L'Ordre des Lys et du Serpent
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Général Patafouin
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Acte II - Chapitre 1 - Dans l'ombre des étoiles Empty Acte II - Chapitre 1 - Dans l'ombre des étoiles

Lun 12 Sep - 12:42

Acte II - Chapitre 1 - Dans l'ombre des étoiles QBSrbePciScx93OQyX0PpT6Jv-ijEcdlJsdW3Kw1p3U5vnOV_L3YhJz2hmIqp2N0sQ9a2b4HFfmBHzCIKFdRTetGVze2pQIGJvzRSDr9MBNg5G1QrUx0zIk07Yl__mJz-feljOnnvFrdoe1fHTmfqDusQ8m5XqdZejuQmNsdHRlwZ2z9Tzbh6Z6t-Q


— Aesril, par ici !
Dans la vaste pièce aux hauts plafonds, aux immenses vitraux et aux larges de tables de bois vernis du réfectoire, Caelnia, entourée de quatre autres disciples et d’un Sapiarque faisait signe à Aesril d’un geste de la main. Bien sûr, tous les regards se tournèrent vers lui, avant de dévisager Caelnia pour avoir dérangé leur déjeuner par une interjection si appuyée. Ni l’un ni l’autre n’y prêtèrent attention. Aesril traversa la salle, le buste droit, sans aucune forme de gêne, les yeux rivés sur la jeune femme aux cheveux blonds qui l’observait venir vers elle, l’air épanoui, et le jeune mage vint prendre place à la tablée, à ses côtés, adressant une caresse tendre au dos de Caelnia.


— Je craignais que tu ne sois déjà repartie travailler, lança Aesril avec douceur.


— Je ne serais jamais repartie sans t’attendre, tu le sais bien, répondit-elle dans un regard chaleureux.


— Regardez-moi ces deux tourtereaux ! Tu as retrouvé ton bien-aimé Caelnia ?


— Ce n’est pas parce que tu es seul et désespéré que tu dois chercher à médire sur les autres, Archeon, rétorqua-t-elle en croquant dans un bout de carotte, une expression malicieuse au visage.


Aesril esquissa un sourire en coin face à la répartie vive de la jeune femme.


— C’était bas de ta part, Caeli ! protesta le dénommé Archeon. Vous êtes tout le temps fourrés ensemble tous les deux, il y a de quoi se poser des questions, tout de même.


— Aesril et moi travaillons sur un projet commun, voilà tout, c’est vous qui avez l’esprit mal tourné. Même si je me doute que l’étude de la magie stellaire doit être quelque chose de bien fantaisiste pour quelqu’un d’aussi terre à terre qu’un numérologue !


— Ça, c’est sûr ! Rien n’est aussi tangible que les chiffres, c’est ça ma magie.


— Cela doit avoir quelque chose de rassurant, je suppose, intervint Aesril, curieux.


— Pour sûr ! Je ne sais pas comment vous n’êtes pas terrorisés de confier vos vies à des formules arcaniques vieilles de plusieurs millénaires.


— Ce n’est pas si dangereux, tu sais, il y a de nombreuses phases d’essais avant qu’on ne se serve véritablement de l’énergie que l’on exploite. Le Collège a mis en place des règlementations et des procédés très stricts pour nous en prémunir.


— Il faudrait peut-être que je passe voir ce que vous faites, un de ces jours. Rien que pour m’assurer que vous ne faites pas des cochonneries !, gloussa Archeon d’un rire narquois aussitôt imité par son ami à sa droite.


Caelnia lui lança une fourchette par un bref sort de télékinésie pendant qu’Aesril, terminant son repas, s’amusait de la voir ainsi répliquer. Archeon lança un regard faussement revêche à la jeune femme.


— Ah ! Mais quelle furie, ma parole ! Tu vas finir par tuer quelqu’un un jour !


— Ça t’apprendra à raconter des insanités. D’ailleurs, je crois que nous avons du travail, vous allez pouvoir reprendre vos odieux commérages, lança-t-elle d’un air taquin avant de reprendre à l’attention d’Aesril. Combien de temps as-tu devant toi ?


— Je dois retrouver Cinnarion en début de soirée, mais à part ça, j’ai tout mon temps.


— Parfait ! s’exclama Caelnia en se relevant vivement, ravie. Messieurs… navrée de vous faire faux-bond, mais nous avons de nombreux projets plus intéressants qui nous attendent.


