L'Ordre des Lys et du Serpent
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Général Patafouin
Général Patafouin
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XXI - Les Clans Empty XXI - Les Clans

Ven 25 Aoû - 1:23
Le soleil de midi faisait vibrer les pierres du sanctuaire d’un halo de chaleur. Le silence des divinatrices qui découvraient le lieux était lourd de sentiments, comme un pichet d'eau prêt à déborder. Ils avaient mis quatre jours pour rentrer, Mélicendre et Sera devant régulièrement faire des pauses pour se ménager tandis qu'Aesril en profitait pour poser la petite Violette et dégourdir ses bras. Mélicendre avait proposé de la laisser plonger dans un sommeil profond et de la réveiller le moment venu en lui ayant rendu la mémoire pour lui expliquer la situation et c'est ce qu'il fût décidé. Les cheffes des clans restaient aux petits soins des unes et des autres, offrant un réconfort, une présence aimante, des réponses. Avec une pointe de tendresse et de mélancolie Mélicendre avait observé de loin, tenté de dissimuler la joie que lui procuraient ses retrouvailles avec les clans. Sans oser se l'avouer, ce cocon douillet, ce nid chaleureux, lui avait manqué et à cet instant, elle se sentait en sécurité, apaisée.


Le groupe pénétra dans le sanctuaire au centre duquel brûlait le grand feu et des odeurs doucereuses de viande, de plantes et de légumes sauvages remplissaient l'air. Les divinatrices restées sur place et commandées par Elisae avaient travaillé dur au point que le camp avait pris une tout autre apparence. 


Des bougies éclairaient les parois de pierre, dégageant une légère et subtile odeur de miel et de cire chaude, les cahutes étaient à présent plus grandes et les paillasses rembourrés de plusieurs couches de brins tissés soigneusement, les pots et les jarres étaient dispersés dans l'immense salle pour chaque couche et, au centre, de grands coussins en cannage rembourrés de mousse étaient installés à proximité du grand foyer et du feu de cuisson, au-dessus duquel de la viande était en train de fumer. Derrière, à côté de la tente de fortune de la mère des clans, un cagibi protégeait de la viande suspendue par de la fibre végétale, et, sur des feuillages, des graines et des plantes, séchaient à l'abri de l'éclairage et de la chaleur. 


Les abris des divinatrices possédaient à présent plusieurs pièces séparées par des paravents faits de branchages souples et tissés et chaque clan disposait de vaisselle. 


À leur arrivée, toutes étaient encore en plein travail. Certaines faisaient mijoter le repas en grande quantité, d'autres poursuivaient les travaux de tissage et de cannage, certaines découpaient la viande à destination du cagibi, tandis que d'autres encore, triaient des plantes et des fleurs afin d'en faire des remèdes, de garnir un potage ou de les faire macérer dans des fûts pour qu'il se transforme en vin. 


Les épaules et la nuques raides, Aesril posa un genou à terre pour laisser doucement le corps de l’enfant glisser jusqu’à ses pieds, tirant la cape de son sac pour la poser sur le sol et maintenir la tête de Violette.


Tal, tal… Ad vorem (Calme, calme… Nous sommes ici), murmura-t-il avec douceur, les mots de sa patrie lui venant plus naturellement lorsqu’il cherchait un vocabulaire particulièrement bienveillant ou lorsqu’il jurait, ne trouvant son équivalence nulle part dans la langue commune.


Il se massa les épaules en observant les lieux, admirant le travail que les divinatrices avaient exécuté en si peu de temps. Cela restait sommaire, bien sûr, mais l’idée de dormir dans quelque chose qui ressemblait un tant soit peu à un abri digne de ce nom suffisait à le réjouir. Malgré tout, l’anxiété qu’il avait ressentie durant le trajet du retour ne le quittait pas, chaque fois qu’il baissait les yeux sur Violette. Il n’en avait dit le moindre mot à quiconque, pas même à Mélicendre. Le moment et le lieu ne s’y prêtaient guère et il estimait qu’il était de son devoir d’assumer pleinement sa décision, quand bien même celle-ci lui semblait encore affolante. Il ne savait même pas s’il serait capable d’être père, avoir le pouvoir d’offrir un avenir meilleur à Violette lui semblait tout aussi incertain. Mais pour l’heure, il aspirait surtout à se retrouver seul un moment avec Mélicendre, ressentait le besoin de la retrouver, de la retrouver vraiment, sans la pression d’un départ imminent, d’une mort probable, ou d’explications interminables. En ces lieux où il ignorait même quelle était sa place, où il n’avait aucun rôle défini, il réalisait à contrecœur sa position de vulnérabilité, celle qui lui accordait dans le même temps tout ce qu’il avait toujours rêvé : la liberté. Mais la liberté est toujours une chose effrayante pour celui qui a vécu si longtemps enfermé. Aussi releva-t-il son regard vers Mélicendre, son point d’ancrage, apaisant ses troubles. La savoir dans un univers qui lui était familier le réjouissait. 


