L'Ordre des Lys et du Serpent
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Terhanen
Terhanen
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Histoire de Tarani de Senchal partie 2 Empty Histoire de Tarani de Senchal partie 2

Mer 6 Sep - 12:09
Chapitre 4 :  DANS L'OEIL DE RAJHIN  



Voici trois hydromels, deux vins épicés, une bière et un thé de Combeline, annonce Terhanen en posant les consommations sur la table. 
     Serveuse depuis deux cycles de saison, la jeune Khajiit a appris à louvoyer son lourd plateau entre le mobilier et les clients ivres de la modeste auberge des “Ailes salées”, au comptoir maritime d'Auridia. 
     Avec un sourire affable collée au visage, ses dents blanches contrastant avec sa fourrure d’ébène, elle s'éloigne de sa démarche féline en balayant du regard la salle enfumée. Les quelques marins encore présents à cette heure avancée de la nuit ont déjà épuisé leurs bourses et les commandes se font moins nombreuses. 
     Encore quelques heures avant d'aller dormir, pense-t-elle en étouffant un bâillement. 
      Debout devant l’âtre, un luth à la main, Bishanti entonne pour la dixième fois de la soirée une chanson à la gloire de la reine Ayren. Son public, deux elfes, l'écoutent, captivés en se balançant au rythme de la mélodie. Ces altmers ! Elle envoie à son amie musicienne un clin d’œil encourageant et celle-ci lui retourne un regard blasé, qui tire un petit rire à Terhanen.
     Derrière le comptoir, la jeune femme rejoint la cuisinière des lieux, Zebahi, une vieille khajiit replète et joviale, dont les coups de rouleau à pâtisserie ont prouvé être les plus redoutables d’Auridia. 
     Zebahi l'observe, un sourire en coin et les moustaches frémissantes.
   — Qu'est ce qui t'arrive ? plaisante Terhanen d’un ton taquin. Tu as attrapé un rat pour le ragoût de demain ?
   — Chat du skooma, je t'ai déjà dit que c’était du lapin ! Réplique-t-elle d’un ton plus amusé que vexé. 
      Une lueur d’effronterie malicieuse s’allume dans les yeux de la matronne.
   — Non, continue-t-elle. J’ai appris que le 10 de semailles n'était pas un jour ordinaire. Alors, je t'ai fait ça. En cachette. 
      La cuisinière soulève un torchon dévoilant un petit pain au miel et aux pommes encore tout chaud dont l'odeur lui met l'eau à la bouche.
   — Bonne 19eme année, Serush-la!
      Terhanen lance un regard assassin à Bishanti qui feint de ne rien voir. Quelle idée d’avoir révélée sa date de naissance à cette satané commère incapable de tenir sa langue.
   — Merci, finit-elle par répondre, tu n'aurais pas dû prendre tant de risques. Tu vas te faire virer.
    — Pff, t'en fait pas pour moi, les patrons ne sauraient pas faire bouillir de l'eau sans Zebahi. Mais je compte sur ta discrétion ma grande, oui ? 
     Sans attendre sa réponse, la cuisinière lui fourre le gâteau dans les mains et réplique d’une voix ferme.
    — Allez donc prendre une pause avec Bishanti. Je m'occupe des clients.
     Derrière la taverne, les deux amies se partagent le petit pain, savourant en silence les talents de Zebahi. Une fois la dernière miette engloutie, Bishanti s'étire et fait craquer ses doigts engourdis.
   — Hmm, quel régal! Sans rancune, oui ? J'avais vraiment envie d'un de ses gâteaux.
     Voyant que Terhanen ne répond pas, elle poursuit.
   — Au faite, comment était ta soirée?
   — Pas folle. 
      Terhanen sort de son corsage une petite bourse plate dont le tissu rougeâtre  et poisseux illustre l’état de son ancien propriétaire.
    — Toujours meilleure que la mienne, alors. Il n'y a pas beaucoup de viande saoul ce soir. Je suis bredouille.
    — L’auberge commence à se créer une mauvaise réputation. Ça fait une semaine qu'aucun bateau n'est arrivé. Soit les marins ont plus un sou, soit ils évitent de rouler sous nos tables pour préserver le peu qu'ils leur restent.
    — Un bateau a accosté en début de soirée, tu n'es pas au courant ? Un petit trois mat. Je pensais que l'équipage passerais boire un verre après avoir déchargé mais non. Demain sera plus généreux sans doute. Les affaires reprennent. 
      La khajiit rousse a la fourrure marbré de blanc, claque sa langue puis se lève dans un froissement de robe en tendant une main a Terhanen. 
   — Allez ménage et dodo. Bouge toi, oui ?
      Main dans la main, les jeunes femmes retournent à l’intérieur d'un pas pressé tout en se chamaillant pour savoir qui fera les tâches les plus ingrates. 