Elle partit en direction de la sortie, plus vite qu’un battement d’ailes et l’un des amis de Caelnia, Tarnemil, lança, s’adressant à Aesril :


— Ta belle est plus rapide qu’un tourbillon, je ne sais pas comment tu arrives à suivre son rythme.


— Nous avons le même, voilà tout, répondit Aesril, aussi promptement. 


— Tu devrais la rejoindre avant qu’elle ne te file entre les doigts, plaisanta Archeon d’un ton badin. Profites-en pour lui rappeler d’être plus polie avec ses amis et de respecter ses aînés !


— Je ne suis qu’un mage, Archeon. Je ne dompte pas la nature, je joue avec elle. 


Il se releva à son tour, débarrassant son assiette et salua la tablée, respectueusement.


— Sur ce… Le devoir m’appelle. Bonne journée à vous, messieurs.


— Bon courage ! lança Archeon dans son dos pendant qu’Aesril regagnait la sortie.


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Arrivé dans les couloirs peu fréquentés à une telle heure de la journée, Aesril regarda autour de lui pour tenter d’apercevoir Caelnia, mais il semblait qu’elle avait déjà filé. Il fit quelques pas en direction des salles d’expérimentations où ils œuvraient souvent ces derniers jours, cherchant à voir si elle l’avait devancé où si elle l’avait attendu.


Depuis leur promenade dans le jardin et le baiser fugace qu’ils avaient échangé, Caelnia et lui avaient trouvé tous les prétextes possibles pour se retrouver aussi souvent que leur emploi du temps le leur permettait, que ce soit pour dessiner, se promener dans l’enceinte du Collège, partager des repas impromptus ou se retrouver dans les mêmes sessions de travail. Aesril avait même fini par accepter de rencontrer les amis de Caelnia, avec lesquels il s’entendait plutôt bien, au demeurant. Chaque interaction, chaque rencontre était pour eux l’occasion de folâtrer, d’échanger des taquineries légères et badines, de dissimuler des plaisanteries et des sous-entendus qu’eux seuls comprenaient, se contrefichant de ce qui les entourait ou des vieux mages aigris qu’ils importunaient, qu’ils avaient d’ailleurs fini par renommer les “Poussiéreux”. Aesril et Caelnia avaient rapidement trouvé comment œuvrer ensemble et il leur parut tout naturel que la passion d’Aesril pour les enchantements et l’énergie des pierres pouvait se combiner à merveille avec les projets de voyages stellaires de Caelnia. De surcroît, cela leur donnait un prétexte supplémentaire pour se retrouver, ainsi qu’une salle entière pour eux seuls où ils pouvaient passer plusieurs heures à travailler sans la moindre interruption de quelque sorte. 


Il poursuivit sa progression dans les couloirs et s’étonna qu’elle ne l’ait pas attendu, cela ne lui ressemblait pas. Et un frémissement de magie dans l’air lui indiqua que quelque chose clochait. Il se figea, jeta un regard autour de lui et lança, sa voix résonnant contre la pierre du couloir vide :


— Caelnia ? Si tu crois être discrète, tu te trompes, je sais que tu es là.


Il eut tout juste le temps de sentir le souffle d’un portail agiter doucement sa chemise que les bras de la jeune femme se glissèrent déjà autour de son buste pour l’enlacer.


— Je me demande toujours comment tu fais ça ! Pour sentir l’énergie de mes portails…
Un grand sourire étirant fièrement les lèvres du mage d’avoir su la démasquer, il se retourna vivement pour lui faire face.


— Je la reconnaîtrai entre mille, souffla-t-il en l’embrassant fougueusement, la repoussant à l’écart du passage pour éviter qu’on ne les aperçoive.


Caelnia exécuta les gestes d’un portail pour les transporter directement dans la salle d’expérimentations où ils purent laisser libre cours à leurs passions, la jeune femme faisant doucement glisser ses mains sous la chemise du mage. Tandis qu’il embrassait sa nuque, elle se pencha à son oreille pour murmurer :


— J’ai envie de toi, Aesril…


Celui-ci frissonna en entendant cette phrase prononcée avec tant d’ardeur et il partageait le désir de la jeune femme. Enivré par ce moment, enivré par son parfum, par sa voix, par son esprit, par son sourire, elle s’était emparée de son cœur. Plus il apprenait à la connaître et plus cette femme le faisait chavirer. De la voir ainsi partager la force de ses émotions le transportait toujours plus. Il pressa ses lèvres un peu plus contre les siennes, une main dans ses cheveux, l’autre au creux de son dos, sentant le désir l’emplir et le dépasser avant d’être rattrapé par une pensée fugace et de se tempérer progressivement, reprenant son souffle, sous le regard surpris de Caelnia qui ne comprenait pas d’où lui venait ce soudain changement dans son attitude.