Un sourire doux s’étira sur ses lèvres.


— Tu es rentrée chez toi, Cael ni Fey. J’imagine ta joie.


La divinatrice passa sa main dans son dos avec tendresse dans un sourire en coin avant de poser sa joue contre son bras. "Chez moi" pensa-t-elle pour elle-même en balayant du regard la salle et les femmes qui s'y trouvaient. Son ventre s'était noué d'une sensation étrange, l'anxiété de retrouver les clans qu'elle avait quittés pour vivre sa vie loin de la tyrannie de sa grand-mère et cette chaleur si particulière qui entourait ce nid. Aujourd'hui Magdalena n'était plus depuis longtemps et elle ne pouvait pas se mentir, Aeva avait changé, elle voyait bien ses efforts et le regret dans son regard chaque fois qu'elle posait les yeux sur sa fille, elle avait vue son comportement avec Aesril évoluer et son souci quant à sa survie. Les clans avaient des règles strictes et des traditions qui selon Mélicendre devaient évoluer, mais c'était aussi la sécurité, être entouré et l'opportunité d'offrir à leur enfant, et maintenant, à la petite Violette un foyer sûr et rempli de savoir et d'une douceur réconfortante. Elle releva son regard vers Aesril en lui offrant un baiser.


— Oui… Peut-être allons-nous enfin pouvoir nous poser, respirer et profiter. 
— Attends que j’aie pris un bain pour respirer. Je ne suis même plus sûr d’être capable de supporter ma propre odeur, plaisanta-t-il d’un ton pince-sans-rire, adressant une caresse à sa joue, du bout du pouce. Par Auri-El, je rêve de cela… Je ne sais par quelle folie tu parviens encore à m’approcher.


Elle se pencha légèrement en avant, faisant mine de le sentir dans une grimace.


— Hum… Oui, c'est vrai que tu sens l’humus et…
Elle fût interrompue par les cris des femmes face à eux. Les divinatrices avaient fini de pénétrer dans le sanctuaire et les retrouvailles des unes et des autres, séparées depuis des mois dans la crainte de ne plus jamais se revoir, se faisaient dans le brouhaha et les clameurs résonants contre la roche. Les pleurs, les rires et la joie se faisaient de plus en plus prenants. Aeva se rapprocha du mage et de sa fille en posant une main sur l’épaule de Mélicendre avec tendresse, les yeux humides, sentant l’émotion la gagner alors qu’elle-même venait de retrouver sa fille après des mois d’angoisse et d’incertitude. 


— Elles ont retrouvé leur famille… Grâce à toi, Mélicendre, souffla-t-elle avec douceur.


Mélicendre pinça les lèvres, sentant l’émotion monter en elle à son tour. Saphia se rendit au centre de la salle et grimpa sur la petite estrade de bois, un large sourire fier sur les lèvres, tenant la main de sa sœur, Elisae, à qui elle avait confié le campement en son absence. Les divinatrices, blotties les unes contre les autres, se regroupèrent devant elles et Aeva fit signe au couple de la rejoindre et de s’avancer. Aesril contemplait la scène, son visage prenant des airs graves sous la joie communicative de toutes ces femmes se retrouvant et partageant cet intense soulagement qu’il avait lui-même ressenti. En voyant Aeva les interpeller, il déposa sa main dans le dos de Mélicendre, la poussant doucement en avant.


— Vas-y. Elles n’attendent plus que vous.


La divinatrice lui tendit sa main dans un sourire.
— Pas sans toi. Viens. 


Posant sa main dans la sienne, il fronça les sourcils, désarçonné. Il ne savait pas s’il pouvait ainsi se mêler à un moment si important, ne savait soudain plus comment agir.


— Moi ? Mais je…
—Tais-toi… lui intima-t-elle en l’entraînant dans la foule pour rejoindre les femmes. 