Sans regarder devant elle, Terhanen pousse la porte d'entrée et se heurte violemment au dos d’un homme, arrêtant net sa course. Surprise, elle lève les yeux vers le visage courroucé d’un grand khajiit. Un Pahmar.
 L’homme de plus de deux mètres de haut, a les bras croisés sur sa poitrine nue. Vêtus d’un pantalon de voyage court à la mode des marins, il porte pour seul ornement une bourse de cuir en pendentif. Hérissant légèrement les poils rêches et décolorés de sa fourrure tigré, signe des stigmates d’une exposition prolongée au sel et au soleil. Ses yeux sombres, toisent les jeunes femmes d’un regard intimidant. 
  • Ho heu désolé. Bafouille Terhanen qui s’incline, ne parvenant pas à masquer complètement un gloussement d’autodérision .

Le pahmar grogne et se désintéresse d’elles, fixant le comptoir où son chef est nonchalamment appuyé. Celui-ci discute avec Zebahi qui visiblement ne sait plus où se mettre. La cuisinière gesticule compulsivement dans sa gêne, ajustant sans arrêt tantôt sa mise tantôt sa coiffure, sans jamais regarder son interlocuteur dans les yeux.
Le khajiit à la fourrure crème qui lui fait face sourit avec charme. Habillé comme un prince d'un pantalon ample de soie noire, d'une chemise blanche aux manches bouffantes surmonté d'un veston de cuir doré. La coupe, élégante, fait ressortir son dos large, sa poitrine musclée et sa taille fine. A sa ceinture, pend un grand sabre lourd à la poignée usée.
Il tourne la tête vers les jeunes femmes et Terhanen en oublie un instant de respirer. Ses yeux jaune d'or aux pupilles fendus s'étrécissent mais son air est pourtant bienveillant. Elle ne retrouve son souffle que lorsqu'il détourne le regard pour faire un baise main a Zebahi et prendre congé.
Les jeunes femmes se reculent précipitamment pour laisser sortir le duo qui passe devant elles sans les regarder. Laissant dans leurs sillage une odeur de musc, de sel et d'épices.
Terhanen s'attarde à l'extérieur pour observer les deux hommes s’éloigner en direction du port, troublée par cette rencontre. Ce n’est pas le cas de son aînée qui se rue à l'intérieur pour ensevelir Zebahi sous les questions.
  • C’était qui ? Ils voulaient quoi ? Tu les connais ?
  • Je heu non! Un air niais au visage, la cuisinière prend une longue inspiration suivie d’un soupire béat.  C'est un capitaine de navire et son second. Dar Mohar et Shazim'hir. Leur dernier voyage a été éprouvant. Ils ont failli sombrer et ont perdu des hommes. La faute de cette maudite tempête qui ravage les côtes. Triste affaires. Enfin, le capitaine Dar Mohar veut organiser un recrutement à la taverne pour les remplacer. Ho par dibella si j’avais quelques années de moins, je m’enrôlerai volontiers pour pouvoir admirer ce derrière tous les jours.
  • Alors il va revenir ? Terhanen s’approche du comptoir l’air songeuse.
  • Oui demain soir. Même si je doute qu'il trouve beaucoup de marins aguerri et sobre au guet de Vulkel en ce moment. On doit faire passer le message tout de même que le Ragnard Rath recrute.
  • Il a précisé le profil de marin qu'il cherche ?
  • Hmm non pas vraiment. Avec de l’expérience. C'est tout ce qu'il a dit. Je suppose qu'il fera le tri demain oui. Mais assez bavassé. Les derniers clients sont partis cuver alors au boulot les filles. Demain va être une grosse journée faut que ça brille. 