— Que se passe-t-il ? Tu… Tu n’en as pas envie ? questionna-t-elle, désemparée.


— Si… Bien sûr que si. Tout mon être te désire…


— Mais pourquoi t’arrêtes-tu dans ce cas ?


— Je…. C’est juste que je veux que ce soit parfait. Je ne veux pas… te traiter vulgairement. J’ai peur de ne pas te respecter suffisamment.


La vérité, c’est qu’Aesril gardait encore le souvenir saumâtre des relations intimes qu’il entretenait avec Larnatillë et n’ayant jamais connu que cela de la sexualité, il ne se voyait pas infliger cela à Caelnia. Cela lui aurait paru déplacé de la traiter comme Larnatillë lui demandait qu’il la traite. Ce qu’il éprouvait pour elle n’avait rien de commun. Il voulait l’honorer, pas la dégrader. En entendant sa réponse, le visage de Caelnia s’apaisa dans une expression attendrie et elle déposa une caresse bienveillante sur la joue de l’elfe.


— Tout est déjà parfait, Aesril. Et je suis incapable de t’imaginer me manquer de respect sur ce plan. - Elle gloussa - Tu peux être très emporté et passionné - mais si tu avais dû être irrévérencieux, cela fait longtemps que tu l’aurais fait !


Il fronça les sourcils, soucieux.


— Je suis trop passionné ?


— Tu es passionné, juste ce qu’il faut !, répondit-elle dans un éclat de rire. Toi qui dégages tellement d’assurance, pourquoi est-ce que tu doutes subitement ?


— Pardon… J’ai quelque peu gâché ce moment, je crois, s’affligea-t-il, baissant les yeux au sol.
Elle glissa sa main sous son menton pour le mener à redresser la tête vers elle, plongeant ses yeux violets dans les siens.


— Tu n’as rien gâché, je te l’assure. Je veux que ce soit parfait pour toi aussi. Peut-être as-tu besoin d’un peu de temps ?


Il scruta son regard et n’y vit que la sincérité et l’amour qu’elle lui portait. L’émotion le gagna. Il aurait pu contempler ce regard durant des heures et s’y noyer. Quelle chance il avait que quiconque le regarde de la sorte. Comme il sentit que la douceur de la jeune femme était sur le point de le faire flancher, il la serra dans ses bras, vivement.


— Merci… de comprendre. 


Elle caressa doucement ses cheveux et parla tout bas, comme on aurait confié un secret.


— Ce n’est rien... Ton moment sera mon moment. Veux-tu que l’on commence à travailler ? Avant que le temps ne nous échappe.


— Bien sûr… C’est une très bonne idée, approuva-t-il en se détachant d’elle lentement.




Il ôta de la sacoche de cuir qu’il portait en bandoulière par-dessus son épaule et en sortit un carnet, une plume et de l’encre ainsi que plusieurs gemmes aux teintes variées et une pomme qu’il déposa sur une table de bois, tandis que Caelnia dépliait de grands supports métalliques destinés à accueillir les pierres et elle traça au sol de grands cercles runiques destinés à les protéger à l’aide d’un peu de craie. Lorsque tout fut prêt, Aesril ouvrit le carnet et commença à écrire tout en prononçant les mots à haute voix.


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— Jour 25 - Aujourd’hui, nous tentons à nouveau d’utiliser plusieurs cristaux aux propriétés et aux enchantements différents pour déterminer la quantité de magie et la fréquence nécessaire au maintien d’un portail en dehors de Nirn selon des coordonnées précises. Nous ne savons pas encore avec exactitude où pourra déboucher le portail. Par mesure de sécurité, le protocole a été respecté…


— À la lettre !, ponctua joyeusement Caelnia, tout en apposant une rune de protection dans le dos d’Aesril.


— … À la lettre, ajouta Aesril. Un barrage magique a été dressé pour contenir toute déviation magique et sécuriser l’intégrité des gemmes, nous protégeant ainsi de tout risque d’explosion, de distorsion ou de brûlure. 