Famia suivit Saphia et Elisae sur l’estrade en s’asseyant sur le sol devant elles, face au clan, un instrument usé dans la main, sur lequel on pouvait y voir une fleur de Dahlia gravée. Elle frotta les cordes et les voix cessèrent, les corps des femmes se serraient dans des étreintes de tendresse aimante et quand Famia s’arrêta, elle redressa son regard, elle-même véritablement émue avant de commencer à émettre quelques notes puis de jouer en commençant à chanter. La voix de Famia s’éleva et très vite Saphia, Elisae la rejoignit et ainsi toutes les divinatrices se mirent à chanter, en tapant lentement dans leurs mains, les cinquantaines de voix faisaient vibrer la roche d’une union singulière, d’un chant ancien, que Mélicendre et Aeva se mirent à entonner. La divinatrice se blottit dans les bras du mage et tendit sa main à sa mère en lui offrant un sourire attachant, les yeux humides. Le chant était un hommage, une sorte de requête à leurs ancêtres pour que leurs morts ne soient jamais oubliés.


Divi atri , Divi atri
Maiores amavit


Ut mortuos nostros
Ut non sint obliti


Mors non es fini (Ad finem)
Mors non es fini  (Ad finem)


Divinatrices, divinatrices
Ancêtres tant aimés
Prenez nos morts
Qu’ils ne soient oubliés
La mort n’est pas une fin
La mort n’est pas une fin




Ne connaissant ni le sens, ni l’air de la chanson, Aesril se contenta de fermer les yeux un moment, refermant ses bras autour de Mélicendre en s’imprégnant de l’instant, jetant un regard succinct vers la fillette étendue au sol. Il baissa les yeux vers Mélicendre et Aeva, puis parcourut chaque visage du regard, guettant les expressions avant de s’attarder sur Saphia. Il se souvenait des mots qu’elle avait prononcés. Les anciens avaient décidé que lui et Violette pouvaient rester parmi eux. Qu’est-ce que cela signifiait ? Leurs ancêtres avaient-elles un plan pour eux ? Avait-il vraiment une place parmi toutes ces femmes dont il connaissait à peine les coutumes, lui qui avait toujours eu tant de mal à ne pas questionner les traditions ? Il se souvenait de ses propres inquiétudes qu’il avait témoignées à Mélicendre par le passé et de sa résolution à ne pas laisser les clans décider de sa vie, craignant de passer d’une cage à une autre. Mais une entité supérieure venait-elle de décider de son destin ? Avait-il déjà été tracé ? Que se passerait-il si elles décidaient de mettre fin aux jours de leur descendance ? Tant de questions le parcouraient tandis que sa main glissait instinctivement contre le flanc de Mélicendre, comme une protection pour leur enfant encore à naître et il ne se rendit pas compte qu’il continuait de fixer la Mère des Clans, les yeux emplis d’interrogations. 


Les voix se faisaient plus vives, le rythme plus rapide et, en un instant, d'autres instruments ayant survécu à l'attaque vinrent se joindre au luth et aux voix. Les femmes s'attrapèrent par les mains pour se mettre à danser dans une ronde folle et étourdissante et d'autres divinatrices sortirent des jarres pleines de vin de fleurs et de fruits sauvages qu'elles se faisaient passer pour y boire une gorgée. L'heure était à la fête et Aeva se fit emporter dans la vague des danseuses tandis que Mélicendre s'y refusait pour se préserver. Elle posa sa main sur celle d'Aesril et se tourna vers lui, les yeux luisants d'une étincelle douce et chaleureuse.


— Tu devrais y aller… Je t'ai déjà vu danser, sourit-elle d'un air taquin. 


Les sourcils du mage se froncèrent alors que lui venaient déjà à l’esprit quantité de contre arguments, dont les principaux étaient qu’il était épuisé et qu’il aspirait grandement à profiter de ce temps de liesse où chacun était trop occupé pour prêter attention à eux et ainsi passer un moment avec elle. Il se mordit les lèvres, dansant sur ses pieds.


— Ou alors…. Je pourrais rester tranquillement avec toi et…
— Joignez-vous à nous, Aesril !, lança une des femmes en lui attrapant son autre main.
— Non, je ne connais pas cette danse et…


Mais à peine eut-il eu le temps de formuler ses premières protestations qu’il fut entraîné dans le cercle, tournant à vive allure et lui faisant rapidement perdre tout repère. Confus, il peinait à comprendre ce qu’il faisait au milieu de toutes ces femmes. Il lança, à quiconque l’entendrait.


