il lui offrit un sourire aimant.


  • Tu ferais mieux de l’écouter. Si tu restes plus longtemps, c’est certain, je ne pourrai pas m’empêcher de te déstabiliser… 
  • Hum… Tu es terrible… J’ai horriblement envie de rester, mais elle serait capable de venir me cueillir de force… 



Elle pressa un baiser passionné sur ses lèvres avant de se redresser en lui souriant tendrement, elle se dirigea vers une grande malle en bois pour prendre une robe, et s’avança vers la sortie en lui lançant un dernier regard amoureux. 


  • À demain… 



Il se releva pour la raccompagner jusqu’à la sortie et lui répondre sur le même ton :


  • À demain, Joli Serpent.



Dès lors qu’elle eut quitté la roulotte et fait quelques pas à l’extérieur, il s’assura qu’une bonne distance les séparait et il referma tous les rideaux entourant les fenêtres étroites. Un moment de solitude, c’était exactement ce dont il avait besoin.


31. Le sang des Mers  9e5FZKpSEVK_V2SL08BAvo8Zpe4UD1PXjEtxNc5V1WEdNXHareyxjc9dlthySg990ORyZhlbG-g4aoINWyyTbdCV-G-8oIrSIFiDM9FjcOv8QSgRYxpxrrRbj_HJsHbHibU4UnBV
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