— Quelle organisation, Monsieur le Mage ! plaisanta Caelnia. Tu es tellement séduisant quand tu prends cet air sérieux !


Aesril redressa la tête vers sa partenaire, un sourire taquin au coin des lèvres.


— Tout ce que tu vas parvenir à faire si tu continues, c’est me faire perdre mes moyens, lança-t-il d’une voix caressante. Et je dois encore inspecter les gemmes une dernière fois. Je ne voudrais pas avoir commis une erreur.


— Parce que ça t’arrive ? pouffa-t-elle. Je ne peux pas y croire ! Je suis sûre que tout est parfait. Cela fait trois jours que tu travailles tes enchantements sans relâche.


— Espérons que tu dis vrai. Si ma seule vie était en jeu, je n’y aurais pas réfléchi deux fois, mais je préfère être sûr. Je ne me le pardonnerais pas s’il t’arrivait quelque chose.


— Tu te fais du soucis pour rien, la barrière nous protège en plus, ainsi que les runes. Et je suis sûre que d’ici peu, nous n’aurons même plus besoin de tout ça ! Dès que nous aurons trouvé la bonne fréquence.


— Oui… Ça ne saurait tarder. On commence ? demanda-t-il avec enthousiasme. Je suis impatient !


— Allons-y ! lança-t-elle en déposant un baiser sur ses lèvres.


Ils placèrent les gemmes dans leurs réceptacles, faisant plusieurs essais, la magie résonnant de différentes manières et vibrant sous les impulsions des gestes qu’ils effectuaient, Aesril consignant dans son carnet chaque variation. Au bout de quelques heures, un minuscule portail aux bords irréguliers apparut au centre du cercle de protection que Caelnia avait tracé, laissant entrevoir un cercle noir.


— Ça a fonctionné ! s’épanouit Caelnia. Il faut juste qu’on parvienne à l’agrandir ! 


— Il faut que je vérifie la puissance que nos gemmes sont capables de contenir. Il ne faudrait pas que la surchauffe de l’un provoque l’explosion des autres.


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Il calibra l’enchantement de la gemme pour y faire passer un peu plus de magie stellaire, faisant vibrer les autres cristaux, mais l’ensemble demeura stable. Le portail s’agrandit quelque peu, de la taille d’une balle. Pas suffisamment pour qu’une personne puisse le traverser, mais juste assez pour ce qu’ils avaient l’intention de faire. Caelnia adressa un regard souriant à Aesril qui hocha doucement la tête en signe d’approbation et elle lança la pomme traversée d’un fil à travers le portail. Aesril activa un petit objet mécanique, rappelant un métronome et remonté à l’aide d’une clef et celui-ci se mit à cliqueter à un rythme régulier pendant que le mage comptait les temps en silence, battant la mesure en tapotant son doigt contre le côté de sa cuisse. Au bout d’un moment, il fit signe à Caelnia de tirer sur le fil. Lorsque la pomme revint, toute l’eau qu’elle contenait semblait l’avoir quittée. Avant qu’elle n’atteigne le sol, Caelnia la maintint en lévitation un moment, l’analysant avant d’approcher ses doigts, lentement.


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— Attention… souffla Aesril, la respiration en suspens.


— Je suis prudente, cesse de t’inquiéter à chaque fois, le tempéra-t-elle en touchant la pomme du bout de l’index. Ah ! Elle est glacée ! Mince… Encore le vide. Je croyais que les variations d’énergie qu’on avait observées étaient le signe d’un autre monde…


— C’était peut-être la mort d’une étoile que nous avons observée. Cela expliquerait pourquoi nos coordonnées étaient mauvaises. Mais ça ne veut pas pour autant dire que nous sommes si loin du but.


— Il doit pourtant bien y avoir un moyen pour obtenir plus de précision ! Cela fait au moins quatre essais infructueux…


— Quatre essais, ce n’est pas grand-chose, tu sais. Cela prouve que nous avons encore des choses à découvrir. Mais imagine, si nous mettons au point un système capable de déterminer avec exactitude la position d’un plan rien qu’en utilisant les variations d’énergie des étoiles. Cela pourrait aider tellement de personnes !