— Que se passe-t-il ? Qu’est-ce que l’on fête ainsi ?
— On célèbre nos morts et nos retrouvailles ! lança joyeusement l’une d’elle. Et ceci est une danse !, se moqua-t-elle doucement. 


Julianna qui se trouvait face au mage, dans le cercle se mit à rire de bon cœur en le voyant ainsi aux abois. Mélicendre en profita pour porter la fillette jusqu’à leur tente. Celle-ci possédait deux pièces séparées par un paravent de bois tissé et de chaque côté deux couchages rembourrés avaient été installés. Elle y déposa Violette et la couvrit d’une couverture avant de se diriger vers le grand buffet que les divinatrices demeurées au camp avaient préparé en leur absence. Elle but une gorgée de vin de cassis et mangea tout ce qui lui faisait envie, lentement, mastiquant chaque bouchée minutieusement pour réhabituer son estomac à recevoir de la nourriture se tournant pour observer le mage se faire embarquer par les chants et les danses, non sans une petite lueur de satisfaction taquine. 
Celui-ci se concentrait pour observer les pas et tenter de suivre les mouvements des femmes, gêné par sa grande taille, mais le rire de Julianna le détendit quelque peu. La danse n’avait rien des mouvements parfaitement rythmés et synchronisés que celles qu’il avait apprises chez lui, elle était plus intuitive et laissait librement parler le corps. Les divinatrices autour de lui se mirent à émettre des trilles aigus, comme des hirondelles en plein vol, le feu de joie dansait, le battement de toutes ces femmes faisait vibrer le sol et Aesril se surprit à sentir son cœur battre un peu plus fort. Les images qu’il avait vues dans l’esprit de Mélicendre se projetèrent contre ses yeux et résonnèrent dans son cœur. Il avait le sentiment de vivre à nouveau le souvenir des clans réunis des années auparavant et alors, il se demandait : était-ce cela que de pouvoir partager la même mémoire ? Il n’avait jamais ressenti autant d’unicité entre des personnes. 


Se laissant bercer par le mouvement, il esquissa un sourire à celles qu’il reconnaissait, fasciné par la transe qui s’opérait autour de lui et par les voix qui se mélangeaient, mais ses yeux vinrent rapidement chercher l’éclat d’azur de Mélicendre. Ses entrailles se serraient encore lorsqu’il la perdait de vue, tant il avait craint de ne jamais la revoir, comme si elle allait s’évaporer d’un moment à l’autre ou qu’une menace allait surgir du néant pour mieux engloutir son bonheur.
Après un long moment, Mélicendre vint le rejoindre pour l'extraire au bras des divinatrices, elle l'entraîna à l'écart près du buffet et lui tendit le pichet de vin dans un rire éclatant. 


— Monsieur, quel danseur exceptionnel, vous faites, minauda-t-elle, feignant des airs nobles en croquant dans un cassis. 
— Si tu crois que je ne t'ai pas vue te moquer, tu te trompes, répliqua-t-il d'un air faussement désapprobateur avant de lui sourire en coin en prenant le pichet entre ses mains, cherchant un récipient où verser son contenu, sans succès. J'ai compris, je suis le divertissement de ces dames. Je te préviens, il y a des limites à ce que mon corps est prêt à offrir. 


Elle pouffa de nouveau en offrant une caresse à sa joue. 
— Je ne me moque pas… Je suis heureuse. 


Les sourcils du mage se plissèrent dans une expression tendre. Il posa ses yeux dans les siens.
— Qu’est-ce qui te rend si heureuse, Joli Serpent ?
— Toi… tout ça. Elle pointa du menton le centre de la salle où Aeva dansait avec d'autres femmes faisant des rondes en prenant des jeunes divinatrices par les mains. Regarde… Même Aeva a l'air… Heureuse.


Il tourna le regard vers Aeva, tournoyant joyeusement. Les paroles de Mélicendre le confortaient dans sa décision. Aujourd’hui, elle avait une famille. Il était convaincu qu’elle avait encore des choses à vivre avec sa mère.


— Bien sûr qu’elle est heureuse, elle a le meilleur gendre qui puisse exister, à sa place, je serais extatique, moi aussi.