Le lendemain, la prédiction de la cuisinière s'avère en dessous de la réalité. A peine les trois femmes auront mis leurs tablier, que tous les rats de cales du guet de vulkel en mal de travail, afflux dans la petite taverne. La salle principale ne désemplit pas, et le service s’étend même au perron de la taverne où les hommes, et les femmes jouent aux dés sur l'herbe rase en attendant que le capitaine du trois mâts fasse son entrée.
Plus surprenant encore, le couple de hauts elfes propriétaires de l’établissement fait la démonstration d'un rare acte de présence. Affichant des sourires commerciaux et aboyant sèchement des ordres à leurs ouvrières déjà débordées.
Terhanen, en sueur, la fourrure hirsute, joue des coudes parmi la foule déjà ivre, quand subitement, le silence se fait dans la salle. Les regards se tournent vers la porte d'entrée, et sur la pointe des pieds, elle aperçoit par-dessus une épaule un groupe mené par Dar Mohar rejoindre l’arrière salle réservé pour les entretiens.
D’une démarche princière, le capitaine khajiit traverse lentement la marée humaine . La foule s'ouvre en deux sous son regard perçant et se referme derrière lui. Devant le rideau tendu pour l’occasion, les tenanciers saluent leurs hôte de marque d’une voix si obséquieuse, que terhanen en a une grimace de dégoût. Le capitaine et sa suite pénètrent dans l'arrière salle et les conversations reprennent à voix basse dans la taverne.
  • C'est lui Mohar ? T'as vu comment qu'il est habillé ?
  • Doit être riche. C'est louche !
  • Paraîtrai! qu'y connaît la reine Ayren. Même qu'y auraient eu une aventure
  • Un blanc bec comme lui  hmmpf j'y crois pas! Il lui a plutôt volé tout ce qu'il a.
  • Va sûrement se faire trancher la gorge bientôt de toute façon. Les jeunes cap'taine arrogant font pas long feu.

Rapidement expulsé de l'arrière salle, le couple d'altmer retraverse le rideau l'air pincé et tout sourire effacé de leurs visages.
  • Toi! Aboie l'homme avec mauvaise humeur en pointant Terhanen du doigt. Va chercher du whisky, et sert le capitaine.

  • Oui m'sieur! Sans s’offusquer, la khajiit s’exécute. Abandonnant sans remords ses commandes en cours.

Devant le rideau, une bouteille et une pile de verre à la main, Terhanen tend une oreille indiscrète.
  • ...trouvera rien ici capitaine ils sont tous déjà ivre y auront jamais la discipline pour le Ragnard Rath.
  • Ne soit pas défaitiste Shaz. La voix du capitaine, grave, a des intonations particulièrement sophistiquées pour un khajiit.  Dar Mohar pense que des perles peuvent apparaître parmi la vase. Et nous les trouverons. Si il y en a. Annonce le début des entretiens tu veux. Finissons en

Terhanen se racle la gorge puis annonce d'une voix forte
  • J'ai votre commande capitaine
  • Hmm lunes gracieuses et bien entre !

Écartant les rideaux, Terhanen s'incline gracieusement et pénètre dans la pièce aux lumières tamisées. L’odeur entêtante de parfum et d’épices emplit l’air. Assis au centre devant une pile de parchemin vierge et un encrier, Dar Mohar l'observe servir les trois verres d'un regard inquisiteur un léger sourire aux babines. Son second, le grand pahmar est assis à sa droite. En équilibre précaire sur un tabouret grinçant. Trop fragile pour le poids inhabituel du géant. Appuyé contre un mur, a l’opposé, un argonien mince aux écailles bleue pâles, vêtu d’un veston ouvert et d’un pantalon noir complète l’équipage. L’homme lézard la suis des yeux d’un regard froid et dédaigneux.
  • Voyez comme les perles apparaissent à la moindre évocation messieurs oui ? Comment vous nomme-t-on belle enfant d'Elsweyr ?
  • La khajiit cligne plusieurs fois des paupières surprises. On m'appelle Terhanen de Senchal. Pour vous servir capitaine.
  • Hmm un nom intéressant. Quel dommage que ce khajiit ne soit pas ici pour le plaisir. Shaz !