— Tu as raison… J’ai juste tellement hâte que nous y parvenions. Même lorsque nous aurons trouvé la position d’un plan, il y a encore tellement de choses que nous devons régler : la taille du portail, le temps où il reste ouvert…


Ce disant, une des gemmes se mit à siffler vivement, émettant des vibrations inquiétantes et Aesril eut à peine le temps de prononcer le sortilège de désactivation de l’enchantement que la gemme explosa, les débris contenus par les runes de protection, faisant sursauter les deux mages qui grimacèrent sous le choc.


— … En effet, j’ai encore du mal à trouver une gemme capable de contenir assez d’énergie pour maintenir un portail aussi distant ouvert aussi longtemps. Ça ne dure pas plus de trois minutes, mais encore faut-il que les autres cristaux soient, eux aussi, assez puissants pour ouvrir le portail assez grand…


— Oui… Oui, je sais bien. C’est juste que… Je ne sais pas, je trouve cela frustrant que ça n’aille pas plus vite. N’as-tu jamais peur que l’on stagne dans nos recherches ?


Aesril désactiva les enchantement d’un geste et s’approcha de Caelnia pour déposer ses mains sur ses bras, dans un geste bienveillant.


— Non. Je pense que même la réflexion et même les temps où il ne se passe rien de concret sont des avancées en soi. C’est le temps qu’une idée murisse. Comme en musique ! Les silence font la beauté des autres notes.


— Je ne sais pas bien quoi penser de ton image, j’ai plus l’impression que tu essaies de me rassurer… se désola Caelnia dans une moue contrite.


— C’est le cas, affirma-t-il en plongeant son regard dans le sien avec intensité. Nous allons y arriver, Caelnia, crois-moi. Ce n'est qu'une question de temps, c'est une certitude.


Elle demeura un moment interdite, détaillant l’assurance indéfectible dans le regard de l’elfe et cela parut l’apaiser. Elle poussa un profond soupir en retrouvant son sourire.


— Tu as raison, je me fais du soucis pour rien. Peut-être avons-nous besoin d’un peu de repos. Du vrai repos, en dehors du Collège, je veux dire.


— En dehors du Collège ? s’étonna Aesril.


— Oui, peut-être que de changer d’environnement nous donnera d’autres points de vue ? Et je me disais que cela faisait longtemps que je n’avais pas revu ma famille. Toi non plus, d’ailleurs. Que dirais-tu de prendre quelques jours pour ce faire ? Qui plus est… J’ai parlé de toi à mon père et à ma mère, ils aimeraient beaucoup te rencontrer. Peut-être pourrais-tu passer chez moi en revenant à Lillandril ? J’aimerais beaucoup que l’on partage un dîner tous ensemble. Ou un peu de thé, si un dîner est trop intimidant pour toi ! ajouta-t-elle dans un rire léger.


Aesril papillonna des paupières, décontenancé.


— Tu voudrais que… je rencontre ta famille ? Tu leur as parlé de moi ?


— Je ne vois pas en quoi c’est si surprenant, gloussa-t-elle. Tu es quelqu’un d’important pour moi. Et autant habituer nos parents à l'idée que nous pouvons avoir un partenaire.


Partagé entre l’attendrissement et la crispation, Aesril ne savait pas s’il devait voir sa suggestion comme une punition ou comme un honneur. Il savait que la prochaine mission extérieure de son père ne viendrait pas avant plusieurs mois, rencontrer la famille de Caelnia le rendait anxieux et d’un autre côté, elle avait l’air d’y tenir. Il chercha rapidement un moyen d’y échapper, cependant. Il n’avait pas envie d’être séparé de Caelnia, pas alors que son quotidien au Collège lui paraissait s'apaiser quelque peu. Même Larnatillë avait été plus occupée, espaçant grandement leurs entrevues.


— Et… tu voudrais que l'on s'absente longtemps ?


— Ils ne laisseront sûrement pas des disciples partir plus longtemps que trois jours, ils ont trop besoin de leurs petites mains… Ça me semble convenable comme durée, qu’en penses-tu ?


— Trois jours ? Tu penses qu’ils accepteront ? À un tel moment ?


— Bien sûr, pourquoi nous le refuseraient-ils ? Depuis le temps que nous ne sommes pas rentrés, ma famille me manque… Pas la tienne ?


— Ma mère, si, concéda sobrement Aesril, le visage soudain fermé.


— Alors quel est le problè… Attends… Pourquoi seulement ta mère ?


— Je… ne suis pas en très bons termes avec mon père. C’est tout.


— Comment cela ? s’inquiéta soudain Caelnia.