Il se décida finalement à boire une gorgée de la boisson à même le récipient. Le sucre du cassis fermenté lui ravit le palais et l’alcool apaisa ses nerfs. Il ferma les yeux un bref instant, pour les rouvrir, adressant un sourire taquin et aimant à Mélicendre.


— Je suis comblé de te voir ainsi, Leyend ni Me (âme de mon âme). C’est tout ce que je pouvais rêver.


Elle lui offrit un sourire dans un hochement de tête faussement désapprobateur puis s'approcha de lui avec tendresse, plongeant son regard dans le sien une lueur aimante et reconnaissante dans le regard.


— Tu le penses vraiment ?
— … Bien-sûr. Crois-tu que je sois déjà en train de planifier mon prochain plan machiavélique ?, demanda-t-il dans un sourire amusé.
— Je crois que tu es encore capable de me surprendre et que tu me dirais si quelque chose n'allait pas. Elle enroula ses bras autour de sa nuque, embrassant passionnément ses lèvres. Je crois aussi que tu déteins sur moi…, susurra-t-elle au creux de sa nuque. J'ai un plan machiavélique pour toi, beau mage… 


Il frissonna de plaisir au baiser de la divinatrice, une lueur vive brillant dans ses yeux. 


— Hmm… Tu sais bien que ton mage a toujours quantité de préoccupations à l’esprit dont j’aurais besoin de discuter avec toi, Aeva, Saphia… Mais pour l’instant, ici et maintenant, te voir si heureuse est la plus belle des récompenses. Mais… - Il plissa les yeux d’un air suspicieux, redressant le menton. - Revenons-en à ta dernière phrase, tu as… un plan machiavélique ? Dois-je m’inquiéter ?
— Tout à fait… Suis-moi… lança-t-elle en l'entrainant avec elle loin de la foule.


Le sourire d’Aesril s’épanouit tandis qu’il se laissait guider, mais il s’arrêta subitement, jetant des regards autour de lui.


— Attends… Et la petite ? Où est-elle ?
— Dans notre tente, bien à l'abri… Elle se retourna en s’avançant d'un pas lascif faisant pianoter ses doigts sur son torse. Je croyais que tu avais hâte de te laver, lâcha-t-elle en reprenant sa marche dans un sourire en coin espiègle. 


Le sang battit un peu plus vivement contre sa peau, réchauffant doucement les joues du mage. Jamais il ne l’avouerait à Mélicendre, mais cette sensation, il l’avait ressentie dès la toute première fois où elle l’avait effleuré pour mieux lui faire des avances. À l’époque, il avait repoussé ces pensées au plus profond de lui-même, mais elle n’avait jamais cessé de tourmenter son âme, plus intensément à mesure que le temps passait. Aujourd’hui, loin d’avoir apaisé son feu, il lui semblait qu’une part de lui se déchirait toujours peu plus de désir pour elle. Il la suivit, aveuglément.


— J’en ai follement envie, oui. 