Sans se départir de son sourire, le capitaine fait un geste à son second qui se lève et pousse avec fermeté Terhanen vers la sortie. D'une voix retentissante, le pahmar annonce le début des entretiens à la foule amassée dans la pièce principale.
La jeune serveuse retourne docilement derrière le comptoir confuse de cet échange. Doit elle se sentir flattée, insultée ? Sur le coup, elle sait seulement qu'il n’est pas question d’en rester là.
Elle s'approche de Bishanti et lui murmure :
  • Je crois que le capitaine m'a prise pour une catin
  • La khajiit rousse éclate de rire en remplissant une chope de bière reversant du liquide au sol dans son hilarité. Ha ça m’étonne même pas.
  • Hmm et pourtant. Soupire Terhanen avant de demander avec brusquerie. Shanti ça te tenterait pas de reprendre la mer ?
  • Cessant de rire, Bishanti se tourne vers son amie l’air grave. Quoi ? Tu es sérieuse ? Tu te demandes vraiment si je veux passer ma vie au milieu des altmers à leurs servir de serpillières pas mieux payer qu'une esclave. On a essayé tu te souviens ? Aucun de ces respectables capitaines, ne veut donner une seconde chance à deux khajiit qui ont volées leur propre navire.
  • Mais, Dar Mohar est nouveau. Il n'est peut-être pas au courant. Et puis ça fait deux ans, combien de temps ça prend pour se faire oublier.
  • La khajiit rousse ne répond pas immédiatement, réfléchissant. Une lueur d’espoir brille progressivement ses prunelles vertes et avec un frémissement de queue, elle prend sa décision. Ziss vo d'accord. On tentera le coup en dernier comme ça on ce ferra pas casser de sucre-lune sur le dos par ces piliers de taverne.

Les entretiens sont pour la plupart expéditifs.  Fiers et sur d’eux au début, les candidats ressortent rapidement de l'arrière salle le faciès furieux ou déconfit. Les lunes progressent rapidement dans le ciel et la taverne se vide. Les propriétaires ont depuis longtemps rejoint leurs foyer déléguant la fermeture à leurs employés. Ne reste que quelques hommes, noyant leur déception dans l'alcool. Lorsque le dernier encore en état de tenir une conversation ressort de l’arrière salle, les deux jeunes femme retirent leur tabliers avec détermination et passent ensemble derrière le rideau.
Les trois hommes les accueillent d’un regard blasé. Un grand soupir anime le capitaine. Les coudes sur les genoux, les mains jointes sous le menton, Dar Mohar semble avoir perdu tout éclat.
  • Bien messieurs il est temps de partir laissons ces dames nettoyer
  • On n'est pas là pour faire le ménage. Proteste Bishanti. On veut rejoindre votre équipage.
  • Un sourire las mais amusé étire les lèvres des trois hommes. Vous ? Allons donc des serveuses maintenant ? Je dresse la crête de l'ennui. Grince l'Argonien d'une voix railleuse.
  • Le capitaine l'interrompt en levant la main. Il détaille longuement les deux femmes. Vous avez servi sur quel navire ?
  • On a été mousse, commis et vigie pendant deux ans. Sur la Vivaria.
  • Vous en êtes partis pour quoi ?
  • Hmm désaccord avec le capitaine.
  • Oui virées quoi. Vous savez vous battre ?
  • Nous battre ? Non mais..
  • Suffit ! l’interrompt t’il d’une voix cassante. Merci d’être passé mesdames. Dar Mohar ne vous retient pas. Vous avez sûrement fort à faire. Retournez récurer vos latrines et vos écuelles oui ?
  • Les deux jeunes khajiits restent muettes de stupeur sous les ricanements des trois hommes. Bishanti serre la main de Terhanen et la tire vers la sortie. C’était une mauvaise idée de toute façon!  
  • Terhanen, fixe d’un regard noir les trois marins sentant sa fourrure se hérisser. Elle gronde et se dégage brusquement de la main de son amie pour s'avancer dans la pièce et forcer Dar Mohar à la regarder
    Non! On ne baissera pas les bras si facilement. On sait pas ce battre et alors ? Ont a bien d'autre qualité utiles. On connaît la discipline, le prix du silence, et on a de l’expérience. Vous recherchiez des perles oui ? Elles sont devant vous ! Et elles ont plus de valeurs que les apparences ne laissent à croire. Mettez nous à l'épreuve capitaine, donnez nous une chance de briller, de vous prouvez que vous avez tort !
  • Les yeux éteints du capitaine s'illuminent  à la provocation de la jeune fille. Avec un panache retrouvé, il éclate d’un rire ravi. Vive lunes! Un défi oui! Très chères petites perles intrigantes, vous allez le regretter. Hmm voici le défi de Dar Mohar. Si avant l'aube, vous êtes capables de rejoindre le Ragnard Rath. Avec mettons le sceau personnel du maître des quais tamponné sur ces parchemins. Alors vous serez admises à bord. Voici deux contraintes pour que tout ça ne soit pas trop aisé. Il doit conserver son sceau et ne se rendre compte de rien. Si vous en parlez à quelqu'un, si il vous voit faire, si vous êtes en retard. Vous échouez ! Trinque avec les crabes vous aura a l’œil. 