— Ce… ce serait long à expliquer. Mais disons que lui et moi n’avons pas la même vision des choses. Il s’opposait radicalement à ce que j’intègre le Collège. Ce n’était pas la destinée que l’on avait choisi pour moi, vois-tu. Je devais devenir un fier agent de la Poursuite Divine. Depuis… Il ne m’adresse plus vraiment la parole.


— On m’avait dit que ton père était quelqu’un d’austère, mais je ne savais pas que c’était à ce point… se désola Caelnia. Mais dans tous les cas, il ne faut pas que cela t’empêche de voir ta mère ! Et qui sait, peut-être que lorsqu’il apprendra à quel point tu te débrouilles bien ici, il changera d’avis ? Tu lui as parlé de ce que tu fais au Collège ?


— Pas vraiment… Mais je ne suis pas sûr qu’il soit du genre à revenir sur ses positions, tu sais, lâcha-t-il avec amertume, s’asseyant au bord d’une table, les bras croisés sur sa poitrine.


— Cela vaudrait le coup d’essayer, tu ne crois pas ? Je ne vois pas comment on peut avoir un fils aussi talentueux et ne pas s’en réjouir ! répondit Caelnia, un grand sourire encourageant étirant ses lèvres.


En voyant le sourire et l’optimisme de Caelnia, Aesril ne put s’empêcher d’être touché par la candeur de ses mots. Peut-être avait-elle raison ? Peut-être que Père attendait des preuves de son succès avant de reconnaître qu’il avait pris les bonnes décisions ? Après tout, n’était-ce pas pour lui prouver qu’il était capable de choisir sa destinée qu’il avait fait tant d’efforts, jusqu’à céder au chantage abject de Larnatillë ? N’était-ce pas aussi pour enfin obtenir l'approbation de son père qu’il s’était tant dévoué dans son travail ? De plus, il considérait s’être privé de voir sa mère bien trop longtemps, cloîtré dans la peur d’entendre les remarques acérées du commandant. Il avait tout autant le droit de la voir que lui. 
Aesril esquissa un sourire tendre en réponse à Caelnia.


— Tu as peut-être raison, oui… C’est vrai que cela pourrait nous faire du bien. Et tu m’as tant parlé de ton père, j’ai hâte de le rencontrer.


Caelnia s’épanouit un peu plus, ravie de le voir reprendre espoir.


— Alors c’est acté ! Je vais aller demander de ce pas à Maître Valermil s’il accepte de me laisser du temps-libre à la fin de cette semaine. Tu vois Cinnarion ce soir, qui plus est ?


— Oui… Oui. Je lui demanderai, affirma Aesril, pensivement.


À la vérité, Cinnarion n’était pas le Sapiarque décisionnaire de ses absences en dehors du Collège. Il savait qu’il devait passer par Larnatillë, quoi qu’il advienne. Alors autant prendre les devants sans plus attendre et couper l’herbe sous le pied de cette femme de malheur. Aesril se redressa et commença à ranger ses affaires, reboutonnant les manches de sa chemise.


— Tu sais quoi… Je vais y aller dès maintenant. Plus tôt je le préviendrai et plus nous serons sûrs qu’il acceptera.


Enchantée de le voir prendre ce sujet autant à cœur, Caelnia bondit à son tour sur ses pieds et l’aida à ranger les gemmes dans son sac.


— Tu es parfait ! Et je suis sûre qu’en revenant ici, nous aurons la solution à notre casse-tête !


— C’est certain… souffla Aesril en déposant un baiser affectueux sur les lèvres de la jeune femme. J’y vais… Je ne sais pas si je pourrai te revoir ce soir…


— Je sais, tendre Aesril, murmura-t-elle, adressant une caresse à sa joue. J’attendrai que les oiseaux du matin te ramènent à moi, dans ce cas.


— Mes pensées sont toujours avec toi.


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Tandis qu’il ouvrait la porte de la salle pour partir, la voix de Caelnia résonna dans son dos.


— Tu vois… C’est la preuve que j’avais raison !


Aesril se retourna, intrigué.


— À quel propos ?


— J’ai bel et bien capturé ton âme en te dessinant, l’autre fois.


Il baissa les paupières, les lèvres pincées dans un sourire, avant de rabattre un regard espiègle vers elle.


— C’est vrai… Tu es une magicienne très talentueuse, belle Caelnia, lâcha-t-il en refermant doucement la porte, le privant de remarquer le rose qui empourprait déjà les joues de la jeune femme.