Elle l'entraîna à l'extérieur, prenant sa main en lui lançant des regards joueurs, se mordant les lèvres d'amusement jusqu'à la rivière. Sur place, elle embrassa ses lèvres amoureusement avant de reculer d'un pas, faisant tomber sa robe sur le sol d'un air fauve et entra dans l'eau sans quitter le mage du regard, savourant la douceur du soleil de début d'après-midi réchauffant l'eau vive. Le souffle court, figé sur place, un frémissement agitant son échine, il observait l’éclat du soleil sur la peau nue de Mélicendre, le sourire à ses lèvres, la joie pure dans ses yeux et c’est submergé d’émotions qu’il se perdit dans ce tableau qui lui évoquait quelque chose qu’il avait déjà vécu avec elle, bien des mois auparavant, alors qu’une fois de plus, ils avaient failli perdre la vie dans un moment si simple. Il cligna des yeux, mais cette fois-ci, point de menace de mort imminente à l’horizon. Rien que le ciel, les oiseaux d’été, le miroir scintillant de l’eau pure et eux. Ils étaient en vie. Il peinait encore à y croire. Il se passa une main sur le visage, fermant les yeux et expirant profondément pour s’efforcer de tempérer tout ce que cette vision si douce suscitait en lui et il releva finalement un regard radieux vers Mélicendre, les lèvres pincées d'émotions, la fougue lui étreignant sauvagement le cœur et le torse agité de son souffle vif. 
Il ôta ses vêtements à la hâte, et suivit la divinatrice dans la rivière, repoussant vigoureusement l’eau contre ses jambes pour mieux l’atteindre et se ruer sur ses lèvres avec ardeur, accueillant sa nuque au creux de sa paume, tremblant. Captive de l'ivresse de ce moment, la divinatrice enroula ses jambes autour du mage, les mains autour de sa nuque, dévorant avidement ses lèvres, haletante, oubliant de respirer tant ces instants lui avait manqué, son cœur lui semblait plus lourd, rempli de bonheur et de désir, tout ce qui se trouvait autour d'eux disparaissait, elle oubliait l'eau, le vent, les rayons du soleil, les chants des moineaux, il ne restait que lui. Lui et l'attraction de sa peau contre la sienne. Le cœur cloué d’amour, Aesril précipita ses lèvres contre la gorge de Mélicendre, faisant rouler ses mains sur sa peau et suivant ses courbes, comme l’eau furieuse glissant sur les pierres chaudes, parfois docile, et parfois vif, ses mains capturaient ses jambes et son ventre se plaquait contre le sien, suivant son impétueux besoin de ne plus se séparer d’elle, perdant son visage dans ses cheveux dans de profonds soupirs, dévorant son cou insatiablement jusqu’à tant que ses épaules soient agitées de spasmes incongrus. La divinatrice fit glisser ses ongles le long de son dos, jusqu'à agripper ses hanches avec plaisir, savourant ses soupirs et en le sentant émettre des soubresauts amusés, elle fronça les sourcils en détachant lentement son visage de son étreinte et l'observant d'un air perplexe.


— Oui… Donc… si tu te mets à rire dans une telle situation, c'est que… définitivement tu as perdu la raison…
Il redressa vers elle un visage éclatant de joie.


— Nous sommes en vie ! Tu es là ! Je… C’est fabuleux, soupira-t-il avec émotion.


La divinatrice pencha légèrement son visage sur le côté en le dévisageant. Elle pinça les lèvres et haussa un sourcil avant de le pousser discrètement vers la rive. Une fois l'eau arrivée à hauteur de jambes, elle força le mage à s'asseoir et s’installa sur ses cuisses en passant ses jambes autour de lui, parcourant son torse du bout de ses doigts avant de se pencher pour mordre son cou en susurrant d'une voix lascive.


— Oui… Oui… nous sommes en vie…. Et je suis enceinte de deux mois… Deux mois pendant lesquels nous ne nous sommes pas vus… Aesril. - Elle inspira d'un souffle chaud dans son cou avant de poursuivre. - Donc, si tu n'arrêtes pas de rire et si tu ne me fais pas l'amour immédiatement, je jure que je fais trois jours de marche pour aller rejoindre ton ami… 


Son sourire se perdit sur ses lèvres pour être remplacé par un regard féroce, qu’il plongea avec intensité dans celui de la divinatrice, sa poitrine se soulevant profondément, son nez se plissant d’une manière fauve. Il plongea ses doigts contre la chair tendre au bas de son dos pour la mener un peu plus contre son intimité.


— Oh Mélicendre… Il n’existe aucun homme sur cette terre qui éprouve en ce moment plus de désir pour toi… 




Agrippant délicatement sa gorge fine, savourant la courbe gracieuse de sa mâchoire sous ses doigts, il parcourut son corps de baisers, mordillant la peau. 


— … Aucun homme qui n’aspire plus que moi à se sentir vivant au creux de ton ventre. Et cela… de ce jour, jusqu’à ma mort.


Elle fondit sur ses lèvres, dans un petit sourire malsain, entremêlant ses doigts au creux de sa nuque, se plaquant avidement contre son corps dans des mouvements de balancier lents et sensuels. Comme le corps du serpent ondulant sur le sable chaud. N’y tenant plus, le souffle court, il se précipita au creux de ses hanches, délicieuse délivrance que d’enfin s’unir à elle de nouveau. “Ensemble” répéta son esprit. Cette fois-ci, il offrait tout de lui sans crainte. Il ancra ses mains dans ses hanches en soupirant de plaisir, les sourcils arqués et les paupières de ses yeux clos plissés d’ivresse. Il rouvrit les yeux pour plonger son regard dans celui de la divinatrice.


— Je t’aime Mélicendre. Je suis à toi. Entièrement.
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