A l’ordre de son capitaine, l'argonien siffle et s'agite. Ses yeux plissés se réduisent à deux fentes mais il ne proteste pas. D'une inclinaison gracieuse du buste, Dar Mohar souhaite lunes chanceuse deux femmes. Shari kra d'jay comme il dit, avant de donner le signal du départ. 
Au terme d’une rapide concertation, Terhanen et Bishanti annoncent leur décision à Zebahi. Les adieux sont déchirants. La matrone leur prodigue mille et un conseils et leur fait promettre plus qu'elles ne pourront jamais tenir avant de les laisser partir les larmes aux yeux.
La nuit est profonde lorsque les deux amies arrivent devant la maison du maître des quais. La brume étend ses volutes épaisses sur la ville portuaire. Quelques lueurs vacillantes de chandelle mourante filtre à travers les fenêtres des bâtiments environnants. Nul autre lumière n’éclaire la cité. Pas même celle des lunes.
Beliwel vit seul. Elles connaissent cet altmer plus ennuyeux qu'un jour de pluie. Passionné de chiffres, collectionneur de plumes d'écriture, son sérieux maladif n'a jamais incité les deux femmes à faire plus ample connaissance.
Bishanti force la serrure de la porte sous la vigilance de Terhanen qui fait le guet, trois parchemins vierges roulés dans la main. Un léger mouvement. Dans les ombres d'un bâtiment, le dénommé trinque avec les crabes leurs fait savoir qu'il les surveille.
Un cliquetis métallique, la serrure cède et Bishanti laisse le passage a Terhanen. La jeune femme se faufile par la porte entrouverte qui se referme sans bruit derrière elle. Ses yeux s'habituent à l'obscurité et elle progresse dans la maison silencieuse à la recherche du bureau. Dans une petite pièce du rez-de chaussé, elle trouve son objectif. mais alors qu'elle s'en approche, le bruit d'une respiration ronflante l'arrête.
Beliwel s'est endormi sur sa chaise, la tête appuyée sur un pesant volume de compte . Sans un bruit, elle s'approche de l'homme.
Le manche en bois et en bronze du sigille dépasse d'une pile de parchemin à quelques centimètres de lui. Terhanen tend la main se saisissant délicatement de l'objet de sa convoitise. Le moindre bruit, le moindre mouvement d'air pouvant réveiller l'altmer. Un ronflement plus fort lui fait manquer un battement de cœur.
Elle serre dans sa main le précieux sceau mais sa mission n'est pas finie. A proximité, elle trouve un bâtonnet de cire blanche et sort en reculant de la pièce pour trouver une chandelle.
Les braises moribondes de l’âtre feront l'affaire. A genoux devant la cheminée, Terhanen déplie les parchemins dans un froissement de papier. Alors qu'elle s'applique à faire couler les gouttes de cire sur le bas de page du premier parchemin, l'altmer marmonne dans son sommeil. Le bruit d’un sursaut, puis d'une chaise qui recule en raclant sur la pierre se fait entendre et la khajiit s'immobilise. Tapie dans l'obscurité du salon, Terhanen voit Beliwel sortir de son bureau en traînant les pieds. Elle retient son souffle, son cœur tambourine à ses oreilles. Aussi immobile qu'une statue de marbre, la khajiit implore les ombres de lui offrir refuge. Beliwel passe à un mètre d'elle sans la remarquer, les yeux vitreux du sommeil qui tente de le conserver dans ses filets. Elle distingue l'encre fraîche ayant imprimé sa joue alors qu'il la dépasse. Montant l'escalier pour se rendre à sa chambre, il disparaît de sa vue. Terhanen respire à nouveau. Elle attend quelques minutes puis reprend son œuvre.
Les parchemins sont tamponnés, la cire durcie. Elle replace le sigille et le bâtonnet de cire dans le bureau désormais désert et ressort de la maison.
L'horizon s'est éclairci. L'aube n'est plus très loin.
Elle adresse un signe de tête approbateur au regard curieux de Bishanti et les deux femmes trottinent en direction du port.
A quelques pâtés de maisons du quai, la silhouette de l'argonien se dessine, adossée à un bâtiment. Les jeunes femmes ralentissent son approche.
  • Vous avez réussi ?
  • Oui, on a rempli le défi. A ces mots, la crête de l'argonien frémis dans une expression que Terhanen n'identifie pas.
  • Bien donnez les moi .
  • Hmm et pourquoi ça ? On est pas loin du port. On les donnera en main propre à Dar Mohar
  • Vous croyez vraiment que je laisserai deux femelles rejoindre mon équipage ? Donnez-moi les parchemins et partez ou je devrai vous les prendre de force.
  • Essaie voir! Bishanti feule l’air menaçante en se met en garde devant Terhanen qui recule de quelques pas.