Aesril se frotta les yeux pour chasser les particules qui papillonnaient sous ses paupières d’avoir quitté la lumineuse salle d’expérimentation pour les couloirs de marbre et de granit peu éclairés. L’atmosphère était si différente qu’il avait le sentiment d’avoir passé un portail.  Peut-être la perspective de ce qui l’attendait était-elle la cause de son malaise. À moins que ce ne fut le fait d’avoir quitté Caelnia. Mais il avait toujours le sentiment d’emporter une part de sa joie de vivre partout où il allait. Il chérissait cette part de lumière et il s’en servit pour se conforter et se motiver à aller à la rencontre de celle qui tenait son destin entre ses mains.


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Lorsqu’il frappa à la porte, la voix de Larnatillë mit cette fois-ci un moment avant de l’inviter à entrer, fait surprenant, car peu fréquent. Quand enfin, il en reçut l’autorisation, elle se tenait debout, vêtue d’une de ses robes les plus dispendieuses, faite d’un brocard d’or et d’indigo, se servant un verre de vin depuis une carafe finement ciselée. Elle revenait visiblement d’un événement particulier. Elle le toisa froidement, avant de rabattre son regard vers la fenêtre. Aesril n’eut pas le temps de la saluer, qu’elle lança :


— Une visite spontanée ? Voilà qui est surprenant.


Il fronça les sourcils, désarçonné. L’attitude de la Directrice était inhabituelle.


— Vraiment ? Vous n’avez pas l’air si étonnée, pourtant.


— Je suppose que tu ne viens pas pour le simple plaisir de ma compagnie.


Il plissa les paupières, défiant.


— … Non, en effet, commença-t-il lentement. Bien que vous savez à quel point j’apprécie votre compagnie, une autre affaire m’amène.


— L’inverse m’aurait surprise, maugréa-t-elle en prenant une gorgée de vin.


— Pouvez-vous me dire quel est le problème ? Ou allez-vous me laisser deviner ?


— Il n’y a aucun problème, grinça-t-elle. 


Elle lui fit signe de s’asseoir à son bureau, faisant grimacer le mage qui obtempéra malgré tout, se disant qu’en étant conciliant, il apaiserait peut-être les humeurs de la femme.


— Dis-moi : que veux-tu me demander ?


— J’aimerais prendre quelques jours pour rentrer voir ma famille à la fin de la semaine.


Elle esquissa un rictus mauvais, étouffant une expression narquoise, avant de prendre place à son bureau.


— Ah ? Rentrer voir ta famille ? Vraiment ? Après des mois entiers passés sans jamais leur rendre visite ?


— Justement, cela fait longtemps. Je me disais que le Collège pouvait se passer de moi quelques jours.


— N’est-ce pas plutôt pour mieux t’ébattre avec la fille du cartographe ? Je tolère beaucoup de choses de ta part, Aesril, mais sache que le mensonge n’en fera jamais partie.


— Le mensonge ? Je n’ai jamais menti ! s’insurgea-t-il. Et comment savez-vous pour Caelnia ? Vous… Vous m’espionnez ?


La Haute-Sapiarque étouffa un soupir dédaigneux.


— Pfeuh. Si tu penses que j’ai besoin de perdre mon temps à surveiller les moindres faits et gestes des jeunes idiots qui foulent ces lieux, tu te trompes lourdement. Cet endroit est mon domaine, mon royaume et sache pour ta gouverne que rien de ce qu’il s’y passe, jusqu’au plus petit grain de poussière, ne m’échappe.


— Ravi de l’apprendre… maugréa Aesril avec mépris.


Il fit naviguer ses yeux sur Larnatillë, analysant rapidement sa posture, ses propos… Quand il comprit.


— Par Auri-El… Vous êtes… Jalouse ?


— D’elle ? Certainement pas. Elle a beau être futée, elle ne m’arrive à la cheville sur aucun domaine.


— Elle est tout de même beaucoup plus jeune… marmonna Aesril, un sourire de défi au coin des lèvres.


— Pardon ? questionna-t-elle, impérieuse. Quoi qu’il en soit, non, être jalouse d’elle serait ridicule, j’ai passé l’âge de ces enfantillages. Cependant, je tolère moyennement tes cachotteries. Quand allais-tu me dire que tu fréquentais cette jeune femme ?


Aesril papillonna des paupières, incapable de croire ce qu’il venait d’entendre.


— Comment ? Depuis quand suis-je tenu de vous rendre des comptes concernant ma vie privée ?


— Depuis que celle-ci peut te distraire de tes véritables ambitions et de tes projets les plus importants. Je suis là pour m’assurer que mes meilleurs éléments et ceux dont je me suis portée garante atteignent les objectifs qui ont été établis.


— Ma relation avec Caelnia ne me détourne pas plus de mes objectifs que celle que vous me forcez à entretenir avec vous. De surcroît, je dirais même qu’elle m’apporte beaucoup. Elle a une vision très imaginative de la magie. Nous faisons un binôme de travail très efficace. Le meilleur dont je pourrais rêver, affirma calmement Aesril, plantant un regard vindicatif dans celui de la Sapiarque.


— Et tu vas me faire croire que c’est ce que vous faites ? Du “travail” ?


— … Je ne peux pas certifier qu’il s’agit de la seule activité que nous pratiquions ensemble. Mais si là aussi, vous voulez des détails, je peux vous en donner.


—  Comment ça ? questionna Larnatillë, sans comprendre.


Voyant qu’il avait touché un point sensible et entrevoyant la possibilité d’appuyer là où ça faisait mal, Aesril fit durer le jeu un peu plus et fit mine de réfléchir. Un petit mensonge pouvait parfois être une arme excellente et il espéra que cela mettrait fin à l’ignoble interrogatoire que lui faisait passer Larnatillë.


— Hmm… Voyons voir…  Nous "travaillons" ensemble… fréquemment, étroitement, avec ardeur…


— Ça va ! Ça suffit, j’en ai assez entendu.


Répliquer ainsi lui semblait presque trop facile. Seule Larnatillë avait le don de le rendre aussi mauvais et il détestait voir cette part de sa propre personne autant qu’il en prenait du plaisir.


— Quand veux-tu ces maudits jours et combien en veux-tu ?


— Trois. À partir de Friddas.


— Accordé. Tâche d’en profiter pour méditer sur tes véritables ambitions et la place que tu leur donnes ainsi que sur les personnes dont tu t’entoures.


— Bien entendu, je n’y manquerai pas, lança Aesril d’un ton exagérément sarcastique, parfaitement conscient de son insolence. Avez-vous besoin de moi pour un autre sujet ou puis-je me retirer ? Je ne voudrais pas faire attendre Maître Cinnarion.


— Tu peux t’en aller, lâcha Larnatillë en se relevant pour s’éloigner de son bureau, son verre de vin à la main. Tu es d’une bien piètre compagnie ce soir et j’ai mieux à faire que de supporter tes gamineries et ton insolence.




Aesril la dévisagea, les sourcils froncés, surpris par la véhémence de ses propos. Elle qui ne perdait pas une occasion pour le détailler, était partie sans un regard. Se pouvait-il qu’il l’ait réellement blessée ? Et si tel était le cas, pourquoi l’avait-elle laissé partir ? Tout ceci avait été trop facile. Quelque chose clochait. Pas la moindre parole lubrique n’était sortie de sa bouche, pas le moindre geste déplacé. Elle n’avait même pas cherché à le faire boire.  Pouvait-elle décider de remettre en question sa place au sein du Collège sans même l’en aviser ? Ou de parler à son père ? Ou de se venger sur Caelnia ? Il demeura un moment, assis sur le fauteuil, à imaginer la quantité de possibilités et de funestes scénarios, sans parvenir à déterminer lequel était le plus probable, quand la voix de Larnatillë, tranchante, cingla dans l’air comme un ordre.


— Je crois t’avoir dit que tu pouvais partir. À moins que tu ne veuilles me manquer de respect plus longtemps en outrepassant mon autorité, je te conseille de ne pas rester prendre racine.


— Bien sûr… Je m’en vais, souffla-t-il en se redressant avant de quitter la pièce précipitamment, de crainte qu’elle ne change d’avis.


Il regagna les quartiers les plus fréquentés du Collège en direction de la tour de Cinnarion, pensivement, l’anxiété le suivant telle une ombre tenace, car il savait que derrière la lumière de chaque étoile se trouvait immanquablement l’obscurité de l’insondable.


Acte II - Chapitre 1 - Dans l'ombre des étoiles F1fe8ea1d6c4ecbdff696d618913b517
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