L'argonien ricanne et s'avance vers les jeunes femmes l’air sur de lui. Avec une vivacité foudroyante, il tend sa patte griffue pour se saisir de Bishanti.
La khajiit esquive la pattes par pur réflexe et saisit l’avant bras écailleux de l’homme à deux mains. Le tordant violemment en une douloureuse clé de bras.
Trinque avec les crabes siffle et fait montre d'une souplesse surprenante en accompagnant le mouvement afin de retourner la prise contre la kahjiit la plaquant sur son torse, les griffes de sa main menaçant la gorge de Bishanti.
  • Les parchemins ! Ou je l'égorge.

Terhanen feule d'un air résigné. Serrant une dernière fois leur précieux sésame contre sa poitrine, elle s'avance pour remettre le rouleau de parchemins dans la pattes tendue de l’argonien.
L’homme étire ses lèvres recouvertes d’écailles fines faisant apparaître une rangée de dents pointues. Son regard fixe la femme dans une expression de victoire sadique. Sans crier gare, un lourd pot de fleur de terre cuite s'écrase sur la tête de l'argonien. Ses yeux passent de la victoire à la surprise puis se révulsent et l’homme s'écroule au sol inconscient. Bishanti libérée de la poigne de trinque avec les crabes, s’écarte d’un bond et rejoint Terhanen. Les khajiit lève les yeux vers la fenêtre du bâtiment d'où est tombé leur salut. Zebahi penchés par l’ouverture de sa maison, leur sourit d’un air triomphal et leur fait signe de filer rapidement. Terhanen et Bishanti rient nerveusement et se hâte d'obéir en lui adressant de grands signes de la main.
  • Shari kra d'jay! merci.
  • Un jour ou l'autre on te revaudra ça oui.

Les deux femmes courent au Ragnard Rath. Au détours d’un entrepôt, le navire leur apparaît. Les voiles crème élégamment ferlées, le pavillon bleu de marchand battant au vent, le trois mât se balance doucement sous la houle du port. A l’avant, l'étrange figure de proue aux traits de l'animal fantastique semble suivre leur approche d'un regard espiègle.
Le soleil perce l'horizon et un coq chante au loin au moment précis où elles sautent sur le pont.
  • Juste à temps ! 

Lance la voix chaude du capitaine Dar Mohar. Une tasse de thé à la main, il s'approche des jeunes femmes essoufflées, son regard affichant une similarité troublante avec celui de la figure de proue. Il récupère les parchemins et hoche la tête après les avoir inspectés.
  •  Le défi est rempli. Ainsi ce khajiit avait bien tort. Soit. Dar Mohar tiendra parole. Bienvenue à bord, valeureuses petites perles. Mais la véritable épreuve commence pour vous. Trouvez vous une couchette et prenez un peu de repos. Le Ragnard Rath partira dès que la marée sera haute. Vous avez beaucoup à prouver et beaucoup à apprendre. Ce khajiit a hâte de vous voir a l’œuvre.

Le capitaine porte un regard amusé à l'argonien qui monte sur le pont et se dirige vers la cambuse en se massant le crâne d'un air maussade. Avec un clin d'œil, Dar Mohar tourne les talons et retourne à sa cabine laissant les deux femmes seules sur le pont.
  • Nous revoilà à flot. Nouveau navire, nouvel avenir
  • Oui et pour le meilleur ou pour le pire, on reste ensemble petite sœur.


Histoire de Tarani de Senchal partie 2 Ailess11
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Fin de la deuxieme partie.                  
Merci pour votre lecture study .  

Betsy et Orphan aiment ce message

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